“Et oui, vous êtes bien, vous êtes très bien avec Barack Obama dont on va célébrer mercredi 29 avril prochain les 100 jours de présidence et oui déjà”. C’est ce qu’on aurait pu dire en paraphrasant Serge Moati présentant son émission Ripostes. De fait, les Américains sont plutôt satisfaits de leur président, jusqu’ici s’entend.
100 jours et pour puis après
Devant l’étendue de la tâche qu’il avait devant lui, faire un bilan au bout de 100 jours n’est-il pas dérisoire ? Il se trouve que parmi les expressions couramment employées à l’occasion d’élections présidentielles, celle des Cent Jours revient assez fréquemment indiquant que le nouvel arrivant doit, pendant cette période de grâce généralement de courte durée, lancer des réformes importantes avant de retomber dans la gestion des affaires courantes et de faire face à un effritement plus ou moins rapide du soutien populaire.
L’expression des Cent jours est assez mal choisie car elle fait penser à l’opération de dernière chance de Napoléon, du 18 mars au 18 juin 1815, pour reconquérir le pouvoir. Opération qui s’est terminée comme l’on sait. Mais finalement quand on observe la gravité des problèmes qui se posent au nouveau président, l’idée d’opérations de dernière chance pour les Etats-Unis, pour leur permettre de conserver le leadership mondial dans les années à venir, n’est peut être pas aussi absurde qu’il n’y parait.
Dans une lettre adressée au président publiée dans le magazine Newsweek du 3 novembre 2008, le maire de New York, Michael Bloomberg, lui conseillait d’ignorer cette idée des cent premiers jours, mais plutôt de se concentrer sur les 1360 jours qui suivront. Il n’a sans doute pas tort.
Cela étant posé, les Américains sont plutôt satisfaits de services de leur président pour cette période. C’est ce qu’indiquent l’institut Gallup et le Pew Research Center dans deux enquêtes menées la semaine dernière.
Les jeunes et les revenus modestes
56 % des Américains pensent que Barack Obama a fait un « bon » ou un « excellent » travail jusqu’ici (enquête réalisée par Gallup les 20 et 21 avril dernier) et 23 % « just ok ». Bien sûr, cette opinion n’est pas partagée de la même manière par les démocrates, les républicains et les indépendantes. Ils sont 88 % chez les premiers, seulement 24% chez les seconds et 48 % chez les indépendants.
Selon le Pew Research Center, 73 % des Américains portent un jugement favorable sur la personne ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils jugent favorablement son action. A ce niveau, ils ne sont plus qui 63%. Seul Ronald Reagan avait fait mieux depuis 1977 avec 67%. Est-ce là une garantie pour la suite ? Evidemment non si l’on observe que Jimmy Carter avait vu son action jugée favorablement par 63% des Américains, ce qui ne l’a pas empêché de finir son mandat par un fiasco et de ne pas être réélu et de céder sa place précisément à Ronald Reagan.
Comme ce fut le cas lors de l’élection, deux facteurs jouent un rôle discriminant dans le niveau d’approbation. Les jeunes et les revenus modestes soutiennent beaucoup plus leur président.
Intelligent, bon et socialiste
Intelligent, bon et socialiste, ce sont les trois qualificatifs qui viennent en tête des Américains pour désigner Barack Obama avec respectivement 30, 29 et 20%. Il faut signaler qu’ils sont en progression par rapport à septembre 2008 où Barack Obama n’était pas encore élu. Seulement 6% le pensaient bon et socialiste et 20% intelligent. A l’époque, ce qui le caractérisait le plus était d’être inexpérimenté, ce qui correspondait à la vérité.
Aujourd’hui, ils ne sont plus que 13 % à le décrire comme inexpérimenté, ce qui semblerait montrer qu’il a appris le « job » assez vite. Il faut dire que les circonstances ne lui ont pas laissé le temps d’une période d’initiation, la situation l’ayant forcé à prendre la situation à bras le corps.
Avec 20 % le décrivant comme socialiste (ce qui n’est pas vraiment un compliment dans l’esprit des Américains) et 17% comme liberal (au sens américain c’est-à-dire à gauche), l’image d’Obama est donc assez marquée politiquement, ce qui explique la grande différence d’opinion entre les démocrates et les républicains. Sauf que les républicains sont actuellement dans le creux de la vague et que leurs voix s’entendent moins. Sauf celles du très excessif Rush Limbaugh (qui n’avait pas hésité à déclarer : I want him to fail) et des présentateurs de Fox News.
Globalement, les Américains font une description plutôt positive de leur président : sur les 20 qualificatifs employés, 14 ont une connotation plutôt positive.