« La justice est un principe philosophique, juridique et moral fondamental : suivant ce principe, les actions humaines doivent être approuvées ou rejetées en fonction de leur mérite au regard du droit ou de tout autre norme de jugement des comportements. La justice est un idéal souvent jugé fondamental pour la vie sociale et la civilisation » (Source : Wikipedia).
Donald Trump a une conception toute particulière de la justice. Pour lui, elle n’est qu’un moyen lui permettant d’atteindre un objectif et d’arriver à ses fins. Il ne s’agit pas là d’un jugement de valeur mais bien de la pratique observée depuis près de 50 ans.
Mais il faut dire qu’il a été à bonne école, à mi-distance entre son père, Fred, qui lui a montré le chemin, et son avocat personnel, Roy Cohn, qui lui a enseigné toutes les ficelles du métier, surtout les moins recommandables. Faut-il rappeler que Roy Cohn a été aussi l’un des avocats de Joseph McCarthy, défendant l’un des plus sombres représentants de la classe politique à l’un des plus sombres heures de l’histoire américaine. Et qu’il a aussi travaillé avec la mafia new-yorkaise. C’est donc là une bonne école dont Donald Trump fut certainement l’un des plus brillants élèves.
Pour Donald Trump, attaquer en justice est un sport et un art. Il l’a pratiqué toute sa vie comme d’autres peignent, composent de la musique ou écrivent des romans. C’est ce que raconte James D. Zirin[i] – qui se définit comme un “middle-of-the-road Republican” – dans son livre Plaintiff in Chief: A Portrait of Donald Trump in 3,500 Lawsuits, publié en septembre 2019 qui examine 45 ans de la vie professionnelle et personnelle de Donald Trump au regard de la Justice et les quelque 3500 procès dans lesquels Donald Trump a été impliqué.
“Trump saw litigation as being only about winning. He sued at the drop of a hat. He sued for sport; he sued to achieve control; and he sued to make a point. He sued as a means of destroying or silencing those who crossed him. He became a plaintiff in chief” écrit James D. Zirin.
Pour être efficace dans ce sport, Il faut respecter un certain nombre de règles que Roy Cohn a enseigné à Donald Trump et qu’il a, lui-même, mis en pratique :
– Rule No. 1 is if you’re charged with anything, counterattack.
– Rule No. 2 is if you’re charged with anything, try to undermine your adversary.
– Rule No. 3 is work the press.
– Rule No. 4 is lie. It doesn’t matter how tall a tale it is, but repeat it again and again.
– Rule No. 5 is settle the case, claim victory and go home.
Le mensonge est une arme redoutable que Donald Trump manie avec une dextérité étonnante. On n’a pu l’observer pendant les quatre ans qu’il a été à la Maison et dont le point d’orgue ou le point culminant est le Bie Lie selon lequel les élections ont été marquées par la fraude généralisée, que Joe Biden n’est pas légitime et qu’il est le vrai président. Et petit à petit, les informations de tout ce qu’il a pu effectuer pour modifier le résultat des élections en sa faveur. Jusqu’à haranguer ses supporters, les Proud Boys, Oath Keepers et autres soutiens inconditionnels d’attaquer le Capitole le 6 janvier, le jour même où les votes des Grands électeurs devaient être certifiés.
D’ailleurs, même lorsque l’enjeu n’en vaut pas la peine, il continue à tricher et à mentir (les deux côtés d’une même pièce ?). C’est ce qu’explique le journaliste sportif Rick Reilly dans son livre Commander in Cheat: How Golf Explains Trump. En fait, à force de le pratiquer régulièrement, le mensonge et la triche sont devenus une seconde nature. A tel point qu’il n’a peut-être même plus conscience qu’il ment et qu’il triche. N’est-ce pas là une force extraordinaire. Aucun Jiminy Cricket pour le rappeler à l’ordre lorsque nécessaire.
Et la vie de Donald Trump n’a pas été un long fleuve tranquille qui aurait sans doute nécessité une armée de Jiminy Cricket. Et pour se sortir de situation parfois délicate, il n’hésite donc pas à attaquer en justice. « He sued journalists. He sued small businesspeople for using the Trump name. He sued women who he was involved with. He sued his wives even after a divorce, both Ivana and Marla Maples” poursuit James Zirin. Donald Trump a attaqué une petite société de Long Island au seul motif qu’elle s’appelait « Trump Travel », une appellation motivé par l’activité de cette compagnie qui vendait des croisières pour des joueurs de bridge (Trump signifie atout à ce jeu de cartes). Il a perdu mais a réussi à faire réduire la taille des lettres utilisées par l’entreprise sur son siège social. Il a également attaqué une société pharmaceutique sud-africaine au seul motif qu’elle s’appelait Trump. Alors qu’à ce moment-là, la Trump Organization n’avait aucune activité en dehors des Etats-Unis.
L’heure de vérité est-elle en train de sonner ? Cette semaine, le directeur financier de la Trump Organization, Allen Weisselberg, a été inculpé de quinze chefs d’accusation pouvant lui coûter quelques années en prisons. Ce dont à 73 ans il n’a sans doute pas trop envie.. Pour l’heure, les charges sont relativement modeste : des pratiques illégales ayant permis à l’homme de main de Donald Trump de soustraire 1,7 millions de dollars au fisc américain. On n’est donc loin des affaires Madoff et pour l’instant Donald Trump lui-même ou ses proches ne sont pas directement impliqués. Mais le bureau du procureur a indiqué que l’affaire est en cours et que de nouvelles échéances sont à venir. Il ne s’agit peut-être là qu’apéritif d’un copieux repas à venir et dont l’objectif est de faire pression sur Allen Weisselberg pour qu’il coopère avec la justice en plaidant coupable. Pour l’heure, il reste droit dans ses bottes et plaide non coupable.
[i] James Zirin a été assistant U.S. attorney pour le fameux the Southern District of New York, celui-là même qui épluche actuellement, sous la direction de Cyrus Vance, les comptes de la Trump Organization.