Tel était le thème de la conférence organisée par la French-American Foundation qui recevait Karen Tramantano, deputy chief of staff to president Bill Clinton, et Eric Cantor, leader de la majorité des républicains de 2010 à 2014. Deux points de vue qui, malgré leur positionnement symétrique, convergeait sur des positions communes.
Après cette victoire des démocrates des élections en « slow motion » – les décomptes ne sont pas encore terminés – de près de 40 sièges à la Chambre des représentants, il sera peut-être un peu hâtif de penser que Donald Trump sera, comme devait l’être Barack Obama comme se l’était juré Mitch McConnell, un « one term president » autrement qu’il ne serait pas réélu. En 2010, rappelle Eric Cantor, les démocrates ont perdu 65 sièges et pourtant Barack Obama a été réélu assez facilement.
Dans le décompte où il reste encore 3 sièges en jeu,
les démocrates ont déjà gagné 39 sièges. Et, avec
une participation record pour des élections de mi-mandat,
les démocrates ont une marge de 6 % représentant
plus de 6 millions de voix populaires.
Sur ce sujet, les dernières révélations apportées par Michael Cohen qui plaide coupable après ses mensonges devant le Congrès, et la publication du rapport du procureur Robert Mueller, peuvent néanmoins faire penser que Donald Trump va être dans une situation extrêmement délicate. « les deux ans à venir ne vont pas être faciles » pour la Maison-Blanche assure Karen Tramantano.
Clairement, dans cette seconde moitié de mandat Trump, les démocrates pourront être dans une position de blocage. Que vont-ils faire de la majorité dont ils disposent n’est pas encore sûr mais étant donné la capacité de Donald Trump à coopérer, on peut penser que les deux années à venir ne seront pas très productives sur le plan législatif.
Pour Karen Tramantano, l’élection de Donald Trump a donné matière à de très – trop – nombreux commentaires sur les évolutions de la société américaine, sans doute un peu trop, car au final, le candidat promoteur immobilier a été élu à la faveur d’un système électoral très particulier. Elle rappelle que les démocrates sont assez largement majoritaires, plus de 6 millions aux dernières élections et près de 3 millions aux élections de 2016. L’ancienne collaboratrice de Bill Clinton considère que l’idée de la polarisation qui est largement développée ces derniers temps est sans doute exagérée. Pour sa part Eric Cantor se dit très optimiste pour son pays avec une économie qui se porte bien. Si les deux camps se demandent où tout cela nous mène-t-il, aucun des deux camps ne souhaite le statu quo actuel. « C’est un moment historique intéressant ».
Donald Trump va-t-il mettre à exécution la menace de Shutdown du gouvernement si les démocrates ne lui accordent pas les 5 milliards de dollars pour commencer la construction du mur ? C’est assez peu probable considère Karen Tramantano, car cette mesure se retourne en général contre celui qui la met à exécution.
Sur le plan international, « la Chine est le principal danger et non la Russie » rappel Eric Cantor. C’est d’ailleurs un des messages du rapport National Security Srategy (National Security Strategy of the United States of America) publié à la fin 2017 par la Maison-Blanche. Sans doute mais cela n’empêche la Russie de Vladimir Poutine de poursuivre la stratégie offensive de l’URSS. Les récents incidents de la mer d’Azov qui ont vu la Russie arraisonner trois navires Ukrainiens ne nous le rappellent que trop. Et la position de faiblesse dans laquelle se trouve Donald Trump ne place pas les Etats-Unis dans une situation idéale pour négocier. Car il n’est sans doute pas improbable de penser que les Russes sont de très importants créditeurs de la Trump Organization.