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Drill, baby, drill… peut-être!

Si vous allez sur la page d’accueil du site Web de la compagnie pétrolière ExxonMobil, vous ne pouvez qu’être surpris : Lithium, Carbon Capture and Storage, Hydrogen, Lower-emission fuels, Advanced recycling, Methane. Autant de sujets assez éloignés de l’un des slogans les plus répétés par le candidat Trump : Drill, Baby, Drill. Autant dire que le President-elect, pour qui le dérèglement climatique est un scam ou un hoax (ça dépend de son humeur), la baisse des gaz à effet de serre.

Dans une interview accordée à l’occasion de la COP29 qui se tient actuellement à Baku en Azerbaïdjan, le PDG d’ExxonMobil Darren Woods, qui est présent au sommet annuel sur le climat, conseille à Donald Trump de ne pas sortir (à nouveau) de l’accord de Paris (Exxon CEO Urges Trump to Stick With Paris Climate Pact). Mais peut-on conseiller Donald Trump ? Oui, bien sûr, s’il est d’accord avec le conseil.

On se souvient que Donald Trump avait choisi Rex Tillerson comme Premier Secrétaire d’État. Une collaboration qui s’est finie comme l’on sait. « J’ai eu du mal, venant de l’entreprise ExxonMobil, disciplinée et très axée sur le suivi des procédures, à travailler pour un homme qui est plutôt indiscipliné, qui n’aime pas lire, qui ne lit pas les rapports, qui n’aime pas aller dans le détail dans de nombreux domaines » avait déclaré l’ancien patron d’ExxonMobil. Donald Trump qui est beaucoup plus subtil, comme l’on sait, avait tout simplement qualifié Tillerson « d’un homme bête comme ses pieds (…) totalement mal préparé et pas assez intelligent pour être secrétaire d’État »

“We need a global system for managing global emissions,” explique Darren Woods au New York Times. “Trump and his administrations have talked about coming back into government and bringing common sense back into government. I think he could take the same approach in this space.”

“The way you influence things is to participate, not to exit”, continue Darren Woods, reprenant l’idée simple que les absents ont toujours. D’autant que pour le patron d’ExxonMobil considère le mouvement de lutte contre le dérèglement climatique comme inexorable. A Dubaï, l’année dernière, Darren Woods avait demandé aux gouvernements de proposer des incitations pour que les entreprises pour évoluer vers des énergies de manière profitable. Dit autrement, si ExxonMobil pouvait gagner autant d’argent en produisant de l’hydrogène, peu lui importe.

By 2030, carbon emissions are projected to fall for the first time as economic activity expands.
Hard-to-decarbonize commercial transportation and industrial activity will account for nearly half of the world’s emissions in 2050.
Reducing emissions to achieve a below 2°C pathway will require supportive policy, technology innovation, and market incentives to drive faster deployment of all available solutions.
(Source : Energy transition progress – ExxonMobil)

Est-ce que les compagnies pétrolières font devoir céder aux injonctions de Donald Trump ? Darren Woods est plus que circonspect : “I’m not sure that any one administration is going to significantly advance the pace of the transition or conversely significantly slow the pace,” affirme-t-il appelant la transition énergétique “a long-term investment.”

Un avis largement partagé par Jean-Marc Jancovici, Associé de Carbone 4 et président du Shift Project : « Mais pour ce qui en est une (une bonne nouvelle) est que Trump n’a que très marginalement le pouvoir de faire augmenter la production américaine juste parce qu’il l’annonce dans une campagne électorale. Inversement Biden, n’avait que très marginalement le pouvoir de la faire baisser plus vite que ça, accord de Paris ou pas, parce qu’il n’y a pas d’exemple connu (hélas) de pays possédant des ressources significatives de pétrole sous leur sol qui n’y touchent pas » (Donald Trump et l’accord de Paris)

De fait, la production de pétrole et de gaz a atteint des sommets records sous l’administration Biden (Drill baby drill!).

La différence entre Donald Trump et Darren Woods est que le premier veut que la production augmente parce que cela engendrera une baisse des prix à la pompe et ce sera bon pour lui. À l’inverse, cette baisse ne serait pas la bienvenue pour ExxonMobil, ses bénéfices et les dividendes de ses actionnaires. Si la compagnie basée à Irving dans le Texas pouvait gagner autant d’argent en produisant des batteries au Lithium, du combustible à base d’hydrogène ou même de l’électricité avec des éoliennes, peu lui importerait. Pour l’heure, le moyen le plus sûr et le plus rentable de gagner de l’argent est le pétrole et le gaz.

ExxonMobil s’est engagé dans des investissements massifs dans des domaines nouveaux tels que la capture et la séquestration du CO², des recherches autour de l’hydrogène (d’où les titres de son site Web).

En passant, Darren Woods ne doit pas être si content de l’administration Trump1, ses bénéfices ont été significativement moins élevés que pendant les quatre années qui ont suivi. Il a milité pour une politique qui s’inscrit dans la durée et non de stop and go. C’est un défenseur de l’Inflation Reduction Act, la grande loi votée pendant le mandat de Joe Biden qui fait le pari d’un virage vers les véhicules électriques.

ExxonMobil est née du procès antitrust de 1911 qui avait cassé la Standard Oil en 34 compagnies, les fameuses Baby Standards. Mais à la suite de fusions et acquisitions, la Standard Oil of NewJersey a été rebaptisée Exxon en 1972, puis ExxonMobil en 1999, à la suite de la fusion avec Mobil en 1999. Une transaction évaluée à 81 milliards de dollars. En 2023, ExxonMobil a réalisé un chiffre d’affaires de 413 milliards de dollars, devant Chevron (246) , Phillips 66 (177) et Marathon Petroleum (156).

ExxonMobil’s Net Income (2013-2022):
2022: $55.7 billion
2021: $23.0 billion
2020: -$22.4 billion (Net loss due to the pandemic and low oil prices)
2019: $14.3 billion
2018: $20.8 billion
2017: $19.7 billion
2016: $7.8 billion
2015: $16.2 billion
2014: $32.6 billion
2013: $32.6 billion

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