Sur les questions économiques, les Américains font plus confiance à Donald Trump qu’à Joe Biden. Et l’ex-promoteur immobilier et animateur TV, qui se présente comme l’auteur du miracle économique américain, n’arrête pas de revendiquer la paternité de la période la plus florissante de l’histoire des Etats-Unis. Quel est le fondement d’une telle affirmation ?
L’indicateur le plus communément reconnu pour mesure la bonne santé est la croissance. Laissons de côté l’année 2020, car elle dénaturerait la comparaison. En 2020, le PIB a reculé de 5,0 % au premier trimestre et de 32,9 % au deuxième trimestre. C’est sans doute l’un des plus mauvais bilans des différents pays développés. A force de vouloir pousser pour la reprise économique sans tenir compte de la situation sanitaire, Donald Trump aura donc aggravé la situation sur les deux fronts.
Prenons donc les trois premières années de son mandat (2017, 2018 et 2019) et comparons-les avec les trois dernières années du deuxième mandat de Barack Obama (2014, 2015 et 2016). C’est d’ailleurs très discutable, car l’économie est comme un paquebot, il y a toujours un temps de latence entre le moment où le capitaine décide de changer de direction et où le bateau modifie sa route.
La croissance des trois premières années du mandat de Donald Trump est de 7,7 %, celle de Barack Obama est de 7,5 %. On voit bien que la différence est bien mince et ne justifie pas les déclarations dithyrambiques du président et de son conseiller économique Larry Kudlow qui voit la croissance partout.
Si la croissance est un indicateur intéressant, elle n’a d’intérêt que si elle permet d’améliorer la condition des gens, au premier rang desquels la création d’emploi. Sur ce point, les résultats d’Obama sont nettement supérieurs : plus de 8 millions d’emplois créés sur les trois dernières années et 6,5 millions pour Donald Trump. Certes la situation sur le front était meilleure fin 2019 que fin 2016 mais il s’agit simplement là de la comparaison de données de stock et de flux. Et l’argument de Donald Trump selon lequel le taux de chômage des minorités, Noirs et Hispaniques, était le plus faible qu’il n’ait jamais été. Encore heureux sinon cela signifierait que la croissance aurait été réservée à une catégorie de la population.
En revanche, pendant la crise, les minorités ont été les plus touchées, entre ceux qui sont obligés de travailler sur les emplois de service indispensables au fonctionnement de la société et ceux frappés par la crise économique. En revanche, ils profitent moins de la reprise encore bien incertaine.
Le déficit est un indicateur auquel les républicains ont toujours été très sensibles. Souvent selon un schéma bien rodé. Baisse de taxes qui ne crée pas la croissance et donc les rentrées fiscales entraînant une baisse des aides sociales. Depuis que Donald Trump est à la Maison-Blanche, ils sont sur ce point totalement aphones. Sur les trois dernières années du mandat Obama, le déficit s’est élevé à 1 212 milliards de dollars. Sur les trois premières années du mandat Trump, il a atteint 2 428 milliards de dollars, plus du double. Et pourtant, la crise de 2008 avait été absorbée et les guerres d’Irak et d’Afghanistan quasiment finies. Donald Trump aurait pu s’atteler à améliorer les infrastructures (routes, ponts, canaux, digues, transport aérien) qui selon ses propres déclarations pouvaient parfois être comparées à celles d’un pays du tiers-monde. Même le mur qui devait pourtant être payé par les Mexicains n’a pas été construit ! Il aurait également pu essayer de réduire la dette. Mais c’est sans doute aller contre ses principes. C’est un habitué des banqueroutes qui laissent sur le carreau des centaines de fournisseurs impayés. Là les fournisseurs seront les citoyens américains.
Oui mais Donald Trump est le seul à s’être élevé contre la volonté hégémonique de la Chine. Peut-être mais pour quel résultat ? Les échanges avec l’Empire du Milieu n’ont connu aucun changement majeur. Les Etats-Unis n’ont pas réussi a augmenter les exportations et a réduire les importations. Résultat : le déficit commercial sur les trois dernières années s’est aggravé : 1139 milliards de dollars de 2017 à 2019, 1057 milliards de 2014 à 2016.
Ces quelques données n’épuisent pas le débat, loin s’en faut mais elles éclairent quelque peu la situation actuelle.
Cette évolution du déficit a entraîné une aggravation de la dette. Mais c’est le cadet des soucis de Donald Trump.
Aujourd’hui, alors que les Etats-Unis sont face à une crise économique bien plus importante que celle de 2008 étant donné que la crise sanitaire est loin d’être résolue. Donald Trump utilise à nouveau les mêmes recettes en parlant de retour à la croissance en forme de U ou même de V… Et même si le pays continue à s’enfoncer dans la crise, il semblerait que mensonge passe bien auprès de nombre de ses supporters. Les faits alternatifs qui ne sont que de la pure fiction ont remplacé les faits et les données.