« Les Américains ont reconnu aux juges le droit de fonder leurs arrêts sur la constitution plutôt que sur les lois. En d’autres termes, ils leur ont permis de ne point appliquer les lois qui leur paraissent inconstitutionnelles (…). En Amérique, il est reconnu par tous les pouvoirs : on ne rencontre ni un parti, ni même un homme qui le conteste. »
C’est ce principe expliqué par Alexis de Tocqueville que vient de mettre en œuvre le juge qui a donné raison aux Navy SEAL après avoir refusé l’obligation de recevoir le vaccin contre la Covid imposé par l’administration Biden.
Cette obligation vaccinale avait été décidée en août dernier et concerne les 1,3 million de militaires d’active. A cette époque, 65 % d’entre eux étaient déjà vaccinés selon les données fournies par le Pentagone avec des taux différents selon les armes. La marine était la plus en pointe avec un taux de 75 %, le corps des Marines les plus récalcitrants avec 59%. A fin décembre, les militaires d’active seraient vaccinés à 98%.
Le juge fédéral d’une Cour de district au Texas Reed O’Connor a accordé lundi 3 janvier une injonction préliminaire empêchant le ministère de la Défense de prendre des mesures contre un groupe de 35 Navy Seal qui avaient refusé de se faire vacciner contre la Covid. Cette décision pourrait avoir un impact important dans un avenir proche. Cette décision intervient après une autre comparable en novembre dernier concernant les professionnels de la santé.
La juge a estimé que la pandémie « ne donne au gouvernement aucun droit pour abroger les libertés dont dispose tout Américain, et que les militaires ont le droit d’éviter de se faire vacciner pour des motifs religieux ».
Le juge a ajouté que « la perte des libertés religieuses l’emporte sur tout préjudice à venir pour la Marine » et que « même les circonstances les plus difficiles ne peuvent justifier la perte des droits constitutionnels ». Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré lundi soir que les responsables de la défense étaient au courant de l’injonction et qu’ils l’examinaient.
Un groupe de militaires qui comprenait des Navy Seal et d’autres membres du Naval Special Warfare Command ont porté plainte contre le président Biden, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, le secrétaire à la Marine Carlos Del Toro et le ministère de la Défense pour contester l’exigence de vaccination de la Marine. Ils ont mentionné les « Christian beliefs that they should not take a vaccine developed from aborted fetal cell lines and saw a modification of their bodies as an “affront to their Creator. »
Ted Cruz n’a pu s’empêcher de tweeter qu’il s’agissait là d’une victoire sans mentionner pour qui ou pour quoi : la santé des militaires, la démocratie, les républicains. Le sénateur républicain du Texas est représentatif d’une fraction importante de son parti qui met en avant la liberté, en particulier la liberté religieuse, pour s’opposer à cette obligation vaccinale. Donald Trump, lui-même, qui aurait pu tirer le meilleur parti de son initiative Warp Speed, était resté très flou sur la vaccination. Ces derniers temps, alors qu’il en a fait la promotion, il a pu constater qu’une bonne partie de ses supporters ne le suivaient pas dans cette voie. On peut se demander si le cynisme des républicains va jusqu’à souhaiter que Joe Biden échoue dans sa luttte contre la Covid uniquement pour des raisons de petite politique.
La plainte a été déposée par First Liberty Institute, une organisation spécialisée dans la défense de la liberté religieuse. Michael Berry, un avocat de l’institut, cité par le Washington Post a déclaré que la décision « envoie un message clair à l’administration Biden, au Pentagone et à la marine que nos militaires ne renoncent pas à leur liberté religieuse lorsqu’ils servent leur pays ». Si l’administration Biden faisait appel de la décision, a déclaré Berry, « nous défendrons cela aussi loin que nécessaire ».
« Forcing a service member to choose between their faith and serving their country is abhorrent to the Constitution and America’s values ».
Mike Berry, general counsel, First Liberty Institute
Les raisons invoquées sont pour le moins surprenantes. D’abord, celle fondée sur l’utilisation de cellules fœtales n’a aucun sens, encore moins pour les deux vaccins Pfizer et Moderna qui font appel aux techniques de l’ARM Messager. Soit le juge O’Connor vit dans une grotte et n’a pas eu accès aux publications sur la conception de ces nouveaux vaccins ARM Messager, soit il est de mauvaise foi.
Concernant la notion de liberté religieuse, on peut aussi avoir quelques doutes sur le bien-fondé. Les militaires auraient donc le droit de tuer leur prochain (en cas de guerre s’entend), mais il n’aurait pas le droit ou même le devoir de protéger leur vie ainsi que celle des autres.
Quelques commentaires de lecteurs du Washington Post
- The Chickenpox, Rubella and Hepatitis vaccines have actual fetal cell lines in them . The Covid vaccines do not.
- Fifty years ago the government was drafting citizens into military service and sending them into combat. When people on the left protested, they were lectured to by people on the right for their lack of patriotism. Now volunteers are refusing orders and are being defended by the right.
- The US military has long mandated immunizations, with a vaccination program dating back to the Revolutionary War when George Washington ordered mandatory inoculation to protect troops in the Continental Army from smallpox.
- The bigger worry here are the right-wing subversives within our military, who are likely to assist with the next Trump insurrection.