« It’s the Economy Stupid ! » : On se souvient de l’expression forgée par James Carville, stratège dans la campagne présidentielle de Bill Clinton en 1992 contre le sortant George H. W. Bush. Sa phrase s’adressait à l’équipe de la campagne et se voulait l’un des trois messages sur lesquels elle devait se concentrer avec « Change vs. more of the same » et « Don’t forget health care »
On pourrait la reprendre en substituant Economy par Covid tant le sujet est au centre des préoccupations des Américains (comme des Européens d’ailleurs). On pourrait d’ailleurs reprendre les deux autres messages : la santé qui est toujours d’actualité et more of the same tant le programme de Donald Trump est resté inchangé. Il avait essayé « Keep America Great », mais a du revenir au précédent tant ce dernier arrivait à contre-courant avec la crise sanitaire.
Jamais, sur un même sujet, le discours des deux candidats n’a été aussi opposé. Après avoir minimisé le problème, Donald Trump n’arrête pas de déclarer que « We are rounding the turn. We are rounding the corner ». Un médecin interrogé sur le sujet répondait qu’il ne savait pas combien il y avait de « corners » tant le président avait répété la formule. De son côté, Joe Biden a utilisé l’expression « Dark Winter » dans le second débat des candidats à la présidence pour qualifier la période que l’Amérique allait devoir traverser face à la Covid.
Après que son directeur de cabinet (chief of staff), Mark Meadows a répondu à Jake Tapper sur CNN que la Maison Blanche n’allait pas contrôler le virus (voir ci-dessous le verbatim), Donald Trump renchérit avec deux tweets le lendemain en se moquant des médias parce qu’ils ne parlent que de la Covid. Et, à nouveau, il y a beaucoup de cas parce qu’il y a beaucoup de tests. La rengaine habituelle. Ces saillies pourraient être drôles, mais elles sont en fait dramatiques. Comme le font remarquer les « Fake Medias », la Maison-Blanche avoue donc capituler face à l’épidémie.
Donald Trump va vraisemblablement perdre les élections alors qu’il aurait sans doute pu les gagner. Sans la Covid, c’est fortement probable, mais avec le Covid aussi. Pour cela, il n’avait besoin de se transformer en Superman sauveur de l’Amérique. Il lui suffisait de prendre la question avec le minimum de sérieux et de faire montre d’un peu d’empathie envers les Américains qui ont été touchés par la maladie ou qui ont eu des proches affectés. Dès le début, il a minimisé l’épidémie, car il ne pouvait sans doute pas supporter qu’elle contrecarre ses projets de campagne.
Au début de l’épidémie, c’était un canular (hoax), puis elle allait être surmontée, puis il fallait rouvrir l’économie, puis laisser les gouverneurs prendre leurs responsabilités pour mieux les critiquer ensuite, puis qu’il faudrait bien accepter 50 000 morts, 100 000 morts, et alors que le décompte macabre dépassait le seuil des 200 000, d’affirmer qu’il avait sauvé 2 millions de vies grâce à ses actions de choc. Et lorsque la journaliste Lesley Stahl lors de la récente interview de l’émission 60 minutes lui demande ce qu’il ferait de différent s’il devait être à nouveau face à cette crise : « pas grand-chose » a-t-il répondu en substance. Sachant qu’il n’arrête pas de dire qu’il a fait un excellent travail.
Une affirmation en total décalage avec la réalité. Il faudrait presque dire la vraie réalité, car à l’ère Trump il y a désormais la vraie réalité et la fausse réalité.
Echange entre Jake Tapper et Mark Meadows, chief of staff de Donald Trump
“So here’s what we have to do. We’re not going to control the pandemic. We are gonna control the fact that we get vaccines, therapeutics and other mitigations,” Meadows told CNN’s Jake Tapper during a contentious interview on “State of the Union.”
“Why aren’t we going to get control of the pandemic?” Tapper asked.
“Because it is a contagious virus just like the flu,” Meadows responded, adding that the administration is “making efforts to contain it.”
Tapper repeatedly pressed Meadows on the lack of proper mask-wearing at the large rallies being held by President Trump’s reelection campaign as well as the decision to keep Vice President Pence on the campaign trail after two close aides tested positive for the coronavirus this weekend.
Meadows in response stressed developing coronavirus treatments and accused Democratic presidential nominee Joe Biden of pushing for another lockdown.
Biden has said he would follow the advice of scientists on managing the pandemic but that he was not a fan of the idea of shutting down the country again.
Mark Meadows: “We’re not going to control the pandemic, we are going to control the fact that we get vaccines, therapeutics and other mitigations.”
Jake Tapper: “Why aren’t we going to get control of the pandemic?”
Meadows: “Because it is a contagious virus” #CNNSOTU pic.twitter.com/1ahyatu6co