Elle n’a aucune chance. Elle sait qu’elle n’a aucune chance. Mais rien ne l’arrête, elle ira jusqu’au bout quitte à faire perdre l’un des deux principaux candidats, en l’occurrence Kamala Harris. Et ce n’est pas sa première tentative. Selon le New York Times (Jill Stein Won’t Stop. No Matter Who Asks), même sa famille ne lui apporte pas son soutien cette fois.
Sa première expérience dans la politique remonte à 2002. A l’époque, elle se présente pour le parti Green-Rainbow aux élections pour le poste de gouverneur dans l’État du Massachusetts où elle se classe en troisième position, mais loin derrière les candidats des deux grands partis (76 000 voix contre respectivement 1,1 million et 1 million pour Mitt Romney et Shannon O’Brien. Elle se représente en 2010 pour le même poste, mais elle fait moins bien en 4e position avec seulement 32 000 voix. Si tu ne peux pas sauter 1,50 m, tente 2 m semble être sa devise puisqu’elle se présente en 2012 aux élections présidentielles, toujours pour le parti vert. Elle se classe en 4e position avec 0,36 % des voix. Apparemment, elle ne se lasse pas en se présentant à nouveau en 2016 où elle se classe à nouveau 4e (avec 1,1 %) derrière les deux principaux candidats et le libertarien Gary Johnson. Cette accumulation de défaites ne l’empêche de continuer et de se présenter en 2024.
Quelle peut être la motivation d’un candidat d’un parti tiers ? Certainement pas d’être élu président. Dans les élections récentes, Ross Perot est le seul qui a joué un rôle important dans la campagne et les élections de 1992. Mais le système biparti américain et le système électoral indirect laminent les candidats autres que les deux principaux. Malgré ses 18,9 % de voix populaires, il n’a réussi à collecter aucune voix de grands électeurs. Il a peut-être joué un rôle dans la défaite de George H.W. Bush. C’est surtout ce type de conséquence que peut entraîner la présence d’un ou plusieurs candidats tiers, jouer un rôle d’arbitre et faire gagner ou perdre l’un des deux candidats des deux principaux partis (voir encadré ci-dessous). Même s’ils s’en défendent toujours avec beaucoup d’énergie, car ce n’est pas un rôle très positif.
Historiquement, le cas de Theodore Roosevelt qui tentait un comeback en 1912 comme candidat pour le parti progressiste (Bull Mosse Party) a fait élire le démocrate Woodrow Wilson. Plus récemment, le cas le plus marquant est celui de Ralph Nader en 2000. Ses quelque 95 000 voix, dont la plus grande partie aurait été donnée à Al Gore aurait largement permis de renverser le différentiel de 537 voix en faveur de George W. Bush.
Ell pourra donc jouer un rôle décisif en étant présente dans la plupart des 7 États qui compteront en novembre. Et l’on sait que quelques milliers de voix pourront faire la différence. Étant ses positions, elle causera beaucoup plus de tort à la candidate démocrate. Donald Trump ne s’y est pas trompé en déclarant dans un meeting de campagne en juin : “I like her very much, You know why? She takes 100 percent from them.” Ce dont elle se défend évidemment.
Sur beaucoup de sujets, elle adopte des positions radicales (voir sur la politique étrangère ci-dessous). Elle va attirer les voix de jeunes électeurs ou d’électeurs de confession musulmane (ils sont près de 300 000 dans le Michigan) en raison de ses positions propalestinienne et anti-israélienne. Hassan Abdel Salam, fondateur du groupe Abandon Harris n’avait-il pas déclaré : “the goal is to punish the vice-president”. Concernant la guerre entre la Russie et L’Ukraine, elle entend “Stop fueling the war between Russia and Ukraine and lead on negotiating a peaceful end” dans des termes qui se rapprochent de celles de Donald Trump, c’est-à-dire au détriment de l’Ukraine.
Son colistier, Butch Ware, professeur de African et Islamique Studies, semble tout aussi radical. N’avait-il qualifié Kamala Harris de “Black face of white supremacy”.
Le parti démocrate diffuse activement des publicités politiques sous forme de tableau d’affichage ou de spot tv, espérant que le phénomène de 2016 ne se reproduise pas.
Quelques positions en politique étrangère
– End existing wars, military actions, proxy wars and secret wars ;
– Cut military spending by 50-75% and ensure a just transition that replaces military jobs with Green New Deal jobs ;
– Close the vast majority of the 700+ foreign US military bases ;
– Lead on global nuclear disarmament ;
– Remove war powers from the president and restore Congress’ sole power to declare war ;
– Disband NATO and replace it with a modern, inclusive security framework that respects the security interests of all nations and people ;
– Demand an immediate ceasefire in Israel and Palestine, an end to the blockade of Gaza, immediate humanitarian and medical relief, and release of hostages and political prisoners ;
– Immediately end all military aid to Israel and adopt sanctions until Israel complies with international law to put an end to decades of violence, illegal occupation, displacement, dispossession, apartheid, and ethnic cleansing ;
– End the longstanding US practice of vetoing UN Security Council resolutions to hold Israel accountable to international law ;
– Stop fueling the war between Russia and Ukraine and lead on negotiating a peaceful end ;
– End the embargo of Cuba and normalize relations ;
– End sanctions on Cuba, Nicaragua and Venezuela that amount to collective punishment of civilian populations ;
– End US interventionist policies that drive people to become migrant refugees ;
– End the failed drug wars and stop regime change attempts against foreign governments
– Ban the use of killer drones, robots, and artificial intelligence
– Close the Guantanamo Bay detention camp
Elections récentes avec un candidat tiers
– George Wallace en 1968 : George Wallace, gouverneur de l’Alabama, s’est présenté comme candidat du Parti indépendant américain (American Independent Party) lors de l’élection présidentielle de 1968. Il a obtenu environ 13,5% des voix populaires et a remporté cinq États du Sud. Sa candidature a principalement attiré les électeurs conservateurs mécontents des deux grands partis, et son impact a été significatif dans la course serrée entre Richard Nixon et Hubert Humphrey.
– Ross Perot en 1992 : Ross Perot, un homme d’affaires texan, s’est présenté comme candidat indépendant lors de l’élection présidentielle de 1992. Il a obtenu environ 19% des voix populaires, ce qui est l’un des meilleurs résultats pour un candidat de parti tiers dans l’histoire récente. Perot n’a remporté aucun État, mais certains analystes pensent que sa candidature a pu diviser le vote conservateur et contribuer à la victoire de Bill Clinton sur George H.W. Bush.
– Ralph Nader en 2000 : Ralph Nader, candidat du Parti vert, a obtenu environ 2,7% des voix populaires lors de l’élection présidentielle de 2000. Bien que ce pourcentage soit relativement faible, son impact a été crucial dans certains États clés. En Floride, par exemple, Nader a obtenu environ 97 000 voix, largement plus que la marge de 537 voix qui a séparé George W. Bush et Al Gore. Beaucoup de démocrates ont accusé Nader d’avoir divisé le vote de gauche et d’avoir ainsi contribué à la victoire de Bush.
– Jill Stein en 2016 : Jill Stein, candidate du Parti vert, a obtenu environ 1,1% des voix populaires lors de l’élection présidentielle de 2016. Bien que ce pourcentage soit relativement faible, son impact a été scruté de près dans certains États clés. Par exemple, en Michigan, Wisconsin et Pennsylvanie, les marges de victoire de Donald Trump sur Hillary Clinton étaient très étroites, et certains ont suggéré que les votes pour Stein auraient pu faire la différence.