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J-10 : L’Ukraine

L’Ukraine. S’il y avait une raison de voter Kamala Harris, c’est bien l’Ukraine. Oui, mais l’inflation, oui, mais l’immigration, oui, mais la criminalité, oui, mais l’IVG. Tous ces « oui, mais » ne devraient pas peser lourd par rapport à l’Ukraine. On le sait, la politique étrangère n’est pas un sujet qui influe beaucoup sur la décision des électeurs. Mais cette année est différente. L’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a eu pour conséquence la première guerre de haute intensité sur le continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale, est un événement considérable qui remet tout en cause et redéfinit les équilibres mondiaux. L’issue de cette guerre sera lourde de conséquences.

Vladimir Poutine espérait faire tomber l’Ukraine et prendre Kiev en trois jours. Penser qu’il s’agit d’une guerre entre deux pays européens est une erreur. Les États-Unis sous Joe Biden et l’Europe ont apporté l’aide militaire, financière et humanitaire qui a permis à Volodymyr Zelensky de faire front et de repousser les assauts russes. Près de trois ans après, la guerre s’est enlisée et aucun des deux protagonistes ne semble en mesure de l’emporter. Clairement, Vladimir Poutine attend le résultat de l’élection de novembre, car les politiques qui seront mises en œuvre par le nouveau locataire de la Maison-Blanche seront radicalement dimanche.

Donald Trump est prêt à laisser tomber les Ukrainiens en rase campagne, America First oblige. D’autant que son analyse de la situation est assez simple ; la guerre a eu lieu à cause de Zelensky. Dans une interview podcast publiée jeudi, l’ancien président Donald J. Trump a accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky d’être responsable de l’invasion de son pays par la Russie, inversant les faits de la plus grande action militaire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

“I think Zelensky is one of the greatest salesmen I’ve ever seen,” a-t-il déclaré. “Every time he comes in, we give him $100 billion (NDLR : le montant augmente de 10 milliards à chaque déclaration). Who else got that kind of money in history? There’s never been. And that doesn’t mean I don’t want to help him, because I feel very badly for those people. But he should never have let that war start. That war is a loser.” Déclarations qui vont dans la continuité des actions de sape déjà entreprises. C’est lui a qui a convaincu Mike Johnson de repousser de plusieurs mois le dernier paquet d’aides financières de 60 milliards de dollars.

Donald Trump a déjà suggéré que la responsabilité des destructions généralisées causées par l’invasion russe incombait au président ukrainien. M. Zelensky, a-t-il dit, aurait dû conclure un accord avec M. Poutine pour éviter l’invasion.

“Those cities are gone, they’re gone, and we continue to give billions of dollars to a man who refused to make a deal,” avait déclaré Donald Trump à un meeting de campagne le mois dernier à Mint Hill en Caroline du Nord.

Trump Meets With Ukraine’s Zelensky At Trump Tower And Takes Reporters’ Questions

Trump calls Zelensky ‘greatest salesman of all time’

On the podcast, after lamenting the devastation in Ukraine, Mr. Trump pointed the finger at Mr. Biden. Speaking with the podcast’s host, Patrick Bet-David, a conservative finance entrepreneur, Mr. Trump denigrated Mr. Biden’s intelligence by claiming that with a smarter president, the war “would have been easy to settle.”

Dans le podcast, après avoir déploré la dévastation en Ukraine, Donald Trump a pointé du doigt Joe Biden. S’adressant à l’animateur du podcast, Patrick Bet-David, un entrepreneur financier conservateur, Donald Trump a dénigré l’intelligence de Joe Biden en affirmant qu’avec un président plus intelligent, la guerre « aurait été facile à régler ». C’est le “I alone can fix it Donald Trump” qui parle.

Lorsque Donald Trump, lors de son débat avec la vice-présidente Kamala Harris le mois dernier, avait été interrogé sur la question de savoir s’il voulait que l’Ukraine gagne la guerre, il n’avait pas répondu. Donald Trump a exprimé à de très nombreuses reprises son admiration pour Vladimir Poutine et parle souvent de leur proximité. Cette semaine, il a esquivé à deux reprises les questions sur un rapport dont il avait parlé à Vladimir Poutine après la fin de sa présidence, mais a déclaré que cela aurait été une « chose intelligente » s’il l’avait fait. Sur cette question, le documentaire d’Antoine Vitkine est plus que troublant (Opération Trump : Les espions russes à la conquête de l’Amérique). On a évidemment en tête la déclaration qu’il avait faite lors de la conférence d’Helsinski en 2018 dans laquelle il affirmait faire plus confiance à Vladimir Poutine qu’à ses propres agences de renseignements.

Certains considèrent que c’est l’Occident qui a fait imploser l’URSS, a créé le chaos qui s’installa avec Boris Elsine et a humilié ou marginalisé la Russie poussant ainsi Vladimir Poutine à devenir aussi hostile et à faire alliance avec la Chine. « Tout au contraire, considère Nicolas Baverez dans son livre Démocraties contre Empires autoritaires. Elle fut pleinement intégrée dans la communauté internationale. Elle rejoignit le Conseil de l’Europe en 1996, puis le G7 élargi en G8 en 1997, dont elle décida de se retirer en 2017. Elle fut associée à l’OTAN au sein d’un forum en 1997, renforcé en conseil à Rome en 2002. Le choix des pays d’Europe centrale et orientale en 1997, puis des pays baltes en 2004, d’adhérer à l’OTAN relève de leur décision souveraine et ne fut pas guidé par une quelconque volonté offensive contre la Russie. Et l’Alliance de déploya de troupes sur le territoire de ses nouveaux membres qu’en 2014, pour répondre à l’annexion de la Crimée qui matérialisait le retour d’un péril immédiat sur leur sécurité. Le sommet de Bucarest de 2008 accoucha d’un compromis bancal et ambigu à propos du projet d’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine. Mais jamais l’OTAN, alliance défensive, n’élabora ou ne développa de scénarios offensifs contre la Russie ou ses intérêts, y compris avec le projet de bouclier antimissile de 2007. »

The war in Ukraine is at risk of being lost—not because the Russians are winning but because Ukraine’s allies have not allowed them to win. If we encourage the Ukrainians to fight while failing to give them the tools they need for victory, history will surely conclude that the Russians weren’t the only ones who committed crimes against Ukraine.
The Abandonment of Ukraine by Karl Marlantes and Elliot Ackerman

De son côté, l’Ukraine a fait preuve de bonne volonté. En 1994, elle a signé le Budapest Memorandum selon lequel elle retournait à la Russie les 2000 têtes nucléaires dont elle avait hérité sous l’ère de l’URSS en échange de quoi Moscou promettait de garantir sa souveraineté.

Harris slams detractors who suggest Ukraine cede territory to Russia

S’il elle est élue, Kamala Harris poursuivra la politique de Joe Biden consistant à soutenir l’Ukraine quoi qu’il en coûte et autant que nécessaire. C’est ce qu’elle avait déjà déclaré en tant que vice-présidente à l’occasion d’une interview à l’occasion de la conférence sur la sécurité il y a un an à Munich. Expliquant ainsi la politique de Joe Biden, qu’elle reprend à son compte en tant que candidate. Évidemment, l’orientation du Congrès sera un élément important. Depuis, le 24 février 2024, date de l’attaque des Russes, l’Ukraine a reçu 235 milliards de dollars.

Il s’agit de faire en sorte que l’Ukraine soit dans une position lui permettant de négocier dans de bonnes conditions. Quel est l’objectif ? Revenir aux frontières de 1991 incluant la Crimée ou accepter un compromis. Selon The Economist (A clear divide, The Economist, 12 octobre 2024), plus de la moitié des Ukrainiens seraient prêts à accepter de perdre le Dombass et la Crimée en contrepartie de recouvrer la souveraineté sur les territoires occupés de Zaporizhia et de Kherson. Quelque 38 % des Ukrainiens déclarent qu’ils sont prêts à accepter les frontières actuelles si le pays était admis dans l’Union européenne et bénéficiait des fonds nécessaires à la reconstruction. Des évaluations ont porté le montant nécessaire à 750 milliards de dollars, mais il s’agit là d’une estimation qui ne peut être que très approximative. Une chose est sûre, ce sont des montants considérables. Les Russes ont envahi environ 18 % du territoire Ukrainien. Cette proportion s’élève à 47 % si l’Ukraine est admise dans l’OTAN. L’essentiel est que les Ukrainiens aient les moyens de décider de leur destin. Certains pensent même que les États-Unis ont fait le service minimum. C’est le cas de Karl Marlantes and Elliot Ackerman qui, dans un article publié par le magazine The Atlantic, considèrent que “the most unsettling thing we saw was the American strategy in Ukraine, one that gives the Ukrainian people just enough military aid not to lose their war but not enough to win it. This strategy is slowly bleeding Ukraine, and its people, to death”.

VP Kamala Harris discusses Russia-Ukraine conflict in preview of exclusive interview

Five days before Russia attacked Ukraine, she met with President Zelenskyy to warn him about Russia’s plan to invade and helped mobilize a global response of more than 50 countries to help Ukraine defend itself against Vladimir Putin’s brutal aggression. And she has worked with our allies to ensure NATO is stronger than ever. 
(Source : kamalaharris.com/issues)

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