« Secularism is like an acid that burns through everything it touches ». Tel est le début de l’article Secularism in the Age of Biden qui établit un lien entre ce phénomène de sécularisation qui touche toutes les sociétés occidentales et l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. Certes, l’article ne prétend pas que Joe Biden en est le responsable mais que « The Biden era is sure to accelerate these trends ». D’ailleurs l’auteur du très conservateur magazine The American Spectator a commencé une série d’estocades sur son fil twitter contre Joe Biden et ses supposées attaques contre la religion. Rappelons que Joe Biden est le deuxième président catholique de l’histoire des Etats-Unis après John Kennedy. Pour ce dernier, ce fut un véritable événement et il fut l’objet d’insinuations et de calomnies en raison de sa religion.
« I am not the Catholic candidate for president. I am the Democratic party’s candidate for president, who happens also to be a Catholic. I do not speak for my church on public matters, and the church does not speak for me », s’était senti obligé de déclarer John à la Greater Houston Ministerial Association.
Pour Joe Biden, l’appartenance à cette confession catholique a bien sûr été mentionnée mais elle n’a pas vraiment créé de controverse. Sans doute pour deux raisons. La première est qu’un autre président l’avait été avant lui. La seconde étant liée à cette tendance de sécularisation de la société américaine. Malgré tout, certains commentateurs, dont l’auteur de l’article, semblent maintenir la longue tradition d’anticatholicisme de la société américaine.
« One of the oldest American prejudices is anticatholicism. From the first landing of the pilgrims to the deistic principles embodied in the Declaration of Independence, Americans formed a cultural tradition with an inherent hostility toward Catholicism. The Puritans of the Reformation and the Founding Fathers of the Enlightenment provided the emotional and intellectual basis for America’s anti-Catholicism. They portrayed the Catholic Church as authoritarian, anti-democratic, superstitious, intolerant, and statist. Catholicism was the foremost enemy of religious and individual liberty. It became and simply was anti-American ». C’est ce qu’écrit Timothy J. Sarbaugh en introduction de sa dissertation de doctorat à la Loyola University of Chicago (John Fitzgerald Kennedy, the Catholic Issue and Presidential Politics, 1959-1960 Politics, 1959-1960). Bon ce n’est pas vraiment en nuance.
L’auteur de l’article note que le phénomène de recul de la religion est plus largement partagé chez les catholiques que chez les protestants (un déclin de 18 % chez les premiers dans les deux dernières décennies, 9 % chez les seconds) et plus importants chez les démocrates que chez les républicains, 25 % chez les premiers et 12 % chez les seconds (La sécularisation de la société américaine en marche).
« Il est évident que la vision d’une nouvelle société américaine de Joe Biden vise à remplacer les fondations judéo-chrétiennes avec un nouvelle ordre fondé sur des impératifs d’une vision du monde progressive et sécularisée », explique l’auteur. On se demande bien où il a été cherché ces idées. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, Dieu est présent dans son discours d’inauguration : « we come together as one nation, under God, indivisible » ; « Many centuries ago, Saint Augustine, a saint of my church, wrote that a people was a multitude defined by the common objects of their love » ; « I promise you this: as the Bible says weeping may endure for a night but joy cometh in the morning » ; « Let us say a silent prayer for those who lost their lives, for those they left behind, and for our country » ; et bien sûr « May God bless America and may God protect our troops ».
Mais alors que les messages d’amour de son prochain [« Je vous donne un commandement nouveau: c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (13, 34-35)], de charité, de paix, de tolérance, d’humilité sont totalement ignorés bien qu’ils soient les plus importants et au cœur de l’évangile, les seuls éléments structurants qui sont retenus par l’auteur sont l’avortement, le mariage gay et les droits inventés (other invented rights), il faut comprendre les droits des LGBT et de certaines minorités.
Depuis l’arrêt de la Cour Suprême Roe v. Wade en 1973, les anti-avortements n’ont pas désarmés et gagnent peu à peu du terrain à la fois sur le plan législatif avec des conditions de plus en plus difficiles et pratique, certains états n’ont qu’un centre médical pour pratiquer l’intervention. L’appellation Pro-life a été particulièrement bien trouvée et est évidemment beaucoup plus « vendeuse » que celle d’anti-avortement qui correspond beaucoup plus à la réalité. Car ceux qui se présentent pro-life ne se contentent pas de mettre cette injonction à exécution pour eux-mêmes mais ils veulent l’imposer à la société tout entière. Les pro-choice n’imposent rien, ils souhaitent juste pouvoir faire valoir ce droit à l’avortement pour eux-mêmes. La remarque peut s’appliquer aussi aux mariages gay et plus généralement aux mouvements des LGBT.
L’auteur essaie de faire croire que la neutralité de l’état vis-à-vis des religions – ce que l’on pourrait appeler la laïcité à la France – la séparation de l’église et de l’état constitue une manœuvre de la nouvelle administration et des démocrates en général de vouloir imposer l’athéisme comme religion de l’état. « Biden’s secularism is a new version of that, an attempt to turn cowed clergy into spokesmen for state propaganda. Biden’s secularism is reshaping policy throughout the government. His secularist mentality is on full display at the State Department, where it now stigmatizes pro-life countries as human rights violators (…) That snide dismissal is consistent with the logic of Biden’s secularism. An administration that undermines religious freedom at home is not going to care about assaults on religious freedom abroad ». En clair, Joe Biden a donc le projet de réduire la place de la religion dans la société américaine. La théorie du complot n’est pas loin.
« Under this arrogant liberalism that Biden espouses, the devoutly religious are seen as “discriminatory” and treated as bad citizens. Liberalism views traditional religion, particularly Christianity, as an impediment to progress ».
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