Entre roman et document historique, Le Mage du Kremlin nous plonge dans l’irrésistible ascension de Vladimir Poutine après le chaos généré par Boris Elstine. Il nous rappelle que, Contrairement à De Gaulle qui envisageait l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, les Russes sont différents des Européens. La formule de Winston Churchill selon laquelle « La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme » semble plus adaptée à décrire la situation actuelle.
Au départ, Vladimir Poutine a été choisi parce qu’il semblait insignifiant et, comme un petit soldat obéissant, il pourrait être contrôlé assez facilement. L’histoire a montré combien ce pari a été perdu. Comme Hitler l’avait écrit dans Mein Kampf, Vladimir Poutine a décrit son programme dans ses discours et dans les faits : la Géorgie, , la Syrie, la Crimée, la guerre du Karabach… Il est presque étonnant que l’on soit surpris de l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier.
Le chaos semble être un des maîtres mots du maître du Kremlin à l’étranger. Evgueni Prigojine, l’un des personnages du livre de Giulano Da Empoli, appelé parfois le « cuisinier de Poutine » et principal financier de la milice armée Wagner, poursuit :
« Maintenant comme je te le disais, poursuivit-il, je ne suis ni un intellectuel ni un expert des relations internationales, mais j’ai l’impression que nous y sommes. Les Occidentaux pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux. Ils voient la Chine, l’Inde et, grâce à Dieu, la Russie faire des pas de géants et eux, rien. Chaque jour qui passe, leur pouvoir se réduit, la situation échappe à leur contrôle, l’avenir ne leur appartient plus.
– Ils sont prêts à faire les choix les plus absurdes. Notre devoir est simplement de les aider.
– Précisément, Vadim Alexeïevitch. Il ne s’agit pas de les battre ou de les obliger, seulement d’accompagner un mouvement qui est déjà en place. C’est ce que comprend très bien le Tasr. Il est comme moi un passionné de judo et en connaît la règle de base utiliser la force de l’adversaire contre lui »
(…)
« Nous ne devons convertir personne. Evgueni, juste découvrir ce en quoi ils croient et les convaincre encore plus, tu comprends ? Donner des nouvelles, de vrais et de faux arguments, cela n’a pas d’importance. Les faire enrager. Tous. Les défenseurs des animaux d’un côté et les chasseurs de l’autre. Ceux du Black Power d’un côté et les suprémacistes blancs de l’autre. Les activistes gay et les néonazis. Nous n’avons pas de préférence, Evgueni, notre seule ligne, c’est le fil de fer. Nous le tordons d’un côté et nous le tordons de l’autre. Jusqu’à ce qu’il se casse.
« (…) Moi je te dis. Ils deviendront fous. Ils n’y comprendront plus rien. La seule chose qu’ils comprendront est que nous sommes entrés dans leur cerveau et que nous jouons avec leurs circuits neuronaux comme si c’était une de tes machines à sous ! ».
– (…) Ainsi partout, nos premiers propagandistes deviendront ceux qui nous accuseront de comploter contre la démocratie, en Europe et aux Etats-Unis. Ce sont eux qui vont construire le mythe de leur puissance (…) Les Russes sont les patrons secrets du nouveau monde ! ».