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La criminalité, les démocrates et le sénateur Tom Cotton

« The numbers are in, and the debate is over. Our nation is in the midst of one of the worst crime waves in American history » tel est le chapô de l’article de Tom Cotton publié dans le magazine en ligne Breitbart News (Exclusive – Sen. Tom Cotton: Democrats’ Criminal-Leniency Policies Sparked an Undeniable Crime Wave). Tom Cotton est sénateur de l’Arkansas sous étiquette républicaine. Il a fait toutes ses études à l’université de Harvard, d’abord un Bachelor of Arts (Maîtrise) avec la mention magna cum laude, puis un diplôme de Juris Doctor à la même université. Il sert ensuite dans l’armée américaine entre 2005 et 2009. Cela ne l’empêche pas d’opter pour les opinions les plus extrêmes et populistes du moment. Inutile de dire que c’est un soutien inconditionnel de Donald Trump.

Tom Cotton n’est pas journaliste mais le chapô est clair et direct et l’article qui suit s’inspire de la maxime de Paris Match : « le poids des mots, le choc des photos ». L’article est court ce qui ne l’empêche pas de multiplier les contre-vérités, les fausses informations et les attaques tous azimuts contre les démocrates. En revanche, il fait largement appel aux photos chocs qui, pour l’auteur, sont autant de preuves de ce qu’il avance.

Donc le message est simple :

  1. Notre nation est au milieu de l’une des pires vagues de criminalité de l’histoire américaine
  2. et c’est la faute des démocrates.

Sauf que la première partie de l’affirmation ne correspond pas aux statistiques du FBI (certains chiffres pris de manière sélective et partielle sont habilement présentés) ce qui réduit en miettes la seconde.

Les crimes contre les biens (property crimes) sont en baisse constante depuis 1990 passant de 5000 attaques pour 100 000 habitants par an à 2000. Il en va de même avec les crimes violents (violent crimes) qui sont passés de 750 pour 100 000 en 1990 à 400 aujourd’hui. Du côté des meurtres, la remontée de 2016 à 2020 (Serait-ce la faute de Donald Trump ?) s’inscrit dans une baisse depuis 1990 passant de 10 pour 100 000 habitants à 6,5 aujourd’hui. Voilà donc les chiffres.

La forte remontée des meurtres observée (toujours pendant le mandat de Trump) en 2020 ne peut pas s’expliquer par les arguments habituels des républicains et poussés par Tom Cotton : « Democrat mayors, progressive prosecutors, and liberal governors are to blame ». En clair : démocrates = plus de criminalités. L’année 2020 et la première moitié de l’année 2021 ont été très particulière avec la vague épidémique et les impacts en matière d’isolement et d’inactivité peuvent être un facteur pouvant expliquer cette remontée. Toutes les institutions qui œuvrent pour la cohésion sociale et la réduction de la violence comme les associations sportives, les centres sociaux ont été fermées pendant une bonne partie de cette période. Par ailleurs, les ventes d’armes ont connu une véritable explosion, 23 millions d’unités vendues en augmentation de 65 % par rapport à 2019.

« During the Fall and Winter, mayors and governors waged a relentless campaign to defund, disarm, and defame police officers, which predictably resulted in a massive surge in police retirements. » écrit l’élu. Le problème est ce que n’est pas vrai, la majorité des villes ont augmenté leur budget alloué à la police en 2020, 37 de 105 plus grandes villes des Etats-Unis ont baissé leur budget. Et celles qui l’ont fait n’ont pas enregistré d’augmentation de la criminalité.

In Democrat-dominated cities, violent crime rose far more than the national average. Last year, murder rose 50 percent in Chicago, 44 percent in New York, and 38 percent in Los Angeles, s’injurge-t-il. Très bien mais il oublie par exemple de mentionner Ft. Worth dont le maire est républicain et qui a vu la criminalité augmenter de 62 % ou Jacksonville, également dirigée par un républicain et qui a été désigné « murder capital » (capital de la criminalité) de la Floride.

Bref, Tom Cotton, comme nombre de républicains tendance Trump, ne semble pas s’embarrasser avec les faits qu’il aiment tordre pour pousser ses propres vérités

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Definitions

Violent crime
In the FBI’s Uniform Crime Reporting (UCR) Program, violent crime is composed of four offenses: murder and nonnegligent manslaughter, forcible rape, robbery, and aggravated assault. Violent crimes are defined in the UCR Program as those offenses which involve force or threat of force.
– Murder and nonnegligent manslaughter as the willful (nonnegligent) killing of one human being by another;
– Forcible rape : The carnal knowledge of a female forcibly and against her will;
– Robbery : Taking or attempting to take anything of value from the care, custody, or control of a person or persons by force or threat of force or violence and/or by putting the victim in fear;
– Aggravated assault : unlawful attack by one person upon another for the purpose of inflicting severe or aggravated bodily injury.

Property crime
In the FBI’s Uniform Crime Reporting (UCR) Program, property crime includes the offenses of burglary, larceny-theft, motor vehicle theft, and arson.
– Burglary as the unlawful entry of a structure to commit a felony or theft ;
– Larceny-theft as the unlawful taking, carrying, leading, or riding away of property from the possession or constructive possession of another;
– Motor vehicle theft is defined as the theft or attempted theft of a motor vehicle;
– Arson as any willful or malicious burning or attempting to burn, with or without intent to defraud, a dwelling house, public building, motor vehicle or aircraft, personal property of another.
(Source : FBI)

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