Lorsque James Comey, le directeur du FBI s’est fendu d’une note au Congrès (lire la lettre) pour indiquer qu’il avait trouvé de nouveaux emails pouvant comporter des informations intéressantes mais dont, précisait-il, il sera difficile de savoir avant les élections du 8 novembre si ces informations sont pertinentes ou non.
“Why would FBI reopen Hillary investigation unless there is evidence of more than ‘extreme carelessness’ in handling classified information?” écrit sur son compte twitter le sénateur républicain John Corwyn. Sans même juger sur le fond on pourrait lui retourner l’argument : s’il y a évidence d’informations classées, pourquoi alors ne pas les rendre public dès maintenant plutôt que de laisser planer un doute qui est pire que tout.
En juillet dernier, James Comey avait témoigné sous serment que le FBI avait clôturé les investigations sur l’affaire des emails d’Hillary Clinton en précisant qu’il n’y pas de charges criminelles. Dans une pièce jouée d’avance, il avait été loué par les démocrates et voué aux gémonies par les Républicains, tout particulièrement Donald Trump. Aujourd’hui, à la lumière de nouveaux éléments, il relance donc l’affaire. Mais à 11 jours seulement des élections sachant qu’il n’aura matériellement pas le temps de savoir et donc faire savoir si ces « nouvelles » informations apportent quelque chose de nouveau et de substantiel. Depuis ce rebondissement, Donald Trump a redoublé ses vociférations et Hillary Clinton a fait part de son étonnement sur une telle démarche. Chacun est dans son rôle même si Trump a un art développé de grossir artificiellement des affaires sans même savoir ce qu’il y a derrière. Après avoir utilisé l’argument des élections truquées, le candidat républicain laisse entendre que l’élection d’Hillary Clinton pourrait créer une instabilité constitutionnelle, en un mot elle serait une présidente illégitime et ses opposants ne manqueront pas de lui faire savoir. Un jeu très dangereux.
La décision de James Comey contrevient à une règle arrêtée il y a des décennies par le ministère de la Justice selon laquelle dans les 60 jours qui précèdent une élection, il convient de ne pas divulguer d’information au public concernant des candidats aux élections présidentielles. Tout simplement en raison de cette idée simple du « trop ou trop peu » à savoir que matériellement il est impossible de statuer juridiquement sur le contenu de ces informations. Cette règle a été respectée et tous les quatre ans des avocats généraux la réitère, y compris en 2016.
James Comey a envoyé un mail aux employés du FBI expliquant qu’il se s’était senti obligé d’engager cette action dans une phrase relativement ambigüe : « however, given that we don’t know the significance of this newly discovered collection of emails, I don’t want to create a misleading impression ». Lorsqu’Hilary Clinton sera élue, il devra sans doute penser à son évolution de carrière.
Il faut reconnaître qu’Hillary Clinton a bien mal géré cette affaire d’emails qui lui colle comme le sparadrap du capitaine Haddock.
Read Comey’s letter to FBI employees below.
To all:
This morning I sent a letter to Congress in connection with the Secretary Clinton email investigation. Yesterday, the investigative team briefed me on their recommendation with respect to seeking access to emails that have recently been found in an unrelated case. Because those emails appear to be pertinent to our investigation, I agreed that we should take appropriate steps to obtain and review them.
Of course, we don’t ordinarily tell Congress about ongoing investigations, but here I feel an obligation to do so given that I testified repeatedly in recent months that our investigation was completed. I also think it would be misleading to the American people were we not to supplement the record. At the same time, however, given that we don’t know the significance of this newly discovered collection of emails, I don’t want to create a misleading impression. In trying to strike that balance, in a brief letter and in the middle of an election season, there is significant risk of being misunderstood, but I wanted you to hear directly from me about it.