Ce n’est pas nouveau. Un an à peine après son élection, 27 psychiatres et psychologues ont publié un ouvrage collectif (« The Dangerous Case of Donald Trump ») sur la santé mentale de Donald Trump. Préoccupée par la santé psychique du président, Bandy X. Lee, professeur à l’université de Lee a décidé de publier le fruit de leur réflexion, en dépit de la « règle de Goldwater ». Rappelons qu’il s’agit d’une disposition issue du code de déontologie de l’Association américaine de psychiatrie, qui déclare contraire à l’éthique de fournir un avis professionnel sur le comportement d’un individu à partir d’informations disponibles publiquement, sans l’examiner en personne (Donald Trump interviewé par Mike Huckabee : « It’s About Me Stupid ! »). Et donc, ce livre mettait en avant les nombreux troubles de la personnalité que laissait entrevoir le personnage Donald Trump. Pour Lance Dodes, professeur de psychiatrie à Harvard, Trump souffre d’une « perte du sens de la réalité ». D’autres experts évoquent un « trouble délirant », en référence à la tendance du milliardaire à tenir des propos incohérents ou à soutenir mordicus qu’il n’a pas prononcé certaines de ses déclarations. Pour Philip Zimbardo et Rosemary Sword, le président est atteint d’un trouble dans sa perception du temps, le poussant à rechercher une gratification immédiate dans le présent, sans tenir compte des répercussions futures de ses actions.
Bien sûr, il avait été largement critiqué par les républicains comme un livre politique visant, sous couvert d’expertises psychologiques et psychiatriques, de détruire le 45e président des Etats-Unis et son agenda politique.
Il ne s’agit pas ici de décrire les qualités et les défauts de la personne Donald Trump (largement détaillé par des conservateurs comme Max Boot (The corrosion of a conservative) ou Rick Wilson (Everything Trump touches dies) ou encore des critiques toutes récentes d’Anthony Scaramucci, soutien inconditionnel de la première heure frappé d’apostasie, mais bien de son hygiène mentale.
Les déclarations faites ces derniers jours par l’hôte du Bureau ovale redonnent du crédit aux questions que l’on peut se poser sur la santé mentale.
Il y a d’abord eu l’épisode du Groënland. Pour mémoire, rappelons que le Groenland (est un pays constitutif du royaume du Danemark et un territoire d’outre-mer associé à l’Union européenne, situé entre les océans Arctique et Atlantique, à l’est de l’archipel Arctique, au nord-est de l’Amérique du Nord/ Le Groenland a été politiquement et culturellement associé à l’Europe – en particulier à la Norvège et au Danemark, les puissances coloniales, ainsi qu’à l’île voisine d’Islande – pendant plus d’un millénaire. Le Groenland est la deuxième plus grande île du monde. Plus des trois quarts de son territoire sont couverts par la seule calotte glaciaire contemporaine en dehors de l’Antarctique. Avec une population d’un peu plus de 55 000 habitants, il est le pays le moins densément peuplé au monde (source : Wikipedia).
Tout d’un coup, Donald Trump a simplement proposé au Danemark de lui acheter le Groënland. La Première ministre du Danemark a répondu que le Groënland n’était pas à vendre précisant qu’il s’agissait là d’une proposition absurde. « I strongly hope that this is not meant seriously, » a déclaré Mette Frederiksen. « Thankfully, the time where you buy and sell other countries and populations is over. Let’s leave it there ». Piqué au vif par une Première ministre femme, Donald Trump l’a qualifié de « nasty » (vilaine, méchante). Mais au-delà de cet épisode pour le moins vaudevillesque, Donald Trump a tweeté qu’il annulait son voyage au Danemark prévu dans une quinzaine de jours. Dans son édirorial (Trump, Greenland, Denmark. Is This Real Life?), le New York Times fait remarquer qu’il n’est pas le premier président à vouloir acheter le Groënland, Harry Truman avait essayé en 1946.
Cet incident nous rappelle la déclaration faite par Ted Cruz, alors candidat à la primaire républicaine et fervent opposant de Donald Trump : « I mean, we’re liable to wake up one morning and Donald, if he were president, would have nuked Denmark ».
Il a eu dans le même temps, les déclarations sur les Américains de confession juive dont on ne sait pas trop si elles sont plus absurdes ou plus ignobles. “If you want to vote Democrat, you are being very disloyal to Jewish people and Israel a-t-il déclaré Donald Trump. Avant d’ajouter : « I think any Jewish people that vote for a Democrat – I think it shows either a total lack of knowledge, or great disloyalty. »
Ces déclarations laissent envisager le pire ce qui pourra suivre sur les différentes minorités pendant la campagne qui promet d’être au plus niveau de l’ignominie.
Il y a eu enfin le mot qui ne peut que laisser perplexe : « I am the chosen one » impliquant l’idée qu’il serait une sorte de nouveau messie.
Dans une autre série de déclarations, Donald Trump avait plaisanté en indiquant qu’il pourrait être président pour plus que deux mandats et précisant qu’il pourrait rester dans le Bureau ovale « at least for 10 or 14 years. »
Mais on ne le sait que trop, la frontière entre la farce et le sérieux est très floue dans son esprit. L’exemple du Groenland le prouve aisément.
Dans le même, l’hôte de la Maison-Blanche a changé plusieurs d’avis sur des questions de fond et fait des déclarations contradictoires, parfois dans la même journée : Faut-il prendre des mesures de réductions fiscales, alors même que l’économie est au plus haut ? Faut-il renforcer les contrôles sur les personnes qui achètent des armes à feu ?
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