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Google.gov : Google est-il une menace pour la démocratie ?

5-fevrier1L’expression Google.gov est de Daniel Ballon, un analyste du think tank Pacific Research Institute dans un papier intitulé « Google.gov ? The Perils of Technology and Governement Transparency ». Elle transcrit l’idée que l’entreprise basée à Mountain View, en pleine Silicon Valley, possède une influence telle auprès de la nouvelle équipe présidentielle et pourrait devenir une menace pour la protection des données privées et la démocratie.

En une dizaine d’années, Google est devenue une des marques préférées selon le classement Interbrand et se situe à la 10e position au niveau mondial en compagnie de marque comme Coca-Cola, IBM, Intel ou Disney. A signaler au passage que 8 des 10 premières marques mondiales sont des entreprises américaines. Au-delà de la place importante que Google est en train de prendre, l’auteur s’émeut aussi des liens que la nouvelle Administration américaine a tissé avec Google, à commercer par Eric Schmidt le patron de l’éditeur du moteur éponyme.

Big brother is listening to you

Dès la création de l’entreprise, ses créateurs – Larry Page et Sergey Brin – avaient des ambitions dont un des principaux slogans de l’entreprise montrent sans doute la démesure : « Our mission is to organize all the information in the world ». Google garde toujours l’image d’une start up dynamique, mais en fait devenu un géant économique.

5-fevrier22Au classement Fortune 2007, Google était la 150e entreprise américaine selon le critère du chiffre d’affaires.  Sur l’année dernière, elle devrait encore gagner 30 places. Elle a désormais les moyens de ses ambitions et propose presque chaque jour un nouveau service ou une nouvelle application. Témoin la dernière en date, Google Latitude, qui permet à un possesseur d’un portable équipé d’un système de géolocalisation de donner à ses proches – ses amis selon la nouvelle terminologie Facebook – sa situation géographique à tout moment. Big brother n’a même pas besoin de vous regarder, c’est l’internaute qui lui dit où il se situe.

Toutes ces applications ne connaîtront pas le succès, mais il en suffira d’une ou deux pour permettre à Google de poursuivre sa croissance à un rythme soutenu. De telle sorte que l’autre slogan de Google qui remonte à la création de l’entreprise « Don’t be evil » ne suffit pas à rassurer. Comme le déclarait Lawrence Lessig, le très médiatique professeur de droit à l’université de Stanford,  en décembre dernier au World Affaires Council of Northern California : « Quand le profit entre en conflit avec l’ouverture, je ne fais pas confiance à Google pour faire la chose juste ».

Le business model de Google est aussi simple que l’interface de son moteur : proposer de applications qui créeront du  trafic et pourront être monétisées en vendant de la publicité. La pervasivité du moteur de recherche qui fait désormais partie de notre vie quotidienne pourrait presque nous faire penser que Google est un service public alors que c’est bien une entreprise privée. Dont les ambitions ne semblent pas avoir de limites.

Le premier président du Web

On a dit et répété à l’envi que Barack Obama est le premier président à avoir été élu avec l’aide des technologies Internet que l’on appelle le Web 2.0 et notamment les réseaux sociaux. Barack Obama a réussi à garder son Blackberry et ce contre le souhait des spécialistes de la sécurité. Il est vrai qu’il ne s’agit pas du matériel de Monsieur tout le monde, mais un modèle aussi blindé et sécurisé que la voiture qui avait servi à l’investiture.

Le président technophile s’est rendu chez Google pendant la campagne le 14 novembre 2007 et a noué depuis avec l’entreprise des liens plutôt étroits. C’est d’ailleurs lors de cette visite qu’il a donné sa vision sur l’innovation et la technologie. Il aurait sans doute été approprié de faire une telle déclaration dans un laboratoire ou une université publique.

Ouverture et transparence

Entre autres idées, Barack Obama a mis l’accent sur l’ouverture du gouvernement aux citoyens, sur la transparence et sur sa volonté de faire entrer le gouvernement dans le 21e siècle. Il s’agit d’utiliser les technologies, notamment du Web 2.0, pour atteindre « un nouveau niveau de transparence, de responsabilité et de participation des citoyens ».

D’abord, Eric Schmidt, le CEO de Google, qui fait partie de l’équipe des conseillers économiques de Barack Obama et un des principaux lobbyistes de l’entreprise, Andrew McLaughlin, fait partie d’un groupe de travail pour la technologie, l’innovation et la réforme du gouvernement. Ce comité est codirigé par Sonal Shah, directeur du développement de Google. Enfin, Katie Jacobs Stanton a été nommé directeur de la participation citoyenne (Director of citizen participation) (New Director of Citizen Participation Brings Google-ology to 1600 Penn).

Dans son programme, Barack Obama a envisagé la création d’un poste de Chief Technology Officer (Directeur des technologies) de l’ensemble de l’administration américaine dont le rôle serait précisément de rendre cela possible, mais dont il reste à définir précisément les contours. Sur ce point, Eric Schmidt a des idées et avait même déclaré : « Il y a énorme gisement d’information dans notre administration auquel on ne peut pas vraiment accéder, mais nous [Google] pouvons résoudre ce problème ». Jusqu’ici, Google n’a pas vraiment réussi à vendre sa technologie de recherche de données dans les entreprises. On estime à moins de 1% le chiffre d’affaires réalisé dans ce cadre. Si Google arrivait à installer ses technologies au cœur des systèmes d’information de l’Administration américaine (dont les dépenses en Information Technologies sont estimées à 80 milliards de dollars par an), cela lui donnerait évidemment une vitrine sans pareille.

Pour ses interventions hebdomadaires télévisuelles (qu’il avait initiées avant d’être élu), Barack Obama a choisi YouTube (un service proposé par Google) pour héberger ses vidéos. La première intervention a généré plus d’un million de visiteurs (trafic=revenu publicitaire). Les autres sites sur lesquels cette intervention était hébergée (AOL, Yahoo et MSN) n’ont réussi à capter que quelques dizaines, voire quelques milliers pour Yahoo). Certains observateurs considèrent avec raison que ce type de service devrait être hébergé sur des serveurs et des applications appartenant à l’Administration américaine et non proposé par une entreprise privée. Une vidéo qui représente environ un volume de 7 Mo et qui est visualisée par 1 million de personnes représente environ 6 To de bande passante représentant un coût d’environ 1000 dollars (en utilisant un service de type S3 fourni par Amazon.com).

La deuxième question qui est posée est que YouTube, comme beaucoup d’autres sites, dépose des cookies sur le poste de travail des internautes pour suivre leurs habitudes de navigation. Est-ce qu’un internaute qui visionne les Interventions de Barack Obama sur le site de la Maison Blanche récupère ces petits mouchards sur son PC. Cela viole-t-il les directives de l’OMB (White House Office of Management and Budget). Il y a fort à parier que des institutions comme l’Electronic Frontier Fondation se penchent rapidement sur la question.

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