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J-6 : Élections, stress et politique

Les Américains se sentent de plus en plus stressés par la politique après les tentatives d’assassinat, le changement de candidat démocrate de dernière minute, les débats dramatiques et les batailles juridiques. Dans l’enquête Stress in America 2024 que vient de publier l’American Psychological Association (APA), 77 % des adultes américains ont déclaré que l’avenir de notre nation était une source importante de stress dans leur vie.

Les différentes enquêtes réalisées par l’American Psychological Association montrent que ce stress s’est empiré depuis 2016. En 2016, l’élection présidentielle avait causé un stress important pour 52 % des adultes. En 2024, ce nombre est passé à 69 %. De plus, de nombreux adultes américains ont déclaré qu’ils craignaient que les résultats des élections n’entraînent des violences (74 % des répondants) ou que les élections de 2024 ne marquent la fin de la démocratie aux États-Unis (56 % des répondants).

Dans des enquêtes nationales, près de la moitié des adultes américains affirment que la politique est une source importante de stress, citant des problèmes tels que la perte de sommeil, les tempéraments écourtés et les pensées obsessionnelles (Smith, K. B., PLOS ONE, Vol. 17, No. 1, 2022).  

La recherche s’est accélérée depuis les élections de 2016, cherchant à comprendre les aspects uniques de « l’anxiété politique », y compris où elle pourrait se chevaucher avec des conditions psychologiques telles que l’anxiété générale, et où elle diffère. On ne peut que noter le fait que le point de départ soit 2016, date du premier mandat de Donald Trump et avancer l’idée que le discours polarisant et radical de l’ancien président ne soit étranger à ce phénomène. Il dit ce qu’il pense sans filtre et ne se sent pas limité par le politiquement correct, expliquait en 2016 l’entourage de l’ancien président. Son discours d’investiture a été sans doute l’un des plus noirs jamais prononcé par un président. Aujourd’hui, l’argumentaire a pris une tout autre dimension. Appeler les migrants illégaux vermines qui pourrissent le sang du pays ou qualifier tous ceux qui pensent autrement d’ennemis de l’intérieur n’est pas particulièrement apaisant.

Les premières études suggèrent que les deux concepts – anxiété générale et anxiété politique – sont distincts. En d’autres termes, les personnes qui déclarent se sentir anxieuses à propos de la politique ne sont pas simplement des personnes ayant des niveaux élevés d’anxiété dans l’ensemble.

« L’anxiété politique est une chose qui est distincte du stress et de l’anxiété en général » explique Jayme Renfro, professeur de sciences politiques à l’Université de l’Iowa du Nord, qui a mené des recherches sur le stress électoral. « La politique est un facteur de stress compliqué et multiforme, précise Brett Ford, professeur de psychologie à l’université de Toronto, en partie parce qu’elle peut déclencher une grande variété d’émotions, allant de l’inquiétude, de la tristesse et du désespoir à l’indignation, au dégoût, à la colère, à la frustration, etc. Les événements politiques peuvent avoir des répercussions à court et à long terme, et ils impliquent souvent des conflits entre groupes, ce qui peut avoir des ramifications sociales réelles ».

Dans les enquêtes nationales menées lors des élections de mi-mandat de 2018 et de l’élection présidentielle de 2020, environ 40 % des adultes américains ont déclaré que la politique était une source importante de stress dans leur vie.

Dans le cadre de trois enquêtes distinctes, 1 personne sur 20 a également déclaré être si angoissée par la politique qu’elle avait des pensées suicidaires.

Des études sur l’appartenance partisane font écho à ces conclusions. l’une d’elles montre une relation entre une adhésion plus partisane et la possibilité de développer de l’anxiété ou de la dépression. 

Ce stress est si marqué qu’il incite certaines personnes à envisager de déménager. En raison de l’environnement politique, 41 % des adultes américains ont déclaré avoir envisagé de déménager à l’étranger et 39 % ont envisagé de déménager dans un autre État (Stress in America 2024, APA).

Les conséquences des élections peuvent entraîner des conséquences marquantes. Après l’élection présidentielle de 2016, les dépenses en alcool ont augmenté dans les comtés où le soutien au candidat perdant était plus élevé. Mais des études permettent aussi de constater que l’anxiété et les symptômes dépressifs ont tendance à s’estomper dans les jours ou les semaines qui suivent une élection.

Ces résultats soulèvent la question suivante : « Existe-t-il un moyen de réguler les émotions négatives que la politique déclenche afin que la politique ne nuise pas à notre bien-être, mais en même temps, ne diminue pas notre motivation à agir ? », conclut le psychologue Matthew Feinberg, professeur à l’Université de Toronto.

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