« It’s the demography, stupid » pour paraphraser la formule de James Carville, Campaign Strategist de Bill Clinton en 1992. La bombe démographique explosera un jour ou l’autre car l’évolution de la population aux Etats-Unis est très rapide et la société américaine évolue vers ce que l’on appelle le majority minority future, une situation dans laquelle les minorités seront majoritaires. Or ces minorités votent plus ou moins largement pour les démocrates. D’autant que les républicains emmenés par leur nouveau leader ne font pas grand-chose pour les attirer.
En 2012, lorsque Barack Obama emporte l’élection présidentielle pour la deuxième fois consécutive, les républicains se sont engagés dans une remise en cause en profondeur. Reince Preibus, alors président du parti républicain, avait publié un rapport intitulé Growth & Opportunity Project, considéré comme une véritable autopsie de la nouvelle défaite des républicains face aux démocrates.
Au-delà de la mécanique des élections, le constat concernant la démographie est simple et sans appel :
« The Republican Party must focus its efforts to earn new supporters and voters in the following demographic communities: Hispanic, Asian and Pacific Islanders, African Americans, Indian Americans, Native Americans, women, and youth. This priority needs to be a continual effort that affects every facet of our Party’s activities, including our messaging, strategy, outreach, and budget.
Unless the RNC gets serious about tackling this problem, we will lose future elections; the data demonstrates this. In both 2008 and 2012, President Obama won a combined 80 percent of the votes of all minority voters, including not only African Americans but also Hispanics, Asians, and others. The minority groups that President Obama carried with 80 percent of the vote in 2012 are on track to become a majority of the nation’s population by 2050 ».
Pendant la campagne, les républicains donnaient l’impression qu’ils avaient un effort vers les minorités. Comme le rappelle Tim Aberta dans son tout récent livre « American Carnage », dans les candidats à la primaire républicaines., il y avait deux Américains d’origine cubaine, une femme ayant dirigé une entreprise du Fortume 500 (Hewlett-Packard aujourd’hui scindée en deux entreprises, HPE et HP Inc), un Noir, et Indian-american (Même si Bobby Jindal rejetait cette étiquette).
Et puis Donald Trump est arrivé en 2016 faisant croire qu’il était possible de surmonter ce défi démographique. Avec un discours qui résonnait bien dans la classe moyenne américaine qui est la perdante des 40 dernières années de mondialisation, le showman a réussi à gagner l’élection. Contre toute attente, contre tous les sondages et aussi sans le soutien pendant longtemps de tout le parti républicain dont le slogan était devenu « Tout sauf Trump ».
Cette victoire, il faut le répéter avec l’aide des Russes et du système totalement obsolète des grands électeurs qui donne beaucoup trop de pouvoir aux États ruraux, traditionnellement républicains, au détriment des états urbains des deux côtes, ouvert sur le monde, traditionnellement républicains. Et avec trois millions de voix de moins que son opposante.
Mais Trump ou pas Trump, la réalité démographique est bien là. Peut-être gagnera-t-il encore en 2020 mais à terme le parti républicain, devenu le parti de Trump sera face à un mur infranchissable. C’est donc un calcul à court terme qu’ils peuvent faire mais ils le paieront cher sur le plus long terme.
Une infographie publiée cette semaine par Axios montre l’évolution démographique dans de nombreux états, dont certains se sont révélés stratégiques dans la dernière élection. Le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie, la Floride. Les Hispaniques représentent le quart de la population de la Floride, près du tiers de l’Arizona et 39 % du Texas. Dans moins de dix ans, la majorité des moins de 30 ans fera partie des minorités.
Sans une victoire dans ces quatre états (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie, Floride), l’élection de Donald Trump sera difficile. Mais elle le sera encore beaucoup en 2024 lorsqu’un nouveau candidat républicain se présentera et n’aura pas, à l’évidence, la présence médiatique et le don du show de ce dernier.
« There’s no one reason we lost in 2012, expliquait Reince Priebus, chairman of the national committee en commentant son rapport. Our message was weak. Our ground game was insufficient. We weren’t inclusive. We were behind in both data and digital. And our primary and debate process needed improvement. »
Pour l’heure, le message du candidat Trump est fort « send them back » et pas du tout inclusif. Il fonctionnera peut-être avec Trump mais certainement pas après lui.