Le moral des Américains est en berne. On le serait à moins. Selon l’institut Gallup, Le pourcentage des Américains qui se considèrent actuellement « heureux » (thriving)est tombé à 46,4%, le niveau le plus bas mesuré en novembre 2008 pendant la Grande Récession. Une sorte de retour à la case départ. Et la « descente » a été rapide avec une baisse de 10 points en un an, donc qui a commencé avant la crise sanitaire. C’est ce qu’indique une enquête récente (Worry and Stress Fuel Record Drop in U.S. Life Satisfaction) de l’institut Gallup qui classe les Américains comme « heureux », « en difficulté » ou « souffrants » en fonction de la façon dont ils évaluent leur vie actuelle et future sur une échelle avec des étapes numérotées de 0 à 10, sur la base de l’échelle d’auto-ancrage de Cantril[1]. Ceux qui évaluent leur vie actuelle à sept ou plus et leur vie prévue dans cinq ans à huit ou plus sont classés comme en plein essor. Et lorsque la crise économique et sociale va s’installer dans la durée, cette tendance va-t-elle se poursuivre ?
En 2008, première année complète de la Grande Récession, le pourcentage d’Américains se déclarant heureux est passé de 52,0% en janvier à son plus bas de 46,4% dix mois plus tard, soit une baisse de 5,6 points de pourcentage. Le déclin actuel – qui se produit sur à peu près le même laps de temps – est presque le double de ce montant, effaçant 11 ans d’amélioration régulière (quoiqu’inégale) de la façon dont les Américains évaluent leur vie.
Le pourcentage de personnes se déclarant stressées et inquiètes – des taux généralement très stables – a connu une augmentation sans précédent au cours de la première moitié de mars, le stress augmentant de 14 points de pourcentage à 60% et l’inquiétude de 20 points à 58%. Concrètement, environ 51 millions d’adultes de plus souffraient de graves inquiétudes fin mars / début avril que ne ressentaient la même émotion en août / septembre de l’année passée. Les niveaux soutenus d’anxiété émotionnelle continuent probablement de jouer un rôle dans l’érosion continue de la satisfaction de la vie actuelle qui, à son tour, a provoqué une baisse si importante du pourcentage des Américains « heureux ». ce sentiment d’inquiétude et de stress est similaire dans tous les groupes d’âge.
L’inquiétude et le stress monte, le moral baisse
Pour l’institut Gallup, la différence entre la façon dont la pandémie de COVID-19 influence ce que les Américains vivent un jour donné par rapport à la façon dont ils évaluent leur vie de manière générale continue également d’être affichée. L’augmentation sans précédent de l’inquiétude et du stress quotidiens le mois dernier s’est légèrement atténuée, reflétant peut-être un certain soulagement de l’anxiété à mesure que la nouvelle norme des politiques d’isolement social s’installe. Mais les niveaux toujours fortement élevés de stress et d’inquiétude chaque jour continueront probablement d’éroder encore davantage la satisfaction générale à l’égard de la vie actuelle. L’ampleur actuelle du changement dans les expériences quotidiennes est beaucoup plus grande que ce que Gallup a observé en 2008 pendant la Grande Récession.
[1] L’œuvre la plus citée du professeur de Hadley Cantril est The Pattern of Human Concerns, connue pour son échelle d’auto-ancrage également connue sous le nom d’ « Échelle de Cantril ». Parmi ses autres travaux, Il a en particulier fait émerger le paradoxe selon lequel les électeurs américains ont tendance à s’opposer au « système » (big government) tout en soutenant largement des mesures sociales pourvu qu’elles soient spécifiques. L’assurance maladie Obamacare et les programmes Medicare et Medicaid sont des exemples patents.