J’achète le Groenland, je passe par la case départ, j’empoche 20 M$ et je vends Porto Rico
Avant d’avoir été président, Donald Trump a été successivement promoteur immobilier, d’abord dans les logements pour classes moyennes, puis des logements pour riches, gestionnaire de marques (faire payer des promoteurs pour l’utilisation du nom Trump), animateur de téléréalité, gestionnaires de casinos, sans parler des multiples initiatives – compagnies aériennes, vodka, steak, universités… – dont la majorité n’a pas été un grand succès.
Au fil de ces différentes expériences professionnelles, Donald Trump a acquis certains réflexes dont il semble qu’il lui a été difficile de se départir lorsqu’il est devenu président. Parmi les idées les plus incongrues, vendre ou céder (à qui ?) Porto Rico à l’approche de l’ouragan Maria. C’est ce que rapporte Elaine Duke dans un interview donnée au New York Times (Leading Homeland Security Under a President Who Embraces ‘Hate-Filled’ Talk).
Elaine Duke est devenue Acting Secretary of Homeland Security en remplacement de John Kelly qui venait d’être nommé Directeur de cabinet de Donald Trump. Et ce n’est une gauchiste dévergondée, mais une républicaine faisant de 30 ans de services à son ministère. Alors que l’ouragan Maria avait déferlé sur l’île de Porto Rico occasionnant les dommages, elle raconte que lors d’une réunion dans la Roosevelt Room de la Maison-Blanche, Donald Trump avait émis la possibilité de se séparer de l’île « Can we outsource the electricity ? Can we sell the island ? You know, or divest of that asset » demandait Donald Trump à ses ministres et ses conseillers.
« That’s a really hard question », avait-elle prudemment répondu « But given the choices, I don’t know yet ». En fait de « hard », cette question était aussi stupide que celle consistant demander à Deborah Birx s’il ne serait pas possible d’utiliser du bleach pour traiter une personne atteinte de la Covid-19.
Cet épisode ne surprendra personne puisque quelques mois plus tard, Donald Trump avait émis l’idée d’acheter le Groenland. Un article publié par le Wall Street Journal en août 2019 affirmait que Donald Trump, avait demandé à plusieurs occasions à ses conseillers s’il serait possible d’acheter le Groenland, un territoire danois peuplé de 56 000 âmes.
« Le Groenland n’est évidemment pas à vendre », avait répondu le gouvernement groenlandais. L’ancien premier ministre libéral danois Lars Lokke Rasmussen a été plus imagé : c’est « un poisson d’avril avant l’heure ».
Le Groenland, territoire danois depuis le XVIIIe siècle, doté d’une vaste autonomie, grand comme quatre fois la France et peuplé de 56 000 habitants, est à ce jour la seule fenêtre de l’Union européenne – à laquelle il est associé par un partenariat – sur la zone arctique. Mais géologiquement parlant, la grande île fait partie du continent américain. Selon la doctrine américaine Monroe, qui remonte à 1823, le Groenland appartient d’ailleurs à la sphère sécuritaire des Etats-Unis (source Le Monde).
Finalement, cette vision du monde par un ex-promoteur qui perçoit le monde au travers du prisme de ce qu’il peut acheter et revendre est-elle de nature à surprendre ?