S’il est un pays qui s’est constitué à partir de l’immigration, c’est bien les États-Unis. Avec des vagues successives et des phases d’ouverture et de fermeture (quelques repères).
Sur le siècle dernier, deux grandes dates ont marqué les politiques d’immigration. Deux lois successives marquent un sérieux coup d’arrêt. La loi Emergency Quota Law of 1921 limite à 350 000 le nombre d’immigrants entrant aux États-Unis chaque année et met en place un quota de nationalité. L’immigration de tous les pays est plafonnée à 3% de la population de cette nationalité sur la base du recensement de 1910. La loi réduit ainsi l’immigration de l’Europe de l’Est et du Sud tout en favorisant les immigrants d’Europe du Nord. Trois années plus tard, La loi National Origins Act réduit à 165 000 le nombre des immigrants entrant aux États-Unis chaque année et le quota de nationalité prévu par la loi sur les quotas de 1921 est réduit à 2% de la population de cette nationalité sur la base du recensement de 1890. Le système de quotas ne s’appliquait pas aux immigrants de l’hémisphère occidental.
Les lois Immigration and Nationality Acts of 1965 ont aboli les quotas basés sur la nationalité, en vigueur depuis la loi d’immigration de 1924. La nouvelle loi instaura une limitation annuelle du nombre de visas accordés à l’Hémisphère Est à 170 000, avec un maximum de 20 000 par pays dudit hémisphère, et à partir de 1968, l’Hémisphère occidental obtint à son tour un quota de 120 000 immigrés, sur la base d’un système de « premier arrivé, premier servi ». Cependant, il n’existait aucun quota en ce qui concerne le regroupement familial, ce qui signifie que toute personne titulaire d’un visa pouvait rejoindre les États-Unis avec sa famille.
Donald Trump a fait de l’immigration d’un des piliers de sa campagne et de son discours politique. Le mur que les Mexicains est la métaphore de cette politique et en devait être la réalité. Une réalité, pour le moment qui ne se voit pas. Et, à intervalle régulier, l’hôte de la Maison-Blanche répète le beau mur est en train d’être construit et que les Mexicains vont le payer. Sauf qu’il s’agit là d’une Fake News. Rappelons que l’immigration entre le Mexique et les États-Unis est négative depuis une petite dizaine d’années (suite à la crise de 2008). Les immigrants qui arrivent aux États-Unis viennent plutôt d’Amérique centrale (El Salvador, Honduras, Nicaragua) et doivent traverser tout le territoire du Mexique, dans des conditions le plus souvent épouvantables (le film Sin Nombre en donne un aperçu bien noir). D’un point de vue pratique, il serait donc plus simple et plus efficace de sécuriser la frontière entre le Guatemala et le Mexique (959 km contre 4145 km entre les États-Unis et le Mexique) ou même entre le Guatemala d’un côté, et le Honduras et El Salvador de l’autre (459 km).
A l’occasion de la réforme qu’est en train de préparer le Congrès sur l’immigration (et avant que soient révélés par la presse les conséquences de la zero-tolerance policy), l’institut Gallup a de nouveau interrogé les Américains sur ce sujet qui s’est imposé dans tous les pays. L’institut de sondage pose les mêmes questions depuis 2001.
Trois Américains sur quatre sont favorables à l’immigration qu’il considère de manière positive. Un niveau supérieur à ce qu’il était en 2001 (62%). Les démocrates sont plus favorables que les républicains (85 % contre 65 %). L’institut est allé un peu plus loin en posant la même question à deux échantillons, mais sous deux formulations différentes en précisant « immigration » et « immigration légale ». Et la différence n’est pas considérable puisque 84 % considèrent l’immigration légale favorable contre 75 % pour l’immigration sans préciser sa nature. Il serait intéressant de poser une question avec le libellé « immigration illégale ».
L’immigration doit-elle rester au niveau actuel ? Alors que la proportion de ceux qui le pensent (29%) depuis 2001, le nombre de ceux qui pensent qu’elle doit être diminuée est en augmentation (28%). Et ceux qui pensent que l’immigration doit rester au niveau actuel n’ont pas varié (39% contre 41% en 2001).