Prétextant le démontage d’une statue du Général Robert E Lee, des suprémacistes blancs (White Supremacists) ont manifesté lors du rassemblement Unite the right et se sont affronté violemment à des contre-manifestants. Résultat, Heather Heyer, une jeune femme tuée et une vingtaine de blessés après qu’un néo-nazi a foncé dans la foule avec sa voiture.
Dans une première déclaration, Donald Trump n’a pas voulu nommé les responsables – alors qu’il a le tweet accusateur facile dans d’autres circonstances – et renvoyé dos-à-dos les manifestants racistes et néo-nazis et leur opposant. Les responsables politiques de deux bords – démocrates et républicains – ont quasi-unanimement critiqué les déclarations de Donald Trump en condamnant sans hésitation les actions des suprémacistes et autres factions de la droite alternative dont l’idée de base est aussi simple que détestable : rendre à l’Amérique sa blancheur, un projet en résonance avec le Make America Great Again de Donald Trump.
La Maison Blanche a d’abord procédé à la publication d’un communiqué rectifiant le tir et Donald Trump s’est fendu le lundi (plus de 2 jours après les événements) d’une déclaration dans la laquelle il condamnait explicitement le Ku Klux Klan, les suprématistes blancs et la droite alternative. Certains responsables politiques se sont alors contentés de cette déclaration, d’autres ont considéré qu’elle intervenait trop tard. Par ailleurs, lorsque l’on écoute Donald Trump, on voit clairement qu’il lit son texte du bout des lèvres. La suite a montré qu’il ne croyait pas vraiment ce qu’il lisait.
Mardi 15 août, lors d’une conférence de presse a priori consacré aux projets d’infrastructure, largement pressé sur le sujet de Charlottesville, il a pu revenir sur ses déclarations du lundi et à nouveau renvoyer dos-à-dos les deux forces en présence. La critique des suprémacistes blancs n’est pas la tasse de thé de Donald Trump car ces derniers constituent les forces vives de sa « base ». D’ailleurs, pour les responsables comme David Duke qui participait à ces violences, la neutralité affichée par Donald Trump est considérée comme une victoire et une confirmation du bien-fondé de leurs idées.
Il serait sans doute excessif d’affirmer que Donald Trump est directement responsable de ce qui est arrivé ce week-end à Charlottesville. En revanche, les discours haineux et les tweets vengeurs de Trump ont incontestablement libéré la parole et les actes de forces nuisibles. Et les forces de l’extrême droite américaine ont largement apporter leur concours à l’élection de Donald Trump.
On aurait pu penser qu’avec l’élection de Barack Obama, les Etats-Unis avaient franchi une étape majeure dans la coexistence des différentes communautés raciales américaines. Les événements du week-end dernier montrent le contraire. Et les semaines à venir laissent craindre le pire. Neuf rassemblements comparables à celui de Charlottesville sont prévus dans les semaines à venir. Les braises de la Guerre de Sécession ne seraient-elles pas éteintes ? En février dernier, un rapport du Southern Poverty Law Center recensait plus de neuf cents groupes haineux actifs aux Etats-Unis. On le voit, les événements de Charlottesville ne sont pas dus au hasard. Le FBI et le ministère de la sécurité intérieure (DHS) ont indiqué en mai dernier dans un rapport « White Supremacist Extremism Poses Persistent Threat of Lethal Violence » que les forces suprémacistes blanches ont réalisé plus d’attaques que n’importe quel groupe extrémiste ces 16 dernières années.
Donald Trump avait une occasion de réunir le pays, il l’a complètement raté. Mais ce n’est pas vraiment un hasard c’est tout simplement le résultat d’une pensée déstructurée et immédiate incapable de prendre du recul. Au contraire, il a continué à utiliser les mêmes procédés par des tweets insignifiants de stupidité. Par exemple, suite à la démission de Kenneth Frazier, CEO de Merck, du Manufacturing Council, Donald Trump a contre-attaqué avec un tweet lamentable totalement hors propos et à côté de la plaque.
Le départ de Kenneth Frazier a été suivi de celui du patron de Walmart, du président du syndicat de l’AFL-CIO, de Brian Krzanich CEO d’Intel… Mais Donald Trump ne se dit pas impressionné par ces départs car nombreux sont ceux qui voudront intégrer ce conseil affirme-t-il.
Cet épisode est fâcheux et s’ajoute à la longue suite des déclarations calamiteuses, des contre-vérités, des mensonges lâchés par Donald Trump. Mais c’est là un terrain très dangereux qui pourrait faire l’unanimité contre lui et les forces suprémacistes qu’il semble vouloir protéger.
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