Donald Trump semble être passé à une nouvelle phase de son mandat et donne l’impression de s’être libéré de ses chaînes, c’est-à-dire des conseillers, avocats, « adultes » qui l’entourent pour faire ce qu’il a envie de faire.
La semaine qui vient de s’écouler a de quoi donner le tournis en raison de toutes les décisions prises par l’hôte du Bureau ovale.
D’abord, la recomposition de son équipe d’avocats censés le conseiller et le défendre face à l’enquête de Bob Mueller sur l’affaire russe. Il y a d’abord eu le départ de John Down, responsable de l’équipe des conseillers privés. Ce dernier s’était manifesté le week-end précédent en faisant des déclarations au magazine The Daily Beast selon lesquelles l’enquête menée par Bob Mueller devait cesser en indiquant qu’il parlait au nom du président pour ensuite de rétracter et indiqué qu’il parlait en son nom propre. John Down défendait – sans doute avec raison – que Donald Trump ne devait pas être interviewé par Bob Mueller étant donné le peu de constance dans les déclarations de son client.
L’intéressé a été remplacé par Joe diGenova, un ancien avocat, ex-procureur, devenu expert télévisuel sur la chaîne Fox News fervent partisan de la théorie du « deep state ». En janvier dernier, il avait notamment déclaré sur ladite chaîne à propos de l’enquête qu’il y « un complot audacieux pour disculper illégalement Hillary Clinton et, si elle ne gagnait pas les élections, pour faire accuser Donald Trump d’un crime monté de toutes pièces. (…) le FBI et le ministère de la Justice ont conspiré pour violer la loi et les droits de Donald Trump ».
Ce remaniement et les déclarations à répétition de Donald Trump le week-end dernier sur Bob Mueller, cité pour la première fois, pourrait laisser supposer qu’il serait prêt à demander son chef, Rod Rosenstein, le numéro 2 du ministère de la Justice, en charge de l’affaire suite au retrait de Jeff Sessions, de le démettre de ses fonctions. Conclusion qui a été défendue par plusieurs commentateurs sur différentes chaînes de télévision. A défaut, cette offensive contre Bob Mueller a aussi pour dénigrer l’enquête et d’en atténuer les résultats s’ils s’avéraient négatifs. Pour sa base, Donald Trump serait alors une victime et non un coupable.
Il y a eu ensuite la poursuite du renouvellement de son cabinet dans une sorte de mouvement perpétuel que semble apprécier le président. Après le départ de Rex Tillerson et son remplacement par Mike Pompeo, ce fut au tour de H.R. McMaster, conseiller à la sécurité nationale, remplacé par John Bolton, également commentateur sur Fox, ancien ambassadeur aux Nations Unies et connu par ses positions tranchées. Il est en particulier partisan des guerres préventives. Cette nomination couplée avec l’arrivée de Mike Pompeo pèsera lourd dans les affaires nord-coréenne et iranienne.
Le remaniement de l’aile ouest de la Maison-Blanche est-il arrivé à son terme ? Sans doute pas, car l’instabilité semble être la marque de fabrique de Donald Trump dans le management de ses équipes. John Kelly, le Chief of Staff, serait sur la sellette. En tous cas, ces deux nouveaux arrivants sont certainement plus en ligne avec le président que leurs prédécesseurs ce qui lui permettra de donner libre cours à son impétuosité. Dans toutes ses entrées et sorties, deux pièces semblent inamovibles, népotisme oblige, Ivanka Trump et Jard Kushner. Ce dernier n’ayant plus l’accréditation la plus élevée.
Côté décision, Donald Trump enfonce le clou dans la guerre commerciale qu’il semble vouloir mener. Après la décision de mettre des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium en hésitant pendant un temps pour savoir s’il fallait exempter certains pays (parmi les pays retenus : Brésil, Australie, Corée du Sud, Canada et Mexique), Donald Trump a pris une deuxième mesure beaucoup ciblée sur les importations chinoises pour un montant de 60 milliards de dollars. Mais on ne sait pas trop s’il s’agit d’un pavé dans la mare ou d’un galop d’essai pour engager une négociation ou d’une réelle décision politique. L’annonce des taxes avait montré que la mesure n’avait pas été définie précisément par l’Administration.
Il a ensuite menacé de mettre son veto la loi de finance de 1 300 milliards de dollars voté par le Congrès, évitant un nouveau shutdown, au motif qu’elle ne prévoyait rien sur les Dreamers et sur le mur, après que son administration a donné son accord, pour la signer quelques heures plus tard. Ses tweets font penser à un parent qui attrape son enfant en le menaçant et lui disant que c’est la dernière fois.
Histoire d’ajouter un peu de turbulences dans l’action de son gouvernement, Donald Trump vient à nouveau de bannir les transgenres qui nécessaires de traitements médicaux ou chirurgicaux lourds dans les rangs de l’armée. Une décision qui donne l’impression d’avoir été prise plus pour détourner l’attention qu’autre chose. Car cette décision n’est pas exécutable pour l’heure, des actions en justice sont en cours et le Pentagone suit pour l’instant les règles actuelles.
Et pendant ce temps, l’enquête poursuit son cours… et l’obsession qu’elle génère chez Donald Trump est chaque jour plus intense. Comme l’avait déclaré le représentant Trey Gowdy aux avocats de Donald Trump : « si votre client est innocent, dites-lui d’agir comme s’il l’était ».