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J-17 : Tout est dans le “ballot”

Voter aux élections américaines de novembre n’est pas chose facile. Pour ceux qui se rendent dans les bureaux de vote, cela signifie souvent de longues heures d’attente. Pour ceux qui votent par correspondance, c’est un véritable chemin de croix. La moindre erreur dans la finalisation du vote peut être fatale. D’ailleurs, les républicains MAGA sont dans les starting-blocks pour détecter la moindre erreur, voire en inventer.

Et puis, il faut remplir le bulletin. Rappelons que contrairement aux élections en France qui sont très spécialisées (président, députés, maires…), les élections américaines concernent simultanément un très grand nombre de postes, mais aussi de mesures (issues). Résultat, si l’on prend le cas du bulletin de vote de l’Ohio (voir le bulletin ci-dessous) et plus précisément du Comté de Hamilton, on obtient un document de 4 pages avec des passages en corps 4 dont la lecture est aussi facile que celle des conditions générales de vente d’un contrat commercial.

Concernant les postes à élire, il y a le président et le vice-président, les membres de la Cour suprême de l’État, un sénateur, les représentants, les juges de la cour d’appel, les commissaires de comté, l’auditeur du comté, le procureur, le shérif, le recorder du comté, le trésorier du comté, l’ingénieur du comté, le médecin légiste, le juge du tribunal des plaidoyers communs.

Concernant les mesures soumises aux votes, il faut mentionner une mesure concernant le “redistricting” (le texte n’est pas des plus limpides) et deux mesures concernant les taxes.

Le choix le plus important concerne bien sûr celui du président et du vice-président – on ne parle que ce ça depuis deux ans – Il y a bien sûr les tickets démocrates et républicains connus de tous, mais aussi d’autres tickets beaucoup moins connus. Les autres candidats qui sont inscrits sur le bulletin de l’Ohio, on peut mentionner Chase Oliver, Mike ter Mast pour le parti libertarien, Peter Sonski et Lauren Onak pour un other party candidate, Jill Stein et Anita Rios qui représentaient le parti vert, mais ne semblent plus afficher cette étiquette et Richard Duncan et Mitchel Preston Bupp. Il est également possible de voter pour un write-in candidate, Jimmy Carter par exemple. Il suffit alors d’écrire le nom des candidats à la présidence et à la vice-présidence.

Dans l’état de l’Ohio, ces « petits » candidats n’ont évidemment aucune chance d’être élus ni de modifier l’élection de l’un des deux candidats républicains ou démocrates. L’Ohio étant devenu républicain – après avoir été longtemps un swing state -, Donald Trump sera assez facilement élu et remportera les 18 voix des grands électeurs.

L’organisation des élections de novembre est de la seule responsabilité des élus de l’État, en général très jaloux de ses prérogatives. Cela n’empêche, les élus de certains États de se mêler des affaires des autres. Le cas récent le plus surprenant est celui du Sénateur de Caroline du Sud Lyndsey Graham qui est allé dans le Nebraska pour influencer les élus locaux et les pousser à changer leur mode de scrutin qui, à l’instar de celui du Maine, est différent de celui de tous les autres États. En adoptant la règle du Winner takes all, qui donne toutes les voix des Grands électeurs à celui qui a gagné le vote populaire, les républicains pouvaient espérer gagner une voix. Ce qui dans les circonstances actuelles pourrait être capital. Rappelons qu’en cas d’égalité des votes de grands électeurs (269-269), c’est le Congrès qui voterait avec une voix par État. Ce qui permettrait à Donald Trump d’être élu.

D’un point de vue pratique, les électeurs peuvent choisir entre plusieurs façons de voter. Le mode le plus traditionnel est de voter en personne le jour de l’élection en se rendant dans le bureau de vote. Il y a ensuite le vote anticipé. Plusieurs États permettent aux électeurs de voter en personne plusieurs semaines avant le jour du scrutin. Il y a ensuite le vote par correspondance. Cette méthode permet aux électeurs qui ne sont pas en mesure de se rendre aux urnes le jour du scrutin de demander un bulletin de vote et de voter par correspondance. Traditionnellement, le vote par correspondance nécessitait une excuse valable, mais de nombreux États ont élargi l’accès au vote par correspondance ou l’ont rendu accessible à tous les électeurs. Elle s’est largement développée lors de la dernière de 2020 à l’occasion du Covid.

Les méthodes utilisées pour voter sont, elles aussi, très différentes selon les États. La plus traditionnelle est celle du bulletin papier qui peut être dépouillé de manière manuelle ou avec un système de lecture optique optique. Il y a ensuite la catégorie des machines à voter électroniques. Elles sont principalement de deux sortes (Direct Recording Electronic (DRE) Systems ou Ballot Marking Devices (BMD). L’électeur utilise une interface qui lui permet de faire sa sélection directement dans la mémoire du système ou le système l’aide à faire ses choix sur un bulletin papier. Il y a également des systèmes hybrides qui combinent le papier et l’électronique et les systèmes à cartes perforées (Punch Card Systems) où l’électeur perce des trous pré-établis. Ces cartes sont lues par des scanners optiques.

Bref, c’est une véritable jungle. Le développement du vote par correspondance va conduire de plus en plus à ce que le résultat ne soit pas connu le soir même de l’électeur. D’autant que certains n’autorisent le dépouillement des votes par correspondance que le jour de l’élection. Il peut conduire à ce que l’on appelle le Red Mirage ou le Blue Mirage. Lors des élections présidentielles de 2020, Donald Trump était en tête le soir de l’élection. Ce qui l’a poussé à déclarer la victoire. Le problème est que les votes par correspondance étaient en grande majorité démocrates faisant ainsi basculer l’élection en faveur de Joe Biden. Le même phénomène pourrait se reproduire même si, contrairement aux élections de 2020, les républicains ont aussi appelé à voter par correspondance.

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