« L’insurrection est le plus saint des devoirs » avait déclaré La Fayette le 20 février 1790 dans un discours à l’Assemblée nationale. Cette invocation résonne particulièrement en cette année 2011 après le succès du petit opuscule de Stéphane Hessel intitulé Indignez-vous, prélude clairvoyant à nombres de soulèvements contre les pouvoirs en place aux quatre coins du monde qui ont conduit le Time Magazine a choisir Le Protestataire comme la personnalité de l’année.
Ou, mais la phrase lorsqu’elle est replacée dans la citation complète change complètement le sens
« Pour la révolution, il a fallu des désordres, car l’ordre ancien, n’était que servitude, et, dans ce cas, L’insurrection est le plus saint des devoirs ; mais pour la constitution, il faut que l’ordre nouveau s’affermisse, et que les lois soient respectées ». (Esquisses historiques des principaux événemens de la révolution …, Volume 1 Par Jacques-Antoine Dulaure).
« Ces mots, “L’insurrection est le plus saint des devoirs”, isolés de ce qui les précède et les suit, devinrent un axiome populaire dont abusèrent et quelques patriotes et les ennemis de la révolution, explique Jacques-Antoine Delaure : les premiers pour autoriser leur turbulence, les seconds pour accuser M. de La Fayette d’exciter des révoltes. Bref, utiliser les petites phrases, n’est donc pas une méthode nouvelle même si aujourd’hui c’est devenu une sorte de sport national ».
Cette maxime ainsi tronquée est devenue par la suite en quelque sorte la préface habituelle de toutes les révolutions du XIXe siècle (source Wikipedia).
La Fayette se posait plus en adversaire de l’anarchie qu’en agitateur. « On le vit plus d’une fois exposer sa vie pour faire rentrer dans l’ordre une multitude échappée au frein des lois, mais dont les grands mouvements», témoigne l’historien Charles de la Lacretelle, conservaient toujours pour son esprit fasciné quelque chose de sublime et de sacré. »