220 contre 215 : tel est le résultat très serré du vote de la Chambre des Représentants. 39 représentants démocrates ont voté contre et un républicain a voté pour, il s’agit de Anh Joseph Cao de la Louisiane. C’est une incontestable victoire pour Barack Obama, même si la partie n’est pas encore finie.
Il faut en effet que le Sénat vote son propre texte. Qu’une commission réunissant des membres des deux chambres réconcilie les deux textes pour en tirer un texte unique sur lequel le Sénat devra revoter tout comme la chambre des représentants. Ensuite le président aura dix jours (sans comter le dimanche) pour signer le texte. On pense qu’il n’attendra pas trop pour le faire. La prochaine étape au Sénat risque en particulier d’être assez serrée.
Si cette loi passait, ce serait indiscutablement une étape importante de l’histoire sociale américaine. Parmi les grandes dates de l’histoire sociale américaine, on peut citer la social security en 1935, Medicaid et Medicare en 1965 et la réforme de santé – si elle passe en 2010 (il est fort peu probable qu’elle soit voter avant la fin de l’année).
Les républicains ont donc maintenu leur position très partisane contre ce projet de réforme. La déclaration du républicain du Texas Kevin Brady citée par le Washington Post résume bien la position outrancière de nombre d’entre eux : « Plus de gouvernement ne signifie pas un meilleur système de santé. Cette réforme n’est pas celle dont nous avons besoin. Au contraire, c’est un grand pas vers un système unique d’assurance santé. A terme, Washington décidera le docteur que vous pourrez voir, le traitement dont vous aurez besoin et quand vous serez malade… vaudrez-vous toujours la peine que l’on vous soigne ».
Certains démocrates ont posé des conditions sans appel dont la plus importante était de ne pas financer les avortements. Un amendement a été approuvé à 240 voix contre 194.
Le quotidien Washington Post a publié les votes de tous les représentants et indiqué pour chacun d’eux le montant des soutiens financiers reçus dans leur campagne électorale provenant de sociétés appartenant au secteur de la santé. Difficile de faire plus transparent. Mais cela ne donne finalement pas beaucoup d’informations. Sur les dix plus importants receveurs, six ont contre le projet de loi : parce qu’il sont républicains ou parce qu’ils ont été influencé par les lobbies. Il semblerait que c’est l’appartenance partisane qui est le principal facteur du vote. Les républicains votent contre parce qu’ils sont contre, c’est aussi simple que cela, ils sont viscérale opposés à ce projet qui à l’encontre de leur credo.
Les dix sénateurs ayant reçu le plus de soutien financier
des compagnies de santé
Les districts ayant la proportion
la plus élevée d’Américains sans couverture
Où est le marché ?
Mais certains éléments auraient du faire réfléchir les républicains, a priori très attachés au marché. Comme par exemple les statistiques fournies par le think tank Center for American Progress (d’orientation assez liberal au sens américain) qui montrent l’absence de choix qui existe actuellement pour les citoyens qui souhaitent contracter une société d’assurance.
Ces statistiques montrent qu’une ou deux compagnies ont un quasi monopole dans de très nombreux états. Dans 17 Etats, une compagnie contrôle plus de 50 % du marché. Dans 22 autres, deux compagnies sont dans la même situation. Une étude de l’American Medical Association réalisée en 2008 montrait que le marché de l’assurance était extrêmement concentré dans 94 % des agglomérations du pays.
Face à cette situation plus de 46 millions d’Américains n’ont pas de couverture de santé et les cotisations ont augmenté de 130 % ces dix dernières années. Dans certains Etats, le pourcentage de personnes sans assurance est bien plus élevé. Par ailleurs, de nombreux assurés se sont vus refuser une couverture adéquate. Pendant ce temps, 10 des plus grandes compagnies d’assurance ont vu leurs profits passe de 2,4 milliards de dollars en 2000 à 13 milliards en 2007.
2 Commentaire