On connaissait Don Vito Corleone. On connaît aujourd’hui Don Trumpeone,
C’est donc la quatrième inculpation qui vient d’être lancée contre Donald Trump. On finirait par trouvé normal ce qui ne l’est pas et a en être blasé. C’est un peu le même phénomène que les mensonges. Ils perdent en importance avec leur nombre. On s’habitue. Et pourtant, c’est là une situation totalement inédite dans l’histoire des Etats-Unis.
Bien qu’elle concerne la même affaire que celle qui a fait l’objet de la seconde inculpation du procureur Jack Smith, à savoir une tentative de coup d’état, l’inculpation faite par la procureure de Géorgie Fana Willis se différencie sur plusieurs points :
- Une condamnation ne pourrait pas faire l’objet du pardon présidentiel ni même du gouverneur de l’État de Géorgie ;
- Une condamnation entraînera une peine minimale de 5 ans et maximale de 20 ans ;
- Le ministère de la Justice ne peut exercer aucune influence, cette affaire reste locale et sous la responsabilité de l’état de Géorgie ;
- Le procès devrait être télévisée contrairement au procès lié à la seconde inculpation de Jack Smith qui est au niveau fédéral ;
- Le procès restera local même si Donald Trump essaiera de le faire transférer sous la responsabilité d’une juridiction fédérale (pour les raisons évoquées ci-dessus) ;
- Pour l’inculpation de Donald Trump et de 18 autres co-conspirateurs (mentionnés nommément mais il y en a d’autres (Trump’s Georgia case lists 30 unindicted co-conspirators: What we know), Fani Willis a utilisé la loi Racketeer Influenced and Corrupt Organizations (RICO), une loi fédérale des États-Unis qui prévoit des sanctions pénales étendues et une cause d’action civile pour les délits commis dans le cadre des activités d’une organisation criminelle. Donald Trump en Don Corleone, cela ne manque pas de sel. Autre clin d’œil, Rudy Giuliani (deuxième dans la listedes inculpés) qui l’un des principaux conspirateurs, a utilisé cette loi pour faire tomber la mafia de New York. Triste retournement de l’histoire.
Le document de l’inculpation, un épais document de 98 pages dont l’introduction précise :
« Defendant Donald John Trump lost the United States presidential election held on November 3, 2020. One of the states he lost was Georgia. Trump and the other Defendants charged in this Indictment refused to accept that Trump lost, and they knowingly and willfully joined a conspiracy to unlawfully change the outcome of the election in favor of Trump. That conspiracy contained a common plan and purpose to commit two or more acts of racketeering activity in Fulton County, Georgia, elsewhere in the State of Georgia, and in other states ».
La procureure a proposé début mars 2024 pour le procès. Dans une démarche classique de gagner du temps, les avocats demandent avril 2026.
5 faits sur les inculpations selon Robert Reich, ancien ministre du travail de Bill Clinton et professeur de sciences politiques à Berkeley
Ce sont quatre « grand jurys » composé de 23 citoyens ordinaires qui, au vu de la présentation des faits, ont procédé aux inculpations. Il faut une majorité simple pour décider d’une incupaltion.
Il ne s’agit pas de « free speech » comme l’avait défendu John Lauro, l’un des avocats de Donald Trump sur la 4e inculpation, mais d’actions engagés par Donald Trump et ses co-conspirateurs.
Depuis le 3 novembre (et même avant), Donald Trump répète à l’envi – sans preuve et contre toutes les actions en justice engagées – que les élections ont été truquées. Mais peu importe qu’il le croit ou non. Une grande partie de son entourage lui bien confirmé qu’il avait perdu les élections. Jamie Raskin, désnateur démocrate, le résume assez bien : « vous pouvez pensez que votre banque vous doit de l’argent, cela ne vous autorise pas à la piller »
Donald Trump répète que toutes ces affaires sont du « witch hunt » et que la justice s’acharne contre lui. En fait, un autre que Trump qui aurait agi de la sorte serait déjà derrière les barreaux. Traitement préférentiel peut-être mais pas dans le sens que l’on pense.
Tout cela est-il surprenant ? Non. Si l’on en croit David Cay Johnson, Donald Trump a été impliqué dans plus de 3500 procès (The Making of Donald Trump – P22). Donald Trump considère la Justice comme un moyen de défendre ses intérêts et non de faire respecter la loi.
Le magazine The Hill propose un petit comparatif des quatre inculpations.