Hillary Clinton a perdu l’élection de 2016 mais va-t-elle aussi faire perdre celle de son (ou sa) successeur ? La question mérite d’être posée. Le livre de Donna Brazil qui doit être publié mardi prochain et dont le magazine Politico (Inside Hillary Clinton’s Secret Takeover of the DNC) a publié quelques bonnes (en fait accablantes pour la candidate) feuilles donne des réponses très encombrantes. Donna Brazil a été présidente par intérim du parti démocrate de Juillet 2016 à février 2017, en remplaçant Debbie Wasserman Schultz. Cette dernière avait été co-directrice de campagne d’Hillary Clinton dans la primaire de 2008 où elle avait perdue face à Barack Obama.
Dans sa fonction, la directrice du parti, qu’il soit démocrate ou républicain, doit rester neutre pendant les primaires qui doivent restées ouvertes. Quand le président en place se représente et qu’il n’a pas de concurrent, la question ne se pose pas.
Debbie Wasserman Schultz avait démissionné car elle avait favorisé Hillary Clinton pendant la Primaire. L’affaire avait transpirée dans la presse mais n’avait pas empêché Hillary Clinton d’aller jusqu’au bout. Une fois la primaire gagnée, les démocrates n’avaient trop le choix et devaient soutenir leur candidat. Bernie Sanders a joué le jeu mais lors de la Convention démocrate à Philadelphie on n’avait pas senti un grand enthousiasme. Et chez les soutiens, l’enthousiasme était nettement moins fort ce qui s’est manifesté dans un report pas aussi massif qu’espéré coutant sans doute la victoire à Hillary Clinton.
Dans son livre, Donna Brazil explique le mécanisme qui a été mis en place par l’équipe Clinton. Au moment des primaires, le parti démocrate a de gros problèmes financiers en raison du manque de dynamise de Debbie Wasserman Schultz à collecter des fonds et aussi « en raison de la négligence de Barack Obama ». De son côté, Hillary Clinton avait réussi, elle, à lever des fonds importants. Elle a alors proposé d’aider financièrement le parti mais en échange d’en prendre le contrôle, en total opposition avec les règles éthiques des Primaires.
Donna Brazil explique qu’en prenant la direction du parti, elle s’engage à dire la vérité sur ces agissements à Bernie Sanders si elle arrive à trouver des preuves. Et ces preuves, elle les trouvera en mettant la main sur un document « Joint Fund Raising Agreement » signé entre l’équipe de campagne d’Hillary Clinton et le Parti démocrate qui définit les termes de cet accord. Un accord signé peu après qu’Hillary Clinton avait déclaré sa candidature et bien avant qu’elle gagne la primaire.
Pour Donna Brazil, « The funding arrangement with HFA and the victory fund agreement was not illegal, but it sure looked unethical ». C’est le moins qu’on puisse dire. Elle raconte ensuite comment elle essaye de convaincre Bernie Sanders de soutenir sa concurrente :
« I urged Bernie to work as hard as he could to bring his supporters into the fold with Hillary, and to campaign with all the heart and hope he could muster. He might find some of her positions too centrist, and her coziness with the financial elites distasteful, but he knew and I knew that the alternative was a person who would put the very future of the country in peril. I knew he heard me. I knew he agreed with me, but I never in my life had felt so tiny and powerless as I did making that call ».
On comprend assez facilement pourquoi Bernie Sanders a eu avoir quelques difficultés à s’y appliquer. Questionnée sur le sujet, Elizabeth Warren a indiqué qu’elle était convaincue que la primaire avait été truquée. La lecture de ces quelques feuilles est franchement déprimante, voire démoralisante. Les preuves apportées auront des effets sur le parti démocrate encore difficiles à mesurer.
Bien entendu, les républicains se sont frotter les mains, Donald Trump a largement activé sa machine à tweets.