Donald Trump avait toujours refusé de faire président, même quand il l’a été. Dit simplement, aligner son comportement sur la fonction. Mais quand bien même aurait-il voulu se plier aux normes et usages, qu’il n’aurait sans doute pas réussi. Depuis qu’il s’est retiré à Mar-a-Lago après avoir perdu les élections de 2020 malgré une tentative de coup d’état qui a culminé avec l’attaque terroriste du 6 janvier, il semble totalement désœuvré et semble à court d’imagination pour attirer l’attention – un élément constitutif de sa personnalité – et être le centre d’intérêt des médias.
La semaine dernière, Donald Trump publiait un message sur sa plate-forme Truth Social indiquant qu’il ferait « une annonce majeure ». Il a utilisé cette formule marketing bien connue du teasing à de nombreuses reprises. L’annonce était la mise sur le marché de cartes à collectionner numériques avec des images de lui en tant que super-héros … Disponible pour 99 dollars l’unité.
L’ancien procureur fédéral et républicain Ron Filipkowski, qui surveille maintenant l’extrémisme de droite, a tweeté : « Tout ce que je peux dire, c’est que ceux d’entre nous qui ont perdu des amis, se sont battus avec des parents, des positions résignées, ont été traités de traîtres, ont quitté notre parti, tout cela parce que nous avons vu très clairement à quel point cet homme est un escroc, un bonimenteur et un fraudeur, ne se sont jamais sentis aussi justifiés ».
La Maison Blanche s’est fendu d’un tweet sarcastique qui n’est pas sans rappeler avril 2011 où Barack Obama à l’occasion du diner des journalistes s’en était pris à Donald Trump. Celui qui était devenu la vedette du show The Apprentice avait pris activement part au mouvement des birthers mettant en doute la légitimité du président et le sommant de produire son certificat de naissance. A la fois drôle et cruelle, avec une salle entièrement acquise au président d’alors. Certains ont même affirmé que c’est ce jour-là que Donald Trump avait pris la décision de se présenter aux élections par vengeance.
Quant au Lincoln Project, les républicains anti-Trump s’en sont donné à cœur joie.
Les républicains, eux, n’ont pas eu de réactions. Lors d’une déclaration immonde, ils peuvent toujours déclarer qu’il s’agit d’une plaisanterie, mais là ils ne peuvent qualifier cette initiative de bouffonnerie puisque c’est le cas.
Cet épisode où le ridicule le dispute à l’ignoble ne doit pas faire oublier la semaine délicate qui s’ouvre pour Donald Trump. « After more than five years of dramatic headlines about controversies, scandals and potential crimes surrounding former President Donald J. Trump, the coming week will be among the most consequential » écrit Maggie Haberman dans le New York Times. On ne peut pas qu’être circonspect sur cette affirmation tant Donald Trump a été capable de se jouer de la justice au fil des ans.
La commission du 6 janvier 2021 organisait sa dernière réunion publique avant d’être dissoute lorsque les républicains prendront la majorité au début janvier. Les membres du comité ont décidé des renvois criminels (criminal referrals) au ministère de la Justice en relation avec les émeutes et les efforts de Donald Trump pour garder le pouvoir, qui ont culminé le 6 janvier lorsque la foule pro-Trump a tenté de contrecarrer la certification de la victoire électorale de son successeur en 2020. La commission a Le comité a recommandé la poursuite de quatre chefs d’accusation contre Donald Trump : obstruction à une procédure officielle du Congrès, complot en vue de frauder les États-Unis, incitation ou aide à une insurrection et complot en vue de faire une fausse déclaration. Cette décision n’a aucun caractère contraignant et n’oblige en rien le ministère de la Justice. Le ministère de la Justice a déjà lancé une enquête active sur les efforts de Trump pour annuler les résultats des élections de 2020 et sa gestion de documents classés défense.
- Obstruction of an official proceeding (18 U.S.C. § 1512(c))
- Conspiracy to defraud the United States (18 U.S.C. § 371)
- Conspiracy to make a false statement (18 U.S.C. §§ 371, 1001)
- “Incite,” “assist” or “aid and comfort” an insurrection (18 U.S.C. § 2383)
En attendant de publier le rapport complet cette semaine, la Commission a divulgué un document introductif de 150 pages.
Mardi, la Commission des Ways and Means se réunira à huis clos pour discuter de ce qu’il faut faire des six années de déclarations de revenus de Donald Trump qu’elle a finalement obtenues après près de quatre ans d’efforts. La Commission pourrait décider les rendre publics, ce qui serait très probablement fait dans les derniers jours du contrôle du Congrès par les démocrates.
Mercredi, la Commission du 6 janvier devrait publier son rapport sur l’attaque du Capitole, ainsi que certaines transcriptions d’entretiens avec des témoins.
Cette semaine mettra en lumière à la fois le refus de Donald Trump de céder le pouvoir et la question sur laquelle il a essayé garder le plus secret autour de la taille réelle de sa richesse personnelle et ses sources de revenus.
Donald Trump fait également face à une poursuite civile intentée par la procureure générale de New York, Letitia James, qui a allégué une pratique généralisée de fraude pendant plus d’une décennie par l’ancien président, ses enfants et son entreprise. Michael Cohen, ancien avocat de Donald Trump, avait témoigné lors de cette enquête.