Plus d’une semaine après les élections, Donald Trump fait comme s’il avait gagné. Au mercredi 11 novembre, les décomptes encore provisoires donnaient plus de 5 millions de voix d’avance pour Joe Biden soit près de 3,5 %.
Le mardi 10 novembre, il postait un tweet indiquant qu’il avait gagné. S’agit-il de maladie mentale (ce n’est exclu), de consommation de substances psychotropes (ce n’est pas impossible) ou alors d’une stratégie délibérée vers un but qui n’est pas encore clairement défini ? Veut-il apparaître comme un martyr auprès de sa fidèle base, dont une bonne partie considère encore que les élections ont été truquées. Selon une enquête réalisée par l’institut de sondage Morning Consult poll pour le magazine Politico, 70 % des républicains pensent que les élections 2020 n’ont pas été libres et équitables alors qu’ils n’étaient que 35 % avant les élections. Ce n’est là que la traduction de l’affirmation assénée depuis des mois par Donald Trump selon laquelle « si je ne gagne pas c’est que les élections sont truquées ».
Gorver Cleveland, 22e et 24e président des Etats-Unis
à côté de Donald Trump
Et pour l’heure, le gouvernement et les républicains le suivent dans cette démarche qui peut sembler un peu suicidaire, ridiculise les États-Unis et les fait apparaître comme une république bananière. Alors que le ministre de la Justice William Barr autorisait (promouvait) les procédures de vérification des élections dans les états-clés, Mike Pompeo déclarait avec son sens de l’humour très particulier et de la provocation qu’il y aurait une transition en douceur vers un second mandat Donald Trump.
De leur côté, les républicains se partagent en trois camps. Les suppôts inconditionnels de Donald Trump qui le soutiennent à 100 % dans sa démarche : Ted Cruz, Lindsey Graham, Jim Jordan, Matt Gaetz… Ils ne sont pas très nombreux, mais très vocaux.
Les « démocrates » qui reconnaissent que Joe Biden a gagné les élections et qu’il est temps de passer à autre chose : Chris Christie, l’ancien gouverneur du New Jersey, qui avait aidé Donald Trump à préparer son second débat et avait d’ailleurs attrapé la Codiv-19, Mitt Romney depuis toujours très critique, Lisa Murkowski, sénatrice du Maine et quelques autres sans compter tous ceux, nombreux, qui avaient soutenu la candidature de Joe Biden..
Et les élus républicains restant, qui constituent la majorité, qui ne savent pas encore de quel côté tourner leur veste et restent silencieux. Le courage en politique n’est sans doute pas la chose la mieux partagée. Ils attendent de voir comment la situation se décante et surtout observent l’évolution de la base de Trump. Surtout ne pas se la mettre à dos car on ne sait pas encore comment Donald Trump capitalisera sur cet actif. Va-t-il l’utiliser pour se venger de Joe Biden pendant quatre et agonir le 46e président et en faire un levier pour se présenter en 2024 ? Eventuellement préparer une telle opportunité pour son fils Eric ou sa fille Ivanka.
Donald Trump, Grover Cleveland : même combat !
Techniquement et légalement, rien n’empêche Donald Trump de se présenter en 2024. C’est même arrivé une fois dans l’histoire. Grover Cleveland a été le 22e et 24e président des États-Unis, du 4 mars 1885 au 4 mars 1889 et du 4 mars 1893 au 4 mars 1897.
Fils d’un pasteur presbytérien, avocat de formation, Grover Cleveland remplit différentes fonctions publiques : shérif, maire de la ville de Buffalo et gouverneur de l’Etat de New-York. Il fut le premier démocrate à être élu après la guerre de Sécession en 1884. Il gagna de justesse le vote populaire (48,9 % contre 48,2%), mais avec un avance plus confortable en voix de grands électeurs (219 contre 182). Après un premier mandat relativement calme, il fut donc naturellement candidat à sa propre succession contre un candidat plus coriace qu’en 1884, le républicain Benjamin Harrisson. Mais alors qu’il était majoritaire en voix populaires (48,6 % contre 47,9 %), il fut minoritaire au niveau des grands électeurs. Mais à peine avait-il quitté la présidence que son épouse Frances Cleveland affirma que son mari reviendrait un jour à la Maison-Blanche. De fait après une nomination relativement facile aux primaires démocrates, il remporta l’élection présidentielle contre celui qui l’avait battu quatre plus tôt : 46 % des suffrages contre 43 % et 277 votes de grands électeurs contre 145. Cette élection fut facilitée par la présence de James Weaver, un candidat populiste qui recueillit 8 % des voix et 22 grands électeurs.
Election de Grover Cleveland dans les éditions du New York Times