Donald Trump est un peu comme le jouer de poker qui a tout perdu et qui joue sa dernière donne en pariant sa maison. Il joue son va-tout avec des déclarations à l’emporte-pièce et sans aucune retenue en accord avec sa réputation de renverser la table. Mais il est président des États-Unis depuis quatre ans. Ce qui pouvait être amusant, motivant, enthousiasmant de la part d’un candidat l’est beaucoup moins de la part de la personne en charge.
Les États-Unis ont dépassé les 220 000 morts mais Donald Trump n’arrête pas de clamer que grâce à son excellent travail, il a évité que le pays ne comptabilise pas 2 millions de morts. Mais ce raisonnement est sans fin.
Rappelons que la grippe espagnole en 1918/19 avait causé 675 000 morts sur une population trois fois supérieure. Rapporté à la population actuelle, cela représenterait 2 millions aujourd’hui. Cela avec une médecine et un infrastructure hospitalière beaucoup plus limitée (La très américaine grippe espagnole).
Si les récentes déclarations contre le Dr Anthony Fauci, ont permis à Donald Trump de soulager sa bile, il n’est pas que ce soit très productif pour attirer des voix pourtant si nécessaire. Le qualifier de « disaster » et indiquer que les gens sont « fatigués d’entendre parler du virus de la part de ces idiots » n’est certainement pas très habile car Anthony Fauci est très populaire et a toujours réussi à se garder de positions politiques. Ces propos vont sans mobiliser une partie de sa base ce qui est très insuffisant pour gagner l’élection.
Lors d’un tout récent meeting dans le Michigan, il a à nouveau attisé les mauvais instincts de ses affidés contre la gouverneure Gretchen Whitmer. Alors que la foule reprenait le refrain « lock her up » répété à l’envi il y a quatre ans contre Hillary Clinton, appliqué aujourd’hui à la gouverneure, il a repris par un « lock them up ». « Them » incluant sans doute tous ceux qui lui sont opposés, ce qui fait beaucoup de monde. Rappelons que Grenchen Whitmer a échappé à un enlèvement par un groupuscule d’une douzaine de « white supremacists ».
N’a-t-il pas qualifié Joe Biden de criminel ? Bref, Donald Trump a franchi de nouveaux paliers dans sa rhétorique un peu comme l’addict a besoin de doses de plus en plus fortes.
Clairement, cette stratégie ne fonctionne pas mais Donald Trump n’en a cure. Attaquer, dénigrer, diffamer, calomnier c’est bon pour le moral. C’est en tous cas ce que semble indiquer Lara Trump interviewée par Jake Tapper sur CNN. Est-il normal d’attaquer une gouverneure alors qu’elle est menacée ? Le président « was just having fun ». « On peut rire de tout » avait dit Pierre Desproges « mais pas avec tout le monde ». En l’occurrence pas avec Donald Trump dont le sens de l’humour n’est pas une qualité première.