Voilà 5 ans déjà que la banque Lehman Brothers, quatrième institution financière américaine derrière Goldman Sachs, Morgan Stanley, and Merrill Lynch, était rayée de la carte d’un seul trait de plume. A 1h45 du matin, le 15 septembre 2008, la firme demandait la protection du chapitre de la loi sur les faillites avant de disparaître corps et bien mettant plus de 26 000 personnes sur le carreau quasiment du jour au lendemain. Bien sûr, tout ne s’est pas fait en un jour (Lire le petit ouvrage de James Stewart Huit jours pour sauver la finance aux éditions Grasset, c’est passionnant).
Pourtant, Lehman Brothers faisait partie de l’histoire économique américaine, elle avait été créée en 1850. Elle semblait aussi solide que la Constitution ou l’Empire State Building. Cela n’a pas empêché George W. Bush de laisser faire et de ne pas lever le petit doigt (ou plutôt d’injecter des milliards de dollars[1]) pour lancer une opération de sauvetage. Ce funeste jourest souvent retenu pour marquer le début de la crise financière, initiée par celle dite des subprimes.
Paradoxalement, on en parle assez peu commentait Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS, à l’émission L’économie en question de France Culture.
Il est vrai que si l’on se réfère aux discours des politiques, c’était la crise financière la plus grave depuis la grande crise de 1929 et l’on était passé tout prêt du gouffre. Il fallait engager une profondre réforme de la finance mondiale qui a désormais beaucoup trop d’emprise sur l’économie réelle. De fait, le PIB du secteur financier avait doublé en quelques années, sans justifications réelles. Et les institutions financières captent de plus en plus de profits générés par l’activité économique. Mais, comme bien souvent face à une réforme majeure, les politiques se mettent dans la position selon laquelle il devient urgent d’attendre. D’autant que le lobby financier s’est mis en branle pour « qu’on ne touche pas au grisbi ». Par exemple, la séparation des banques de dépôts et des banques d’affaires, remise aux calendes grecques.
Bref, on oublie si vite. L’amnésie est un mal qui touche aussi bien les peuples que leurs dirigeants.
[1] “Un représentant de Bank of America suggère un soutien gouvernemental d’environ 60 milliards de dollars pour les actifs toxiques de Lehman” (Huit jours pour sauver la finance, James Stewart – éditions Grasset)