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Des Pentagon Papers au fil Twitter de Donald Trump

Le film de Steven Spielberg est un cas d’école de la séparation des pouvoirs. Un journal, le Washington Post (Democracy Dies in Darkness), qui obtient des documents secret défense et décide de les publier, un président Richard Nixon qui hait la presse et tente d’empêcher la publication d’informations, et une Cour Suprême qui arbitre la situation et prend la cause de la presse par un vote sans équivoque de 6 contre 3.

Entreprise familiale, le Washington Post est dirigé alors par Katharine Meyer Graham qui avait hérité de cette difficile fonction suite en 1963au décès de son époux Phil Graham alors que rien ne l’avait vraiment préparé à de telles responsabilités. Elle est d’ailleurs présentée dans le film plutôt comme une femme de consensus plus apte à une position de relations publiques que comme la responsable d’un grand quotidien. Mais lorsque l’épreuve se présenta, publier ou non le contenu explosif du rapport des Pentagon Papers – une étude qui montrait qu’il n’était pas possible de gagner de la guerre du Vietnam -, elle prend la difficile d’exercer le droit que lui confère le premier amendement. Le film se termine sur le début d’une autre grande affaire qui a fait la réputation du journal, le Watergate, et de ses deux journalistes vedettes, Bob Woodward et Carl Bernstein, qui se transformera en un des plus grands scandales de l’histoire des Etats-Unis.

En regardant le film, on ne peut pas ne pas penser à l’époque actuelle, à l’heure des nouvelles technologies, Internet et réseaux sociaux, mais aussi de Donald Trump.

En 1970, si l’information est un bien immatériel comme aujourd’hui, on constate la viscosité créée par les moyens nécessaires à la création et à la diffusion de cette information : le papier, les machines à composer au plomb, les rotatives, les camions pour transporter les journaux… Tout cela freine et canalise la diffusion de l’information qui vit alors au rythme du quotidien. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux n’importe qui peut publier n’importe quelle information, à peu de frais.

L’autre parallèle que le film évoque aussi est le jeu de pouvoir entre les différentes institutions. Les journaux existent toujours mais ont perdu de leur influence, la Cour Suprême reste un des piliers de la séparation des pouvoirs et le président d’aujourd’hui n’a rien à envier à Richard Nixon en matière de turpitude et d’indignité. Mais pour freiner les ardeurs de la presse à exercer son droit fondamental, il n’y plus vraiment besoin de la Cour Suprême. Le président n’a qu’à utiliser son fil Twitter, ce qu’il fait sans retenu, pour rabaisser et discréditer la presse mais aussi les agences de renseignements ou son propre ministère de la Justice.

« I am not a crook » avait déclaré Richard Nixon dans son dernier discours de président où il annonce sa résignation. « Fake News » pour compléter son successeur à 40 ans d’intervalle en reprenant la même formule.

 

 

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