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Le Top Ten des salaires des grands patrons américains

7 mai1Le journal en ligne Huffington Post basé à Chicago a publié les 10 plus importants revenus (incluant salaires, bonus et autres émoluments) des patrons américains des entreprises du S&P 500. Le résultat est édifiant lorsqu’on pense qu’il s’agit des rémunérations pour l’année 2008.

Première remarque, 4 de ces 10 patrons sont CEO d’institutions financières : Goldman Sachs, American Express, Citigroup et JPMorgan Chase.

Ces quatre banques font partie des 19 dont les actifs dépassent les 100 milliards de dollars qui viennent de passer le « stress test » destiné à mesurer leur solidité financière et dont les résultats viennent d’être publiés.

Toutes les quatre ont déjà bénéficié du programme Troubled Asset Relief Program (TARP) par lequel le gouvernement fédéral rachète des actifs et du capital en vue de renforcer leur solidité financière : JPMorgan Chase a reçu 25 milliards de dollars, Citigroup 45, Goldman Sachs 10 et American Express 3,4. C’est donc de l’argent public provenant des poches des contribuables.
A l’issue du Stress Test dont les résultats viennent d’être publiés, Citigroup nécessiterait une aide supplémentaire de l’ordre de 5,5 milliards de dollars. L’institution financière a perdu plus de 27 milliards de dollars en 2008.

CEO

Entreprise

Revenus
08 (M$)

CA08
(Md $)

08/07

Bén 08
(M$)

08/07

Aubrey McClendon Chesapeake

112,5

11,6

+48

0,72

-52

Sanjay Jha Motorola

104,4

30,1

-17

-4,24

Robert Iger Walt Disney

51,1

37,8

+7

4,4

-6

Lloyd Blankfein Goldman Sachs

42,9

22,2

-52

2,32

-24

Kenneth Chenault American Express

42,9

28,3

3

2,7

-33

Vikram Pandit Citigroup

38,2

52,7

-33

-27,7

Steven Farris Apache Corp

37,2

12,3

+24

0,7

-75

Louis Camilleri Philip Morris

36,9

25,7

+12

6,8

+13

Kevin Johnson Juniper Networks

36,1

3,57

+26

0,5

+42

Jamie Dimon JPMorgan Chase

35,7

67,2

-6

5,6

-64

–          Chesapeake a augmenté son chiffre d’affaires de 48%, mais ses bénéfices ont diminué trois années de suite : 2 milliards de dollars en 2006, 1,5 en 2007 et 723 millions en 2008 ;

–          Motorola est en grande difficulté indépendamment de la crise, ses parts de marché sur la téléphonie mobile ont fondu comme neige. Résultat : un chiffre d’affaires de 30 milliards de dollars contre 36 milliards un an plus tôt et des pertes de 4,2 milliards de dollars :

–          Walt Disney a réalisé un CA de 37,8 milliards de dollars (+7%) et un bénéfice net confortable de 4,4 milliards de dollars mais en léger recul de 6%.

–          Apache Corp a réalisé un CA en hausse, mais des bénéfices en forte baisse ;

–          Philip Morris a fait une bonne année avec un CA en hausse de 12% et un bénéfice net de 13 %. Mais 37 millions de dollars pour diriger une entreprise qui intoxique le monde entier, ce n’est pas si mal.

–          Juniper est un concurrent du leader des réseaux Cisco, mais très loin derrière. Pourquoi Kevin Johnson a-t-il quitté Microsoft pour entrer chez Juniper. La réponse à 100 francs est toute simple : 36,1 millions de dollars de revenus en 2008, nettement plus que ce qu’il aurait pu espérer chez Bill Gates. Le salaire du CEO représente plus de 1% du CA de l’entreprise !

A-t-on perdu tout sens commun ?

Au-delà même du débat de savoir si les revenus de ces patrons sont exagérés, ils semblent très difficilement justifiables lorsque l’on observe les résultats de leurs entreprises sur l’exercice 2008. On peut se demander ce que font les conseils d’administration. On est entré dans une ère d’extravagance. Et il serait faux de penser que les américains pensent cela normal, comme faisant parti des traditions au pays du capitalisme. Ils sont tout aussi outrés que les Français. Il suffit de se souvenir du tollé qu’avait provoqué la distribution de bonus (165M$) à quelques centaines de cadres dirigeants.

L’extravagance des salaires des grands patrons est un phénomène mondial. Est-ce là une justification ? Certainement pas. Cela nous rassure-t-il sur le bien fondé d’un tel traitement ? Encore moins.

Selon le magazine en ligne Ledevoir.com, l’écart entre le haut et le bas a commencé à se creuser dans les années 1980. Les 50 PDG les mieux payés du pays gagnaient déjà 104 fois le salaire canadien moyen en 1995 et 400 fois ce montant dix ans plus tard. En 2006, En France, Selon Proxinvest, en France un PDG du CAC 40 touchait en moyenne 298 Smic. Mais le marché rétorqueront les défenseurs de tels écarts. Sauf qu’en France, il n’y pas vraiment de marché de patrons du CAC40.  Une autre défense consiste à faire référence aux salaires des Top model ou des footballeurs de haut niveau. C’est la voix choisie par Lindsay Owen-Jones : « Si je travaille bien, je gagnerai peut-être autant que Claudia Schiffer. Et je ne vois personne contester ses revenus » déclarait-il au Nouvel observateur en 2006. Et bien si, pour ce qui me concerne, je les conteste tout autant. Et ce n’est là ni « de l’envie ou de la jalousie », comme il voulait de faire croire. Juste un peu d’équité et de sens commun.

Il est bien loin le temps où Rockefeller expliquait qu’un écart de 1 à 40 entre un ouvrier et son patron était raisonnable. Aurions-donc perdu la raison ?

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