Le directeur du FBI a été bien imprudent lorsqu’il a envoyé sa lettre au Congrès le 28 octobre dernier indiqué qu’il réactivait l’investigation sur les emails d’Hillary Clinton retrouvé sur l’ex-mari Anthony Wiener de sa conseillère Huma Abedin. Un peu cousu de fil blanc. Evidemment, les Républicains ont relancé leurs diatribes sur le système pourri des élections et la corruption de la candidate démocrate. « Hillary est corrompue, elle le sait, les gens le savent » a répété en boucle Donald Trump à des foules qui ne demandent qu’à l’entendre à l’envi.
Et puis, nouveau coup de tonnerre, dimanche soir, deux jours avant le jour des élections, il indique qu’il y a aucune matière significative. Le débat est clos, peut-être mais le mal est fait. Non seulement James Comey a pris une initiative bien malheureuse mais qui ne respecte pas une décision du ministère de la Justice selon laquelle aucune initiative de ce type ne doit être prise dans les 60 jours qui précèdent l’élection.
Maintenant, quel a été l’effet de cette bombe ? Quand James Comey a fait cette annonce, Hillary Clinton avait 81 % de chances de gagner, indique Nate Silver, un des analystes les plus sérieux. Une probabilité basée sur un modèle qui reprend les différents sondages réalisés (How Much Did Comey Hurt Clinton’s Chances?). Au 6 novembre, cette probabilité était tombée à 65 %. Exprimé en pourcentage de votes, Hillary Clinton avait une avance entre 5 et 7 % au 28 octobre, elle est tombée à 2,9 %.
Evidemment la question est dans cette chute, combien peut-être attribuée à l’annonce de James Comey ? Il est difficile de répondre à cette question répond Nate Silver. Au-delà des phénomènes réels, le statisticien explique que les médias étaient dans un nouveau cycle expliquant que les chiffres et les commentaires de la période antérieure à l’annonce du FBI étaient peut-être un peu enflés.
Cela aura-t-il un impact sur le résultat final ? Too Litle too late, considère Charlie Cook, un politologue respecté (Mad as Hell and Nowhere to Turn). Mais une victoire moins nette d’Hillary Clinton n’est pas sans conséquence d’autant qu’elle peut influencer significativement les résultats du Sénat et de la Chambre des représentants. Pour l’instant, les chances des démocrates et des républicains (34 sièges sont en jeu, 24 pour les républicains et 10 pour les démocrates donc mécaniquement les républicains ont plus à perdre) sont à peu près égales. Au 6 novembre, Hillary Clinton a 48,7 % des voies populaires et 296 grands électeurs, Donald Trump en a 45,4 % et 242.