Jusqu’ici tout allait bien pour Donald Trump. Après le Super Tuesday, il se trouve en situation de gagner face à ses trois derniers opposants : Ted Cruz, Marco Rubio et John Kasich. Jeb Bush avait jeté l’éponge et Chris Christie, un opposant très sérieux, lui a apporté son soutien. Une initiative pour le moins surprenant tant les deux candidats ont des profils différents.
Mais le cours des choses va peut-être changé. Car le parti républicain ne veut pas entendre parler de Donald Trump. Que peut-il faire ? Peut-il reprendre la main. Jusqu’à la semaine dernière avant le Super Tuesday, l’idée était plutôt de jouer un des trois candidats (Ted Cruz, Marco Rubio et John Kasich) contre Trump, en l’occurrence Marco Rubio. Car Ted Cruz n’a pas trop le soutien du Parti. Mais après les médiocres résultats de l’ex-sénateur de Floride, cette stratégie de tient plus la route. La nouvelle idée est donc de maintenir les trois candidats jusqu’à la fin du marathon des primaires (en poussant chacun d’eux dans les Etats où ils sont bien placés) de telle sorte que personne n’arrive avec une claire majorité de délégués à la Convention républicaine qui se tiendra en juillet prochain à Cleveland (Ohio).
L’autre vecteur de cette stratégie est de « détruire » de la manière la plus efficace qui soit la figure de Donald Trump et de lui ôter ainsi toute légitimité. C’est précisément ce que vient de faire de manière très efficace Mitt Romney dans un discours donné à Salt Lake City. Une charge d’une violence incroyable rarement vue au sein d’un même parti : un républicain qui assassine en direct un autre républicain. Une charge à la fois institutionnelle – les quelques idées défendues par Donald Trump entraîneraient les Etats-Unis dans des zones dangereuses tant en interne qu’au niveau international et personnelle avec des qualificatifs rarement utilisés et répétés à ce point dans le même camp. Dans ce discours, Mitt Romney n’a pas pu s’empêcher de critiquer aussi Hillary Clinton de manière plus brève mais tout aussi violente ce qui affaiblit son offensive et n’apporte pas grand-chose. Car tout le monde avait bien compris que d’après les sondages, Rubio aurait plus de chances face à Clinton que Trump. Donc cet appendice n’était pas nécessaire.
Mitt Romney assure qu’il n’est pas candidat mais tout pourrait changer car combien ne serait-il pas amener à « se sacrifier si les circonstances le commandaient ». L’idée est assez claire maintenant. Le parti républicain va tout faire pour arrêter Trump et anéantir son image. Sauf que cette stratégie est dangereuse et peut être contre-productive car les outrances de Trump sont en résonnance avec l’air du temps et de nombreux Américains. Nombreux auront peut-être le sentiment que l’establishment essaie de reprendre le pouvoir : le peuple contre les élites. Trump ne va pas manquer de se saisir de cette idée et de clamer que c’est là une initiative qui va à l’encontre de la démocratie. Mais d’autres attaques vont suivre, des casseroles de Trump vont peut-être être révélées comme par miracle dans les jours ou les semaines qui viennent. Et tous les membres du parti républicains ne soutiendront pas cette stratégie qui pourrait s’avérer comme une sorte de suicide.
En tous cas c’est une situation assez inédite qui traduit bien la montée des populismes que Trump sait si bien incarner et qui se retourne contre les partis. Cette stratégie va-t-elle fonctionner ? Difficile à dire mais nous n’en sommes qu’au début des grandes manœuvres qui sont en cours. Et si à la Convention, aucune majorité claire de délégués ne se dégage, les tractations, manipulations et autres conspirations risquent d’être violentes.
Extraits du discours de Mitt Romney
Former GOP presidential nominee Mitt Romney is charging into the increasingly divisive White House race with a verbal lashing of Donald Trump and a plea for fellow Republicans to shun the front-runner for the good of country and party.
Romney will brand the billionaire businessman as “a phony, a fraud” whose “promises are as worthless as a degree from Trump University” in a speech Thursday morning at the University of Utah on Thursday morning. The Associated Press obtained excerpts of his remarks in advance.
Trump, in turn, dismissed Romney as “a stiff” who “didn’t know what he was doing” as the party’s candidate in 2012 and blew a chance to beat President Barack Obama. “People are energized by what I’m saying” in the campaign and turning out in remarkable numbers to vote, Trump told NBC’s “Today.”
In ratcheting up the rhetoric, Romney cast his lot with a growing chorus of anxious Republican leaders — people many Trump supporters view as establishment figures — in trying to slow the New York real estate mogul’s momentum.
“Here’s what I know: Donald Trump is a phony, a fraud,” the former Massachusetts governor said, according to the early excerpts.
(Source : Election Central)