Ferdinand Maréchal, dit le dabe, exige 50 % dans une affaire d’impression de faux billets là où Donald Trump demande 25 % sur les importations d’acier et 10 % celles d’aluminium, pas pour lui en plus, mais pour les travailleurs américains. Défendre les 140 000 travailleurs américains de la filière au détriment des quelques 5 millions de salariés travaillant des secteurs qui consomment de l’acier et de l’aluminium. Maintenant, la question est de savoir si, comme dans le film Le cave se rebiffe de Gilles Grangier (avec les dialogues inégalables de Michel Audiard), les républicains du Congrès vont se rebeller ou au contraire gentiment s’aplatir devant les décisions de leur président.
Pour l’heure, Gary Cohn, directeur du National Economic Council a donné sa démission. Non content de pas saluer le travail de son Conseiller, Donald Trump a tweeté qu’il allait bientôt recruter son successeur et que les candidats à ce poste sont nombreux. Donc tout va bien !
Concernant les républicains, jusqu’ici, Donald Trump ne leur avait pas trop posé de problème et leur avait permis de passer au moins une loi majeure inscrite dans leur agenda politique : la réforme fiscale – en fait une réduction fiscale pour les classes aisées et les entreprises – qui incluait au passage l’abolition de l’obligation de prendre une assurance médicale inscrite dans l’Obamacare.
Plus récemment, Donald Trump avait émis quelques idées pour réglementer la vente des armes à feu, mais il est vite passé à autre chose pour le plus grand bonheur des républicains qui ne souhaitent pas du tout s’engager dans cette histoire à huit mois des élections. De même pour la régularisation des DACA, Donald Trump a botté en touche laissant le Congrès se débrouiller sur cette question (ou plutôt ne pas se débrouiller).
Mais la mise en place de taxes sur les importations décidée par Donald Trump – en accord avec ses promesses électorales – va totalement à l’encontre du credo des républicains attachés au libre-échange. De manière assez fine, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a répondu du tac au tac à Donald Trump en déclarant que l’Union européenne ne pouvait se laisser faire et qu’elle devait donc prendre des mesures de rétorsion.
En annonçant les premiers produits sur lesquels l’UE serait « obligée » d’imposer des taxes : les Harley-Davidson, le Bourbon. Les premières sont produites dans l’Etat du Wisconsin où Paul Ryan est élu et le second est distillé dans le Kentucky, l’Etat de Mitch McConnell. Deux produits hautement symboliques donc, car les ventes qu’ils représentent doivent être quasi insignifiantes par rapport aux échanges commerciaux entre l’UE et les Etats-Unis.
Si le second est resté relativement discret, le chef de la majorité de la Chambre des Représentants a essayé d’influer sur Donald Trump pour qu’il revienne sur sa décision. Mais à ce stade, il s’agit plus pour Donald Trump d’amour-propre que de prise de décision rationnelle. Il a décidé de mettre des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, c’est lui le chef, donc il maintient sa décision. Il l’a réaffirmé lors de la conférence de presse conjointe avec le Premier ministre suédois.
Maintenant, si Donald Trump maintient sa décision, ce qui est probable, que peut faire le Congrès. Il peut imposer un veto, mais une telle mesure requiert une majorité des deux tiers, donc pas très facile. Autre option, voter une loi que Donald Trump serait quasiment obligé de signer et qui inclurait une mesure pour bloquer cette décision. Troisième possibilité, disputer l’autorité du président sur les questions de commerce international, une démarche allant à contre-courant de la tendance observée ces dernières années. Mais, quelle que soit la mesure technique, elle revient à s’affronter directement avec Donald Trump, ce que les membres du Congrès avec soigneusement évité jusqu’ici. Les prochains jours seront donc particulièrement instructifs sur l’évolution des relations entre l’Exécutif et le Législatif.