Nous sommes en guerre, tel est le message de nos gouvernements, de ce côté-ci de l’Atlantique ou de l’autre. Et dans une guerre, il y a des morts et des blessés. Les combattants en première ligne de cette guerre sont le personnel médical qui contrairement à une guerre classique ne tuent pas, mais essaient de sauver des vies. Pour remettre les choses en perspective, la grippe, faussement qualifiée d’espagnole, a fait plus de victimes que la guerre de Sécession qui, elle-même, a fait plus de victimes parmi les Américains que tous les autres conflits réunis. Un fait qui est masqué par le fait que l’épidémie est arrivée en temps de guerre et que pendant cette période les gouvernements avaient pris le contrôle de l’information.
Dans son discours sur l’épidémie, Boris Johnson avait repris l’idée du « sang et des larmes » pour faire passer sa première stratégie fondée sur la théorie de l’immunité grégaire. Dit simplement : on ne fait rien, la population est infectée rapidement et massivement et elle est immunisée. Le problème de cette stratégie est qu’elle fait beaucoup de casse autrement dit à pour conséquence des morts en grand nombre.
Mais alors que nous sommes à peine entrés dans cette période du confinement où la meilleure que l’on puisse faire pour aider les autres est de rester chez soi, les préoccupations liées à la crise économique deviennent de plus en plus pressantes. « We cannot We cannot let the cure be worse than the problem » estime Donald Trump opposant ainsi deux problèmes qu’il faut en fait essayer de concilier au mieux.
Entre temps, le Congrès américain vient de voter un plan de relance de l’économie de 2 000 milliards milliards de dollars, presque l’équivalent du budget de la France. Et la banque centrale américaine a annoncé un plan de mesures d’exception pour tenter de compenser les « graves perturbations » que va subir l’économie des Etats-Unis en raison de la pandémie de coronavirus, en ciblant spécifiquement le crédit aux particuliers, aux PME et aux grandes entreprises.
L’opposition entre la santé et l’économie est évidemment une question délicate qui se pose. « I am deeply concerned that the social, economic and public health consequences of this near total meltdown of normal life – schools and businesses closed, gatherings banned — will be long lasting and calamitous, possibly graver than the direct toll of the virus itself. The stock market will bounce back in time, but many businesses never will. The unemployment, impoverishment and despair likely to result will be public health scourges of the first order » écrivait dans le New York Times David L. Katz, president of True Health Initiative and the founding director of the Yale-Griffin Prevention Research Center. La question doit-elle se poser en termes de bénéfices / risques ou plutôt faut-il sauver le maximum de vies ?
Mais cette question de la priorité entre la santé des Américains et l’économie du pays peut être posée de plusieurs manières. Comme à son habitude, Donald Trump soucieux de voir l’économie du pays repartir au plus vite (pour quelles motivations ?) présente les choses de manière très nuancée en lançant entendre qu’il allait suspendre les mesures de confinement pour les fêtes de Pâques (le 12 avril) et espérait que les églises seraient remplies à cette occasion. Mais une telle initiative ne transformerait-elle pas les églises en abattoirs ?
« You are going to lose a number of people to the flu, but you are going to lose more people by putting a country into a massive recession or depression », expliquait-il dans la roseraie de la Maison-Blanche en reprenant cette fausse comparaison avec la grippe ou les accidents de voiture. « People die from the flu, but we’ve never closed down the country from the flu » ou encore « We didn’t call up the automobile companies and say, ‘Stop making cars, we don’t want cars anymore. We have to get back to work. ».
« You are going to have suicides by the thousands – you are going to have all sorts of things happen. You are going to have instability. You can’t just come in and say let’s close up the United States of America, the biggest, the most successful country in the world by far. »
« If it were up to the doctors, they would say let’s keep it shut down across the world for a couple years »
Et comme toujours, ces messages venant d’en haut ont libéré la parole des affidés. « I’m not living in fear of Covid-19. What I’m living in fear of is what’s happening to this country. And you know, Tucker (présentation de Fox News), no one reached out to me and said, ‘As a senior citizen, are you willing to take a chance on your survival, in exchange for keeping the America that all America loves for your children and grandchildren?’ And if that’s the exchange, I’m all in. » a de son côté déclaré le gouverneur républicain Dan Patrick âgé de 70 ans.
Curieusement dans cette gestion de crise chaotique au plan national, l’approbation des Américains de la gestion de la crise par Donald Trump semble augmenter avec la crise elle-même : un taux d’approbation de 60 % contre 38 % qui désapprouvent selon l’institut Gallup. Décliné de manière partisane : 94 % pour les républicains, 60 % pour les indépendants et 27 % pour les démocrates. Par les explications, Donald Trump s’est bien présenté comme chef de guerre, mais pris de soin de décliné toute responsabilité de ce qui pouvait arrivé. Les responsables sont à chercher parmi les gouverneurs, les médias. Bref, dans toute opération, Donald Trump s’attribue le succès, mais délègue l’échec aux autres.
1 Commentaire
Francois B
(pour quelles motivations ?)
Trump veut être ré-élu sur la bonne santé (!) économique des EUA, si elle se casse la gueule il va manquer d’argument…