La Dynastie Clinton devrait gagner contre la marque Trump. Mais le sentiment majeur exprimé par les Américains est que c’est là une victoire par défaut. Ils vont voter plus contre Donald Trump que pour Hillary Clinton. Evidemment la candidate démocrate a permis d’éviter le pire : faire entrer un personnage très inquiétant à la Maison Blanche. Une sorte de président qui aurait absorbé la personnalité du docteur Folamour du Film de Stanley Kubrick. Il a été rapporté que lors d’un briefing donné par des responsables de ministère de la défense – comme il est d’usage – que Donald Trump a demandé à trois reprises pourquoi il n’était pas possible d’utiliser l’arme atomique. Penser qu’un individu aussi impulsif et sanguin puisse porter avec lui la valise et les codes nucléaires fait froid dans le dos.
Lors de la campagne de 1964, une vidéo réalisée par Lyndon Johnson et intitulée Daisy Girl avait créé une controverse. Ce petit film mettait en scène une petite fille effeuillant une marguerite avant que ne démarre un compte à rebours et intervienne une explosion atomique. Une vidéo glaçante qui se termine par l’injonction de voter pour le candidat démocrate et qui, en creux, met en garde sur le risque encouru par l’élection du candidat républicain Barry Goldwater. Elle avait été montrée qu’une seule fois mais avait eu apparemment un impact très fort. Elle pourrait être utilement réutilisée contre Donald Trump.
Donald Trump a pu aller aussi loin sur son simple nom devenue une marque. Difficile pour qui se promène à New York d’échappe à un signe qui indique « Trump quelque chose ». D’ailleurs cette manie d’apposer son nom – Trump World Tower, Trump Building, Trump Entertainments Resorts, Trump International Hotel & Tower Chicago, Trump Hotel Las Vegas
Trump Park Avenue – est simplement de la mégalomanie. Evidemment elle « fait tâche » lorsque ces marques font faillite ou sont source de scandale : Trump Taj Mahal, Trump Castle, Trump Plaza and Casino, Trump Airlines, Trump University… D’ailleurs une partie son activité consiste désormais à vendre son nom-marque à des entrepreneurs plutôt qu’à entreprendre lui-même.
Mais Trump est adepte de la théorie qu’il vaut mieux que les médias parlent de lui, en bien ou en mal peu importe, mais parlent de lui. Et de toute façon, comme il n’a qu’un lointain rapport avec la réalité et les faits, il peut toujours prétendre que son entreprise est la meilleure du monde. « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque-chose… » Et contrairement à l’idée couramment répandu, il pense qu’on peut « tromper mille personnes, mille fois ».
De l’autre côté, Hillary Clinton va être élue seize après son mari, un fait unique dans l’histoire des Etats-Unis. L’élection de 2016 s’est inscrite dans une période politique de près de 40 ans marquée par deux familles : les Bush et les Clinton. Depuis 1980, il n’est pas une élection lors de laquelle un des représentants de l’une ou de l’autre famille ne soit impliqué dans l’élection, à l’exception de celle de 2012. Un peu plus tôt, c’est la dynastie Kennedy qui avait marqué l’histoire des Etats-Unis. Il existe encore des descendants qui sont impliqués dans la politique dont Patrick Kennedy, le plus jeune fils de Ted Kennedy. Les Américains ont créé leur nation par rejet de la couronne britannique mais bizarrement ils expriment un intérêt tout particulier pour la famille royale d’Angleterre. Beaucoup plus marquée que chez les Français qui, eux il est vrai, ont fini par couper la tête du roi.
Un couple à la Maison Blanche – on ne sait pas encore qu’elle sera l’appellation masculine officielle de la First Lady – est une curiosité. A plusieurs reprises dans l’histoire des Etats-Unis, des familles avaient investi le 1600 Pennsylvania Avenue. Le père et le fils avec John Adams et John Quincy Adams, George H.W. Bush et George W. Bush ; le grand-père et le petit-fils avec William Harrison et Benjamin Harisson ; Les liens supposés entre Theodore et Franklin sont en fait beaucoup plus distants : Franklin Roosevelt ne fut que l’époux de la fille du frère de Théodore Roosevelt, ce dernier n’étant qu’un lointain cousin du mari de sa nièce… En gros, il avait le même nom mais pas beaucoup plus.
La critique récurrente selon laquelle le système français ne réussit pas à faire émerger de nouvelles personnalités pourrait bien être appliquée au système américain. N’est-ce pas là un problème pour la démocratie ? Car depuis un demi-siècle, la sélection des candidats à la Maison Blanche n’a pas beaucoup donné sa chance à de nouveaux venus. De ce point de vue, Barack Obama apportait une grande bouffée de fraicheur car son expérience politique n’était pas si longue : 4 ans au Sénat de l’Illinois et 4 ans au Sénat des Etats-Unis. Ce qui ne l’a pas empêché d’être un président respecté qui a sans doute déçu tant les attentes étaient grandes mais qui finit son deuxième mandat avec un taux d’approbation de 50 %. A comparer avec les 4 % de notre actuel président. Quarante ans plus tôt, Jimmy Carter sortait de nulle part à tel point qu’il était surnommé « Jimmy who ? ».
Bref, entre dynastie et marque, la concurrence est rude et le sera sans doute de plus en plus avec la démultiplication des médias et leurs avatars que l’on appelle sociaux. Pour l’heure, avantage à la dynastie.
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