On connaît l’expression Coup d’Etat. On vient par exemple de commémorer le quarantième anniversaire de la prise de pouvoir sanglante du Chili par le général Pinochet. Mais ce qui vient d’arriver à Detroit est d’un genre nouveau et pourrait consacrer l’expression Coup de Ville.
Cet été, celle que l’on surnomme Motor City et qui fut un temps la cinquième ville des Etats-Unis et le siège de la puissance industrielle américaine et de l’innovation s’est déclarée en faillite devenant ainsi la plus grande ville à prendre une telle initiative. Ce 5 novembre prochain, le ville choisira un nouveau maire sauf que celui qui sera élu ne pourra pas exercer le pouvoir qui lui incombe normalement.
En effet, le gouverneur conservateur du Michigan Rick Snyder a mis en place ce qu’il a appelé un « Emergency Manager ». Sa mission : restaurer les finances de la Ville avec à sa disposition la possibilité de faire des coupes sombres dans les services, de réduire les pensions des fonctionnaires municipaux et vendre les actifs. Sur ce dernier point, le musée Detroit Institute of Arts envisagerait de ventre le Portrait of Postman Roulin ainsi que d’autres pièces majeures de sa collection de Van Gogh, Matisse ou Renoir et collecté ainsi plusieurs dizaines de millions de dollars (Detroit au bord du gouffre).
C’est un cas de force majeure instillent les défenseurs de cette initiative dans les esprits nécessaire pour sauver la ville d’une la mauvaise gestion. Message relayé par le Think Tank Makinac Center for Public Policy financé par l’homme d’affaires ultra conservateur et ardent défenseur des idées les plus extrêmes du Tea Party Ed Koch.
Certes les responsables de la Ville de Detroit ne sont pas exemptes de reproche. L’ancien maire Kwame Kilpatrick il a été incarcéré fin 2008 en attente de son jugement, étant accusé d’obstruction à la justice et d’attaque sur officier de police suite à la révélation d’une relation extra-conjugale.
Mais dans cette affaire, Detroit est sans doute aussi victime que coupable. Entre 2010 et 2010, la zone métropolitaine a perdu 52 % de ses emplois industriels. En 1950, le secteur industriel représentait un emploi sur dix, aujourd’hui, c’est un sur cinquante. Certes, le gouvernement a mis en place un grand plan de sauvetage de l’industrie automobile en 2009 qui a permis de remettre les constructeurs sur pied. Mais il n’a certainement pas recréé les emplois perdus, loin s’en faut. Depuis 10 ans, la ville a perdu 200 000 emplois industriels. De la douzaine d’usines que possédait Detroit, il n’en reste plus qu’une. D’ailleurs, Detroit n’est pas la seule ville à avoir été touchée par cette crise industrielle : six ont été mises sous tutelle.
Detroit doit-elle continuer à réduire ses dépenses ce qui se traduit par des réductions du nombre de fonctionnaires, des salaires, des pensions, des services… Peut-être, mais cette recette a déjà été largement appliquée. Dans son livre The Origins of the Urban Crisis Race and Inequality in Postwar Detroit (Princeton Studies in American Politics), Thomas Sugrue indique qu’entre 1990 et 2013, la mairie a perdu la moitié de ses effectifs. Cela n’a apparemment pas suffit. Il est vrai que pendant le même temps, la Ville a perdu la moitié de ses habitants.