Quelques mois après son entrée à la Maison Blanche, Barack Obama a prononcé un discours dans la Grande Mosquée du Caire qui a voulu marquer une nouvelle date et un nouveau départ dans les relations entre les musulmans et l’Occident, entre le Moyen-Orient et l’Amérique. Y est-il arrivé ? La question peut être posée. Certains y voit de belles intentions sans conséquences ou un lyrisme sans lendemain, d’autres une naïveté béante, voire dangereuse. Une chose est sûre, l’intention et la volonté était présentes et, de toute façon, un autre chemin est-il possible ?
Ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise ou différencie
Tant que notre relation sera définie par nos différences, nous renforcerons ceux qui sèment la haine et non la paix, et qui promeuvent le conflit plutôt qu’une coopération qui peut aider nos peuples à parvenir à la justice et à la prospérité. Ce cycle du soupçon et de la discorde doit cesser.
Je suis venu chercher un nouveau commencement entre les Etats-Unis et les musulmans du monde entier, qui se fonde sur un intérêt et un respect mutuels ; qui se fonde sur le fait que l’Amérique et l’islam ne sont pas exclusifs l’un de l’autre et ne sont pas voués à se faire concurrence. Au lieu de cela, ils se chevauchent et partagent des principes communs : justice et progrès ; tolérance et dignité de tous les êtres humains.
Je fais cela en ayant conscience que le changement ne peut pas s’effectuer en un jour. Un discours seul ne peut éradiquer des années de méfiance (…)
Cela ne veut pas dire qu’il faille ignorer les sources de tension. En fait, cela signifie le contraire : il faut regarder ces tensions en face.
Barack Obama adresse ensuite quelques questions à son auditoire :
La première question que nous devons affronter est celle de la violence extrémiste sous toutes ses formes.
La deuxième source de tension dont il nous faut parler est la situation entre les Israéliens, les Palestiniens et le monde arabe
La troisième source de tension relève de notre intérêt commun dans les droits et les devoirs des nations au sujet des armes nucléaires.
Quatrième question que j’aborderai : la démocratie.
Cinquième question dont je parlerai : la liberté religieuse.
Sixième question : les droits des femmes.
Enfin, je parlerai de développement économique et de perspectives.
Il est plus facile de commencer des guerres que d’y mettre fin. Il est plus facile de blâmer les autres plutôt que de regarder à l’intérieur de soi, de voir ce qu’il y a de différent chez quelqu’un plutôt que de trouver ce que nous avons en commun.
Commencer des guerres ? C’est précisément ce que semble s’attacher à faire Donald Trump par ses discours haineux, ses tweets venimeux, ses décrets hargneux (travel bans..). L’actuel président a franchi un nouveau pallier dans la course à l’échalotte au politiquement incorrect en retweetant des tweets provenant du fil de Jayda Fransen, la leader du groupe britannique d’extrême droite British First. A noter la mention de Twitter sur le fait que ces vidéos contiennent des contenus pouvant choquer. Comme il sait bien le faire, Donald Trump a donc joué le rôle de caisse de résonnance pour ce groupuscule (présent néanmoins au parlement britannique). Une fois de plus, il se propose de caresser sa base dans le sens du poil en attisant un peu plus les tensions. C’est aussi une méthode de diversion alors que l’enquête de Robert Mueller se fait de plus en plus pressante (le fait que Michael Flynn puisse coopérer avec l’équipe du procureur et que Jared Kuhsner vient d’être interviewé) et que la réforme fiscale – qui n’est en fait qu’une baisse d’impôts pour les plus riches et les entreprises – puisse être votée par le Sénat cette semaine.
Le porte-parole de Theresa May a répondu sans ambiguïté :
Britain First seeks to divide communities by their use of hateful narratives that peddle lies and stoke tensions. They cause anxiety to law-abiding people.
British people overwhelmingly reject the prejudiced rhetoric of the far right which is the antithesis of the values this country represents, decency, tolerance and respect. It is wrong for the president to have done this.
Une déclaration sans précédent provenant du Royaume-Uni qui est l’allié le plus proche des Etats-Unis. La réponse de Donald Trump ne s’est évidemment pas faite attendre sur son fil twitter avec la délicatesse et la finesse dont il sait faire preuve en toutes occasions :
Sur une scène d’opérette, ces attaques venimeuses seraient amusantes et distrayantes. Sur la scène du Monde, elles sont inquiétantes et angoissantes.