Depuis sa campagne de 2015, Donald Trump se fait fort d’emporter l’adhésion des militaires et notamment des généraux. Combien de fois en a-t-il parlé en utilisant l’expression « my generals » comme s’il mentionnaient ses propriétés.
À part Michael Flynn qui a dû démissionner quelques jours après sa nomination de conseiller à la sécurité nationale, été inculpé, plaidé coupable avant de se dédire, les autres généraux présents dans l’entourage de Donald Trump avaient été présentés comme « the adults in the room » pour empêcher le président de céder à ses mauvais penchants, autrement dit de faire n’importe quoi.
Il a eu John Kelly, directeur de cabinet, qui a essayé de mettre un peu d’ordre dans le fonctionnement de la Maison-Blanche, H. R. McMaster, chargé de reprendre le poste de Michaël Flynn, James Mattis, secrétaire à la défense, surnommé le moine guerrier, ont tous démissionné. Ils ont attendu pour faire part de leur sentiment vis-à-vis du président.
Outrage, But Not Surprise, At Reports That Trump Called Fallen Veterans ‘Suckers’, ‘Losers’ | MSNBC
Dès sa campagne de 2016 et depuis qu’il est président, Donald Trump a développé l’idée qu’il avait été le meilleur président pour les militaires. Son image auprès des militaires devrait donc être au plus haut. Un sondage récent réalisé pour le magazine MilitaryTimes montre qu’il n’en est rien et qu’elle n’a fait que se détériorer depuis qu’il est installé derrière le bureau ovale. Et les chiffres sont encore plus alarmistes dans la mesure où l’armée est largement constituée d’hommes blancs (les femmes ne représentent que 7 % des forces armées et les Blancs 82 %).
Alors que 37 % des militaires avaient une opinion défavorable de Donald Trump en 2016, ils sont désormais 50 % ; dans une évolution inverse, les opinions favorables sont passées de 46 % à 38 %. De telle sorte que c’est le candidat démocrate qui est le candidat favori des militaires : 41 % se déclarent prêts à voter pour Joe Biden contre seulement 37 % pour Donald Trump. Une situation totalement inédite alors que les républicains ont traditionnellement le soutien des militaires. E, octobre 2016, à peu près à la même période dans la campagne de 2016, Donald Trump recueillait 40 % des suffrages des militaires, Hillary seulement un peu plus de 20 %. Il est à noter que la proportion d’opinions défavorables est supérieure chez les officiers que chez les hommes du rang.
Ce sondage intervient à un moment délicat pour Donald Trump avec un article de Jeffrey Goldberg dans la revue The Atlantic – un magazine fondé en 1857 et dont la réputation n’est plus à faire – qui rapporte des déclarations extrêmement dérangeantes dans lesquelles l’abjection le dispute à l’ignominie. Cet article est basé sur des sources de militaires de haut rang de l’armée américaine et a été confirmé par le Washington (que Peter Navaro, le conseiller économique de Trump se délecte à appeler l’Amazon Post) et par l’Associated Press et même par une journaliste de Fox News.
Lors de sa visite de 2018 pour la commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, Donald Trump avait renoncé d’aller pour une cérémonie au Bois Belleau, lieu d’une bataille historique qui avait arrêté la marche de l’armée allemande sur Paris qui héberge un cimetière américain où sont enterrés près de 2000 soldats. La raison invoquée, le mauvais temps qui empêchait l’hélicoptère de prendre les airs et un trajet trop long pour être effectué en voiture. Pourquoi pas ? En fait, il semblerait que Donald Trump avait peur que la pluie abime sa magnifique chevelure. Peut-être. Mais le pire est ce que rapporte l’article de The Atlantic : « Why should I go to that cemetery? It’s filled with losers » aurait-il déclaré. Donald Trump avait qualifié les 2000 soldats enterrés de « suckers » pour s’être fait tuer au combat.
À l’instar de Mike Pence qui a déclaré qu’il n’y était pas, mais que Donald Trump n’avait pas fait ces déclarations, on ne pourra pas affirmé à 100 % qu’il les a faites. Mais The Atlantic n’est pas une feuille de chou, mais surtout ces déclarations sont cohérentes avec des déclarations faites ces quatre dernières années dont la plus notable est celle concernant John McCain. Donald Trump l’avait qualifié de loser parce qu’il avait été fait prisonnier et surtout qu’il avait été renoncé à être libéré de manière anticipée parce que son père était un officier général de l’armée américaine et avait souhaité rester emprisonné si ses hommes ne pouvaient être libérés avec lui. Dans l’esprit de Donald Trump qui ne voit la vie que comme un échange où tout se mesure à ce que « je peux gagner », une telle attitude est totalement incompréhensible.
John McCain is a loser
C’est d’ailleurs ce qu’il aurait déclaré lorsqu’il avait accompagné John Kelly, alors ministre du Homeland Security, au cimetière d’Arlington où son fils Robert, lieutenant dans les Marines tué en Afghanistan est enterré : « I don’t get it. What was in it for them? » (Que l’on pourrait traduire trivialement par que sont-ils allés faire dans cette galère ?).
Autre anecdote à cette bien longue liste des infamies, après une réunion avec le chef d’état-major des armées, le général Joe Dunford, Donald Trump aurait dit à ses conseillers : « That guy is smart. Why did he join the military? »
Dans la même tonalité, on pourrait conclure : « This guy is not smart, how has he been able to be elected president of the United States ? »
Former Defense Secretary Hagel on Trump’s comments: It’s degrading and despicable
Fmr. Sen. Kerrey & Moulton Condemn Trump For Reportedly Calling Americans Killed In War ‘Losers’