Trump eyeglasses, failed ; Trump Cologne : failed ; Trump mattresses : failed ; Trump vodka : failed ; Trump steaks : failed ; Trump coffee : failed ; Trump chandeliers : failed ; Trump suits : failed ; Trump airlines, failed ; Trump University, failed. Toutes ces faillites, n’étaient pas le problème de Trump – sauf la dernière qui lui a valu class action au terme de laquelle il a dû payer 25 millions de dollars en dommages et intérêts – puisqu’il s’était contenté de « vendre » son nom devenu une marque et supposer transformer l’eau en vin. En parallèle, la Trump Organization qui gère des hôtels, des terrains de golf et des immeubles résidentiels et de bureau sont face à de grandes difficultés financières en raison de contrecoups politiques et de la pandémie de la Covid-19. Faut-il aussi mentionner la Trump Entertainment Resorts, notamment pour incorporer des casinos à Atlantic City ; une entreprise lancée en 1995 qui a perdu plus d’un milliard de dollars et s’est déclaré en faillite à trois reprises. Pendant ce temps, la société a versé à Donald Trump 44 milliards de dollars de salaires, bonus et autres compensations.
On l’avait annoncé à plusieurs reprises, Donald Trump lancerait avant 2016 s’il n’était pas élu ou après s’il n’était pas réélu une société de média. On avait parlé d’une chaine de télévision, c’est en fait une structure baptisée Trump Media & Technology Group qui – sur le papier – va développer trois activités : réseau social, streaming et News, cloud computing. Le dernier est présentée pour le long terme et est risible lorsqu’on connaît les investissements nécessaires, notamment en data centers pour proposer de tels services. Se présenter comme concurrent d’AWS (Amazon Web Services), Microsoft ou Google Cloud, il faut oser et ne pas craindre le ridicule. IBM et Oracle, deux ténors du secteur informatique ont eux-mêmes quelques difficultés.
Concernant le lancement d’un réseau social, il s’agit d’une réaction à la suite du boycott de l’éviction de Donald Trump par Twitter et Facebook. Le réseau qui devrait être opération au début 2022 (si cela arrive) a été baptisé Truth Social, ce qui ne manque pas de piquant quant on sait que c’est un canal pour diffuser le Bie Lie – il a gagné les élections de 2020 – et tous les mensonges et fausses informations que Donald Trump publie en permanence. Témoin ces deux derniers messages publiés sur son site donaldtrump.com :
« (…) At the request of many of her representatives, I made it possible for her father to have the world’s longest funeral, designed and orchestrated by him, even though I was never, to put it mildly, a fan. In his own very special way, he was a RINO’s RINO. Despite his fighting against me, I won Arizona by a lot in 2016 and won Arizona by even more in 2020 – unfortunately the vote counters in 2020 were far more important than the candidate (…) »
Statement by Donald J. Trump, 45th President of the United States of America
10/22/21
« Look at what just happened in Arizona last night for the people that really won the Election, by a lot, us. The FORENSIC AUDITORS released a new report that discredits all of the disinformation put out by the RINO Maricopa County Board of Supervisors. The auditors said Maricopa County purposely misled the public and spread “outright lies” about their findings. (…) »
Statement by Donald J. Trump, 45th President of the United States of America
10/21/21
Des hackers se sont précipités pour détourner le réseau social, parfois avec un goût douteux. L’idée était de montrer le manque de sécurité des technologies utilisées. Par ailleurs, à peine le réseau social est-il lancé que le développeur du code open source Mastodon affirme que Truth Social a violé les termes d’utilisation (Trump’s Brand New TRUTH App May Violate Terms Of Open Source Code It’s Built On). Quelqu’un pourrait-il être surpris ?
Le véhicule choisi par Donald Trump pour le lancement de la société Trump Media & Technology est assez controversé (Est-ce surprenant ?). Depuis le début de l’année 2021, quelque 350 SPAC ont été enregistrées au SEC (le gendarme de la bourse américain) et ont permis de lever plus de 100 milliards de dollars. Il y a aujourd’hui beaucoup d’argent qui circule sur les marchés et qui cherche désespérément des cibles. Existant depuis les années 2000, ce mécanisme a été utilisé notamment par des vedettes du sport ou du show business comme Shaquille O’Neal ou Jay-Z. Il est baptisé SPAC (Special Purpose Acquisition Company). Le mécanisme est le suivant. Création d’une société dite SPAC qui n’est en fait qu’une coquille vide et est introduite en bourse. Rachat d’une société privée au sens américain c’est-à-dire non coté qui devient ainsi une société cotée en bourse. En l’espèce Digital World Acquisition est le SPAC qui a racheté Trump Media & Technology Group, devenu ainsi en un éclair une société cotée alors qu’elle n’a encore rien produit. On se souvient des années de la bulle Internet où il suffisait de présenter une belle présentation Powerpoint pour lever des sommes conséquences. Et on a vu le résultat. Ici, le procédé est encore plus risqué. On verra sans doute le même résultat. C’est en fait un véritable chèque en blanc sur un projet ou sur un nom. Et c’est tout bénéfice pour Donald Trump qui n’investit pas un centime de sa poche. Désormais une habitude pour l’ancien président. « Avoiding being responsible, in any ultimate sense, is a constant in his strategy » déclarait au Washington Post, Michael D’Antonio qui a écrit une biographie de Donald Trump. « If you think of him always looking for ways to try business without responsible – combined with his sense that he can do anything – then this is king of natural »
Jusqu’ici, le marché a réagi très favorablement au projet. Le titre a fait un bond en clôturant à 94,20 dollars pour une valorisation de près de 4 milliards de dollars. Aujourd’hui, lundi 25 octobre, il avait un peu reculé à 87 dollars valorisant la société à un peu moins de 3 milliards. Tout cela fondé sur quelques déclarations, la marque Trump et un beau communiqué. En revanche, il n’a pas été très disert sur les sources de revenus (publicité, accords commerciaux) ou les projections chiffrées.
Dans ses déclarations, Donald Trump avance les arguments habituels : « résister face au monopole de la censure exercé par les géants des technologies » ou encore « se battre pour la protection du 1er amendement et les libertés de tous les Américains, protéger la démocratie et défendre le capitalisme ». En mars, un sondage indiquait que 54 % des Américains républicains se déclaraient prêts à utiliser un tel réseau social, 24 % pour les indépendants et 14 % pour les démocrates.
La chance de Donald Trump est que ce projet intervient à un moment où les réseaux sociaux sont fortement mis en question, notamment Facebook dans son rôle de polarisation de la société et de manipulation des élections.
On ne peut qu’être extrêmement circonspect sur les chances de réussite d’un tel projet que l’on peut sans trop de risque ajouter à la liste présentée en ce début d’article.