On a longtemps pensé que la démographie jouerait, presque mécaniquement, en faveur des démocrates. Pourquoi ? Tout simplement parce que les minorités – principalement les Noirs et les Hispaniques – votent en grande majorité démocrate et leur population est en constante augmentation relative par rapport à la population globale. Mais cette règle semble ne plus s’appliquer avant autant de rigueur. A la dernière élection de 2024, une proportion de plus en plus importante des voix de ces minorités se sont portées sur les candidats républicains, tout particulièrement Donald Trump.
Un autre phénomène pourrait avoir une influence contre les démocrates : les mouvements de population à l’intérieur même des États des États-Unis. En 2023, ce sont quelque 7 millions de personnes qui ont changé d’États. Ces mouvements de population vont plutôt du Nord et de l’Est vers l’Ouest et le Sud.
Il faut rappeler que le nombre de représentants attribués à chaque État est révisé tous les dix ans à l’occasion du recensement (prévu tous les dix ans par la Constitution). Ces dernières années, certains États ont perdu des habitants dans des proportions très significatives, en particulier la Californie, l’état de New York, de Washington, l’Illinois et le Massachusetts. Tous ces États ont la particularité d’être fortement démocrates. À tel point que les candidats aux élections présidentielles ne s’y font pas campagne, à quoi bon. Les Grands électeurs sont quasiment garantis aux démocrates.
Où déménagent-ils ? Dans des États comme le Texas, la Floride, la Caroline du Nord, l’Arizona et la Géorgie qui sont plutôt républicains. Certes ils continueront sans doute à voter démocrate, mais ils ne seront sans doute pas assez nombreux pour faire basculer les États dans lesquels ils s’installent. Sur les dix dernières années, 9 millions d’habitants sont allés d’États démocrates vers des États républicains.
Si cette tendance se poursuit, cela entraînerait une réduction de grands électeurs dans les États démocrates et une augmentation dans les États républicains. La Californie perdrait 4 voix de grands électeurs, New York 3, L’Illinois 2, Le Minnesota 1, L’Oregon 1, Rode Island 1. Autant de voix de grands électeurs qui seront attribués aux États à tendance républicaine.
Rappelons que lors des dernières élections, Kamala Harris a obtenu 226 voix de grands électeurs, Donald Trump 312. Dans les mêmes conditions de vote, Kamala Harris n’aurait obtenu que 214 et Donald Trump 324.
Ces mouvements peuvent paraître modestes, mais il faut se rappeler que, à l’occasion des dernières élections, on n’écartait pas l’hypothèse d’un résultat 269-269.