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J.D. Vance sermonné par le Pape

“You can’t have it both ways”, c’est en substance ce que le pape François a répondu à la vision présentée par J.D. Vance. Lui n’osera peut-être pas contre-attaquer, mais son patron ne se gênera pas pour qualifier François de Pape « radical leftist », voire de « Pape communiste ». Soit vous appliquez les principes distillés dans le slogan America First, soit vous êtes chrétien. Vous ne pouvez pas être les deux.

Dans une interview à Fox News, JD Vance cherche à réconcilier la vision America First – et ses pires déclinaisons comme les déportations de masse de migrants – de Donald Trump avec les principes du christianisme. Contrairement à son patron qui ne s’embarrasse de mots compliqués ou d’idées alambiquées, J.D. habille ses propos de concepts sophistiqués. Vance plaide en faveur d’un « concept chrétien » qui ordonne nos obligations éthiques en une série de cercles concentriques, en commençant par l’amour de la famille, puis par l’amour du prochain, puis par la communauté et la nation, et ensuite seulement vers le reste du monde.

https://twitter.com/JackPosobiec/status/1884795801739710691

“As an American leader, but also just as an American citizen, your compassion belongs first to your fellow citizens. That doesn’t mean you hate people from outside of your own borders, but there’s this old-school [concept]—and I think it’s a very Christian concept, by the way—that you love your family, and then you love your neighbor, and then you love your community, and then you love your fellow citizens in your own country, and then, after that, you can focus and prioritize the rest of the world.”

On se souvient que Jean-Marie Le Pen avait défendu exactement la même idée d’un amour plus fort au centre d’un cercle de relations et qui se déliterait au fur et à mesure que l’on s’en éloignerait. Il faut rappeler que J.D. Vance s’est converti en 2019 au catholicisme, mais il n’a pas choisi la branche la plus tolérante. J.D. Vance a été baptisé et officiellement introduit dans la foi catholique par le père Henry Stephan, un prêtre dominicain, au prieuré Sainte-Gertrude.

“How refreshing it was to have Vice President JD Vance inject an Augustinian/Thomistic concept into the national conversation recently!” écrit Richard Clements (First, Love Locally: JD Vance and ‘Ordo Amoris’). On pourrait ajouter que c’est tellement rafraîchissant que cela en devient glaçant.

Dans cette interview, J.D. Vance affirme que la gauche a « inversé cela », qualifiant le trumpisme de plus fidèle à la notion prétendument chrétienne qu’il avait décrite, parce qu’elle met « les citoyens américains d’abord ».

Cela a été vivement critiqué en ligne, ce qui a conduit Vance à le défendre en citant le concept d’« ordo amoris ».Cela signifie « ordre de l’amour » : même si nous sommes appelés à aimer tout le monde, les limites pratiques de l’aide que nous pouvons offrir aux autres nous poussent à donner la priorité à l’aide à ceux qui sont les plus proches de nous.

Dans le concert de critiques qu’a suscité cette interview, une voix s’est élevée au-dessus des autres, celle du pape François. Dans une lettre aux évêques américains (LETTRE DU PAPE FRANÇOIS AUX ÉVÊQUES DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE), le pape François condamne vertement l’administration Trump pour les « déportations massives » et critique indirectement l’utilisation de l’ordo amoris par Vance  pour défendre le nationalisme trumpiste.

Le pape François reconnaît que les nations et les communautés doivent se défendre contre les migrants criminels graves ou violents. Mais il condamne l’amalgame général entre le statut de sans-papiers et la « criminalité », une réprimande claire des trumpistes qui qualifient par définition de criminels tous les migrants qui franchissent illégalement nos frontières. Dans chacun de ses discours sur l’immigration, le thème majeur qui a sans doute fait gagner le candidat républicain, Donald Trump a systématiquement fait l’équivalence entre migrants et criminels.

L’expulsion de personnes qui, dans de nombreux cas, ont quitté leur propre terre pour des raisons d’extrême pauvreté, d’insécurité, d’exploitation, de persécution ou de grave détérioration de l’environnement, porte atteinte à la dignité de nombreux hommes et femmes, et de familles entières, et les place dans un état de vulnérabilité et d’absence de défense particulières.

Le pape François affirme également que la politique d’immigration doit équilibrer la réglementation de la migration avec la reconnaissance de « l’égale dignité de chaque être humain ». Et il critique l’utilisation de l’ordo amoris par J.D. Vancepour justifier le trumpisme.

« L’amour chrétien n’est pas une expansion concentrique d’intérêts qui s’étendent peu à peu à d’autres personnes et à d’autres groupes », écrit le pape François. « Le véritable ordo amoris qui doit être promu est celui que nous découvrons en méditant constamment sur la parabole du « Bon Samaritain[i] », c’est-à-dire en méditant sur l’amour qui construit une fraternité ouverte à tous, sans exception ».

J.D. Vance explique que les politiques d’immigration de Trump reflètent un ordre de bonne foi de nos obligations éthiques : Donald Trump ne veut peut-être pas expulser tous les immigrants sans papiers, mais cela est exigé de lui par son devoir envers les citoyens américains.

Selon le Pape François, les politiques de Donald Trump sont construites sur un recul ou un retrait massif des obligations des Américains. Ces politiques représentent un renoncement presque total à ces obligations, une déclaration que nous sommes embarqués dans une nouvelle phase d’enrichissement personnel qui n’est presque entièrement pas liée par elles.

Donald Trump a suspendu toutes les admissions de réfugiés. Il met fin au statut de protection aux États-Unis pour des centaines de milliers d’immigrants confrontés à des calamités dans leur pays d’origine. Il tente d’expulser des millions de personnes qui ne sont pas des criminels graves ou violents. Lui et Elon Musk sont en train d’éviscérer l’aide étrangère (référence au démantèlement de l’agence USAID) si profondément et au hasard qu’elle produit déjà de nouvelles horreurs humanitaires, bien que l’aide ne représente qu’une infime fraction de notre budget. Un commentateur faisait remarquer qu’il y a avait un côté indécent de voir l’homme le plus riche du monde s’attaquer aux personnes les plus pauvres du monde. J.D. Vance ne peut pas sérieusement mettre tout cela en relation avec sa doctrine des « cercles concentriques ».

Le site Web de l’USAID est vide. L’équipe Trump n’a même pas pris la peine d’expliquer que l’agence était en cours de restructuration.

« Chers frères évêques des États-Unis, je reconnais vos efforts précieux, alors que vous travaillez étroitement avec les migrants et les réfugiés, en proclamant Jésus Christ et en promouvant les droits humains fondamentaux. Dieu récompensera abondamment tout ce que vous faites pour la protection et la défense de ceux qui sont considérés comme moins précieux, moins importants ou moins humains!, conclut le Pape François.

J’exhorte tous les fidèles de l’Église catholique, ainsi que tous les hommes et les femmes de bonne volonté, à ne pas céder aux discours qui discriminent et causent des souffrances inutiles à nos frères et sœurs migrants et réfugiés. Nous sommes appelés avec charité et clarté à vivre dans la solidarité et la fraternité, à jeter des ponts qui nous rapprochent toujours plus, à rejeter les murs d’ignominie et à apprendre à donner nos vies comme Jésus Christ a donné la sienne pour le salut de tous.


La parabole du bon Samaritain

25 Un enseignant de la Loi se leva et posa une question à Jésus pour lui tendre un piège.– Maître, lui dit-il, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?

26 Jésus lui répondit : Qu’est-il écrit dans la Loi ? Comment la comprends-tu ?

Il lui répondit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton énergie et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même.

28 – Tu as bien répondu, lui dit Jésus : fais cela, et tu auras la vie.

29, Mais l’enseignant de la Loi, voulant se donner raison, reprit : Oui, mais qui donc est mon prochain ?

30 En réponse, Jésus lui dit : Il y avait un homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho, quand il fut attaqué par des brigands. Ils lui arrachèrent ses vêtements, le rouèrent de coups et s’en allèrent, le laissant à moitié mort. 31 Or il se trouva qu’un prêtre descendait par le même chemin. Il vit le blessé et, s’en écartant, poursuivit sa route. 32 De même aussi un lévite arriva au même endroit, le vit, et, s’en écartant, poursuivit sa route. 33, Mais un Samaritain qui passait par là arriva près de cet homme. En le voyant, il fut pris de compassion. 34 Il s’approcha de lui, soigna ses plaies avec de l’huile et du vin, et les recouvrit de pansements. Puis, le chargeant sur sa propre mule, il l’emmena dans une auberge où il le soigna de son mieux. 35 Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, les remit à l’aubergiste et lui dit : « Prends soin de cet homme, et tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai moi-même quand je repasserai. »

36 Et Jésus ajouta : A ton avis, lequel des trois s’est montré le prochain de l’homme qui avait été victime des brigands ?

37 – C’est celui qui a eu compassion de lui, lui répondit l’enseignant de la Loi.

– Eh bien, va, et agis de même, lui dit Jésus.

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