Il y a des intervieweurs qui ont le don de rendre leur interlocuteur sympathique sans pour autant se montrer mielleux ou flatteurs. C’est le cas de Jon Stewart qui recevait l’ancienne Secretary of State de George W. Bush qui lorsqu’elle était en poste était plutôt cassante. Invitée à l’occasion de la publication de son livre Extraordinary Ordinary People, elle ne renie pas ses idées mais se montre très fair play vis-à-vis de l’équipe en place, contrairement à nombre de républicains actuels. Mais il est vrai qu’elle n’est plus en poste et qu’elle ne brigue aucune mandat et n’a donc pas besoin d’en « rajouter ». « People are doing their best », « things are not easy », « They are patriotic people », autant de remarques positives à l’endroit de l’équipe de Barack Obama.
Son livre raconte son histoire personnelle qui n’est pas banale et s’est confondue par moment avec l’histoire des Etats-Unis. Condoleeza Rice est née en 1964 à Birmingham dans l’Alabama en plein mouvement pour la conquête des droits civiques. Son prénom est tiré de l’expression musicale italienne Con dolcezza qui signifie « avec douceur ». Mais ce prénom ne l’a pas empêchée d’être confrontée aux difficultés de cette époque. En particulier, elle avait huit ans lorsque Denise McNair, une élève de son école, est tuée lors de l’explosion de la Sixteenth Street Baptist Church ce 15 septembre 1963 causée par des membres du Ku Klux Klan. Cette église était l’un des hauts lieux du mouvement pour la défense des droits civiques.
Condoleeza Rice avait d’abord choisi le camp démocrate jusqu’en 1982, année où elle s’inscrivit au parti républicain en raison d’un profond désaccord avec la politique étrangère de Jimmy Carter. Son père avait fait de même parce que les démocrates de l’Alabama n’avaient pas voulu enregistrer son vote contrairement aux Républicains.
Condoleeza Rice a été particulièrement précoce dans ses études en obtenant sa maîtrise (Bachelor of Art, diplôme correspondant à quatre années d’études supérieures) en sciences politiques à 19 ans, là où beaucoup d’étudiants commencent leur cursus d’études supérieures, et un Master l’année suivante à l’University of Notre Dame (Indiana). Elle s’est intéressée très tôt à l’Union Soviétique et aux relations internationales. Étudiante brillante, elle déclara un jour à un de ses professeurs qui tenait des propos racistes : « Celle qui parle le français ici, c’est moi. Celle qui joue du Beethoven, c’est moi. Ce sont des choses qui s’apprennent ».