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La Chinamérique en tension

Le réveil de la Chine a été rapide, quelques décennies seulement. Aujourd’hui, la Chine est devenue l’une des deux superpuissances mondiales. Quel impact ? Quelles conséquences ? Le 21e siècle sera-t-il le siècle de la Chine après le 20e qui a été celui des États-Unis ? Et dans quelles conditions cette transition va-t-elle s’effectuer ? Autant de questions fondamentales à long terme et dont dépend la stabilité de la planète.

« La Chine est un lion endormi. Quand il s’éveillera, le monde tremblera »
Napoléon

Cette montée en puissance de la Chine s’est faite en l’espace de quelques décennies. Comme le rappelle Graham Allison dans sa présentation sur TED, 90 % des Chinois vivaient sous le seuil de pauvreté il y a quarante ans. En parité de pouvoir d’achat, le PIB de la Chine a dépassé celui des États-Unis en 2014. Et il devrait le dépasser en valeur absolue au cours de la présente décennie.

Et les ambitions de la Chine semblent être sans limites. En 2025, elle prétend être leader dans 10 technologies, c’est le fameux plan China 2025 qui a été un peu mis en retrait face à la pression américaine. En 2035, elle entend devenir le leader en matière d’innovation dans toutes les technologies avancées. Et en 2049, cent ans après la proclamation de la Chine populaire, la Chine doit devenir le leader incontesté, y compris dans le domaine militaire. Et comme le fait remarquer Kevin Rudd, ancien Premier ministre d’Australie, ce sera alors la première fois depuis plus de deux siècles que la première puissance mondiale sera non occidentale, non anglophone et non démocratique. C’est une lente évolution qui passe souvent trop inaperçue derrière le fracas du monde.

L’antagonisme qui se fait de plus en plus présent va-t-il tomber dans ce que Graham Allison appelle « le piège de Thucydide » l’antagonisme qui oppose la puissance établie et la puissance ascendante, à tel ou tel moment de l’histoire, la montée en puissance de la seconde, la crainte qu’elle suscite chez la première, et le risque de guerre qui en résulte. C’est ce qui est arrivé entre Sparte et Athènes qui se sont affrontées  pendant la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.).

Sur les 16 conflits qui entrent dans le piège de Thucydide depuis le 15e siècle, 12 se terminées en guerre. Et le plus souvent, le conflit ne s’est pas engagé directement par l’un des deux protagonistes, mais par le truchement d’un événement ou d’un pays tiers. Dans le cas présent, selon Graham Allison, la Corée du Nord pourrait jouer un rôle parfait d’étincelle déclarant le brasier.

Pour Kevin Rudd, ancien Premier ministre d’Australie, l’histoire peut-elle se répéter ? Beaucoup pourraient penser que nous vivons à une période d’interdépendance des nations et de globalisation sans précédent et qu’une telle possibilité est hautement improbable. « Et pourtant, rappelle-t-il, en 1913, le monde vivait une période comparable de globalisation et cela n’a pas empêché le déclenchement de la Première guerre mondiale ».

Certains analystes avaient développé le concept de Chinamérique selon lequel les deux superpuissances étaient devenues totalement complémentaires, l’une ayant besoin de l’autre. Mais ce concept est en train d’exploser sous nos yeux, car la supposée complémentarité est en train de se transformer en confrontation directe sur de très nombreux fronts. « La rivalité entre la Chine et les États-Unis (…) s’est renforcée ces derniers mois et perdurera très probablement dans les prochaines années, considère Alice Ekman, responsable des activités Chine de l’Ifri. Les divergences entre les deux pays sont profondes et nombreuses : commerciales, géostratégiques (divergences de vues concernant Taiwan, la mer de Chine du Sud, la Corée du Nord, notamment), politiques, conceptuelles, idéologiques ».

Par ailleurs, faut revoir les relations entre les pays à l’aune des deux présidents, l’un Donald Trump, pressé par le temps, soucieux de satisfaire sa base et dans la perspective de l’échéance de 2020, l’autre, Xi Jinping, qui a désormais assis son pouvoir et a du temps devant lui.

Selon Kevin Rudd, parmi les différents problèmes à résoudre :

  1. Le déficit commercial largement déficitaire même s’il ne prend pas en compte les ventes des produits effectués par les entreprises américaines depuis la Chine ;
  2. Les différences de droits de douane : 9,8 % en moyenne pour les produits américains qui entrent en Chine et 3,4 % pour les produits chinois qui entrent aux États-Unis ;
  3. L’importante des produits agricoles américains qui suscitent une certaine paranoïa chez les responsables chinois qui ont en mémoire les famines d’antan ;
  4. Le vol de propriété intellectuelle, le transfert de technologies et le projet de la Chine avec China 2025 de devenir leader dans 10 technologies majeures dans une démarche totalement subventionnée par l’Etat chinois.

Kevin Rudd à une conférence Ted

 

Les relations sino-américaine vues par Kevin Rudd, ex-Premier ministre de l’Australie et président de l’Asia Society Policy Institute

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