“Sur ce point, le père de Sycomorus n’avait pas tort. Il y eu une époque où les vedettes de l’Amérique étaient des astronautes et des scientifiques. Aujourd’hui, nos vedettes sont des gens qui ne font rien et passent leur temps à de photographier, eux-mêmes ou leur assiette. Tandis que le père argumentait devant son fils, la file des clients en quête d’un jus revitalisant s’impatientait. La mère finissait par tirer son mari par la manche.”
“Le cinéma, Goldman, le voilà l’avenir ! Désormais les gens veulent de l’image ! Les gens ne veulent plus réfléchir, ils veulent être guidés ! Ils sont asservis du matin au soir, et quand ils rentrent chez eux, ils sont perdus : leur maître et patron, cette main bienfaitrice qui les nourrit, n’est plus là pour les battre et les conduire. Heureusement, a télévision. L’homme l’allume, prosterne, remet destin. Que dois-je manger, Maître ? demande-t-il télévision. Des lasagnes lui ordonne la publicité. Et voilà qui pour mettre au micro-ondes petit plat Puis, le voilà qui revient à genoux et demande : Et, Maître, que dois-je boire ? Du Coca ultra-sucré hurle la télévision, agacée. Elle ordonne encore : Bouffe, bouffe ! Que tes deviennent grasses molles. Et l’homme obéit. L’homme se goinfre. Puis, après du repas, télé se change ses publicités : Tu es trop gros ! tu laid! Va faire de la gymnastique ! Sois beau ! il vous faut acheter électrodes qui vous sculptent, des crèmes qui gonfler vos muscles pendant vous dormez, des pilules magiques qui font place toute cette gymnastique que vous n’avez du tout envie faire parce que vous digérez votre pizza ! Ainsi va le cycle de vie, Goldman. L’homme est faible. Par instinct grégaire, aime dans les salles sombres qu’on appelle Et bam ! vous envoie pub, pop-corn, musique, les magazines gratuits, avec bandes- annonces qui précèdent film et vous disent : « Pauvre cloche, tu t’es trompé de film, voir celui-là, est beaucoup mieux ! » Oui, mais vous avez payé place, vous êtes coincé ! vous devrez revenir cet autre film une bande-annonce vous indiquera que vous n’êtes fois plus pauvre benêt, malheureux déprimé, vous irez engloutir des sodas des au chocolat vendus hors prix pendant l’entracte pour oublier votre condition misérable.”
Le Livre des Baltimore
Joël Dicker
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