Si le droit de vote était réservé aux femmes, Kamala Harris serait élue haut la main. Non pas tant qu’elle joue de sa féminité tout comme elle n’a jamais mis en avant ses origines noire (jamaïcaine) et asiatique (indienne), mais plutôt que Donald Trump a un effet repoussoir pour nombre de femmes. Par ses discours, par des actions passées (la nomination de 3 juges conservateurs à la Cour Suprême qui a permis d’invalider l’arrêt Roe v. Wade de 1973) et son passif (il a été condamné pour viol sans parler de la fameuse vidéo de l’Access Hollywood Tape révélée par le Washington Post en octobre 2016).
Selon une note du Pew Research Center (Most Voters Say Harris Will Concede – and Trump Won’t – If Defeated in the Election), les femmes soutiennent Donald Trump à 52 %, les hommes à seulement 43 %. Et si l’on croise les caractéristiques sexe et race, on obtiendrait des scores beaucoup plus élevés pour la candidate démocrate.
Cet élan des femmes pour les femmes serait encore plus marqué si l’on en croit une enquête que vient de réaliser l’institut KFF (anciennement connue sous le nom de Kaiser Family Foundation) et qui montre que les électrices sont plus enthousiastes à l’idée de voter depuis que Joe Biden s’est retiré de la campagne et que Kamala Harris est entrée dans la course. La question de l’IVG tient une place importante dans cette nouvelle motivation. De juin à septembre, la proportion de femmes qui pensent que l’élection de 2024 aura un impact majeur sur l’IVG est passée de 54 % à 65 %.
Cette question de l’IVG tient une place centrale dans la formation du choix des femmes.
Quatre électrices de moins de 30 ans sur 10 (39 %) disent maintenant que l’avortement est la question la plus importante pour leur vote, soit près du double de la proportion qui disaient la même chose en juin (20 %).
Les électrices sont désormais 11 % plus susceptibles de dire que cette élection présidentielle aura un impact majeur sur l’accès à l’IVG et aux soins de santé reproductive aux États-Unis (65 %, contre 54 %). Parmi les femmes démocrates en âge de procréer – dont un quart (26 %) disent maintenant que l’avortement est leur enjeu de vote le plus important – 79 % disent maintenant que les élections de novembre comptent de manière majeure pour l’accès à l’avortement, contre 66 % en juin. Pendant ce temps, les femmes républicaines ne voient pas l’élection comme un point de basculement majeur sur l’accès à l’avortement, une majorité affirmant que l’élection présidentielle n’aura soit un « impact mineur », soit « aucun impact » (57 %).
En juin, avant que Harris ne soit la candidate démocrate à la présidence, environ la moitié des électrices démocrates (49%) ont déclaré qu’elles faisaient « beaucoup » confiance à Harris pour parler de la politique d’avortement, même si elle était déjà porte-parole de la campagne sur la santé reproductive. En septembre, cette proportion est passée à trois sur quatre (75 %) depuis qu’elle est devenue la candidate démocrate et a fait de l’avortement l’une des caractéristiques de sa campagne. Harris détient également un fort avantage sur Trump sur les électrices en qui les électrices font confiance pour mieux décider de la politique d’avortement (58 % contre 29 %), et s’en sort mieux dans le duel que Biden avec Trump cet été (46 % contre 28 %).
Parmi les autres sujets sur lesquelles Kamala Harris détient un avantage sur son opposant sont l’inflation, la santé.
Environ la moitié (46 %) des électrices disent maintenant qu’elles font confiance à Harris plutôt qu’à Trump (39 %) lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux coûts des ménages. En comparaison, les électrices de juin étaient divisées à parts égales sur le parti auquel elles faisaient le plus confiance pour faire face à la hausse des dépenses des ménages, ce qui ne donne l’avantage à aucun des deux partis. À l’approche des élections de 2024, l’inflation reste le principal problème pour l’ensemble de ce groupe (36 %) et continue d’être la principale priorité pour les femmes noires (51 %) et hispaniques (41 %)
Harris conserve l’avance sur les coûts des soins de santé qui était détenue par le Parti démocrate cet été ; la moitié des électrices (50%) disent qu’elles lui font confiance pour faire un meilleur travail sur cette question contre 34% pour le candidat républicain.
Au-delà du mouvement d’opinion lié à la candidature de Kamala Harris, les jeunes femmes (de 18 à 29 ans) sont devenues de plus en plus libérales (au sens américain). La proportion de celles qui se déclarent libérales / très libérales est passée de 28 % en 2001 à 40 % en 2024 (Exploring Young Women’s Leftward Expansion).
Le mouvement des femmes pour Kamala Harris est soutenu par une coalition (Women for Kamala Harris Grassroots Coalition) qui revendique un million de membres.
Un long chemin vers le droit de vote
C’est en juillet 1848, à la Seneca Falls Convention organisée par Elizabeth Cady Stanton et Lucrecia Mott, pionnières de la lutte pour les droits des femmes que le mouvement est lancé. Mais ce n’est qu’en 1920 que le 19e amendement qui donne le droit de vote aux femmes est ratifié après le vote du Tennessee. Le premier pays à avoir accordé ce jour est la Nouvelle-Zélande en 1983 et le dernier est le Portugal en 1976. En France, c’est en 1944 que ce droit a été donné.