Deux semaines après la nomination de J.D. Vance comme colistier, de plus en plus de questions se posent sur la pertinence du choix. Le sénateur de l’Ohio ne semble pas avoir compris qu’il n’est là que pour servir son patron et surtout qu’il ne doit pas attirer la lumière à lui, en bien ou en mal. Or J.D. Vance interprète un peu rapidement cette candidature comme un marchepied pour des ambitions encore plus grandes.
Depuis qu’il a été nommé candidat à la vice-présidence, des déclarations pour le moins malencontreuses, refont surface et expose le jeune sénateur obligeant son patron à faire le service après-vente, expliquant qu’il fait un « travail fantastique ».
D’abord, les déclarations faites par J.D. Vance sur Donald Trump avant qu’il ait rencontré la lumière : “America’s Hitler”, “I am a Never Trump guy”. Il avait aussi indiqué qu’il pensait que Donald Trump avait commis “a sexual abuse” et que Donald Trump était “unfit for our nation’s highest office”. En 2017, il déclarait que Donald Trump était a “moral disaster” et a “total fraud”. Puis il y a eu les révélations faites via les échanges de mails avec un ancien camarade de classe lorsqu’il était étudiant en droit à l’université de Yale.
Après sa nomination, J.D. Vance aurait pu faire profil bas et consacrer son temps à glorifier son nouveau patron. Mais il s’est sans doute senti investi d’une mission de formaliser et prolonger les idées de Donald Trump après son que celui-ci ait disparu de la scène politique. Toutes choses qui n’intéressent pas Donald Trump puis
chaque apparition publique a fait l’objet d’une controverse. La manière avec laquelle il a essayé de corriger la déclaration sur les “Childless Cat Ladies” : It’s being run “by a bunch of childless cat ladies who are miserable at their own lives and the choices that they’ve made and so they want to make the rest of the country miserable, too.” Comme exemples il avait cité la vice-présidente Kamala Harris, la réprésentante Alexandria Ocasio-Cortez (D-N.Y.) et le ministre des Transports Pete Buttigieg. Puis il y eu les déclarations pour donner plus de droits aux Américains ayant des enfants. Il a aussi enfoncé le clou sur sa position concernant le conflit entre la Russie et l’Ukraine avec lequel une bonne partie des républicains est assez inconfortable. Bref, une accumulation de polémiques qui charge inutilement l’agenda du candidat à la présidence.
Face aux pressions qui semblent aller croissantes, J.D. Vance peut-il être remplacé par un autre candidat ?
D’après le règlement, le RNC peut le remplacer “in the case of death, declination, or otherwise”. Ce qui laisse la porte ouverte à de nombreuses possibilités.
Maintenant, est-ce déjà arrivé ? Oui, en 1972 du côté des démocrates, une élection noire pour eux qui a vu la réélection écrasante de Richard Nixon.
Les primaires démocrates avaient été pour le moins chaotiques avec la nomination difficile de George McGovern. À la suite de l’affaire de Chappaquiddick, le sénateur Edward Moore Kennedy avait dû quant à lui renoncer à se présenter à l’élection présidentielle.
La direction du Parti démocrate marqua d’abord sa préférence pour Edmund Muskie, un centriste qui fut candidat à la vice-présidence en 1968. Mais il est victime dès le début de la campagne de rumeurs et de calomnies portant sur sa femme ou sur des propos qu’il aurait tenus concernant les Canadiens français. Sa défense maladroite et l’expression de son intense émotion le desservent, favorisant l’émergence de George McGovern lors des élections primaires du New Hampshire (Source Wikipedia).
Dans le sud, un autre candidat, représentant l’extrême droite au sein du Parti démocrate, le gouverneur ségrégationniste d’Alabama, George Wallace, se pose en outsider. Se proclamant dorénavant modéré, il fait notamment campagne contre le busing. Il remporte de grands succès dans le Sud mais sa campagne est stoppée nette par une tentative d’assassinat dont il est la victime et qui le laisse paralysé.
Débarrassé ainsi de réels rivaux après le forfait de Wallace, McGovern s’octroie le soutien de la base du parti mais il rencontre des difficultés auprès des barons du parti. Et quand il sera finalement désigné, au bout d’un vote chaotique lors de la convention démocrate réunie à Miami, pour représenter le parti, une centaine de délégués démocrates apporteront leur soutien au républicain Richard Nixon.
Une fois élu candidat à la présidence, George McGovern, le candidat démocrate, avait initialement choisi le sénateur Thomas Eagleton comme son colistier (13 juillet 1972). Cependant, peu de temps après l’annonce, il a été révélé qu’Eagleton avait été hospitalisé à plusieurs reprises pour dépression et avait subi des traitements par électrochocs. Cette révélation a suscité des préoccupations quant à la capacité d’Eagleton à assumer les fonctions de vice-président.
Face à la controverse et à la pression croissante (Pas un jour sans questionnement sur le choix du candidat, Goerge McGovern a finalement décidé de remplacer Eagleton par Sargent Shriver, un ancien directeur du Corps de la Paix et beau-frère de John F. Kennedy. Ce changement a eu lieu en plein milieu de la campagne, ce qui a ajouté à la confusion et aux difficultés de la campagne de McGovern. Un choix par défaut après que Edmund Muskie avait refusé le poste.
Cet incident est souvent cité comme un exemple des défis et des risques associés au choix d’un colistier pour la vice-présidence.