« You are entitled to your opinion. But you are not entitled to your own facts », la citation de Daniel Patrick Moynihan qui fut sénateur, ambassadeur et conseiller de quatre présidents est bien connue mais elle ne semble plus faire recette (An American Original).
Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les faits devinrent secondaires. « What you’re seeing and what you’re reading is not what’s happening » avait déclaré l’ex-président lors d’un discours devant les membres de l’association des anciens combattants en juillet 2018 contredisant ce qu’il n’a pas arrêté de répéter des années durant (voir ci-dessous)
Sa conseillère Kellyane Conway, toujours prompte à justifier, promouvoir ou véhiculer les dires de son ancien patron avait théoriser l’idée des faits alternatifs à propos d’un mensonge éhonté sur un fait minuscule : la foule présente lors de l’investiture de Donald Trump était plus importante que celle de Barack Obama.
Le premier porte-parole de la Maison Blanche s’est fait une spécialité de présenter ces « faits alternatifs » au public américain.
Avec l’audition de David Grusch, un ancien fonctionnaire du ministère de la Défense, devant la House Oversight Committee sur les unidentified flying objects (UFO) désignés aujourd’hui sous l’appellation unidentified anomalous phenomena (UAP), on peut désormais parler en toute quiétude de la « catégorie des faits non vérifiables ». Ci-dessous un petit florilège de ces faits non vérifiables proposés par le Washington Post (Aliens are among us – and they want to impeach Biden) :
- Qu’il y a « un certain nombre » de véhicules spatiaux « non humains » en possession du gouvernement américain.
- Q’un « véhicule partiellement intact » a été récupéré du dictateur italien Benito Mussolini en 1933 par les États-Unis, agissant sur un conseil du pape Pie XII.
- Que les extraterrestres se sont engagés dans des « activités malveillantes » et des « événements malveillants » sur Terre qui ont blessé ou tué des humains.
- Que le gouvernement américain est également en possession de « pilotes morts » des vaisseaux spatiaux.
- Qu’un entrepreneur privé de la défense stocke l’un des vaisseaux extraterrestres, qui ont été aussi grands qu’un terrain de football.
- Que les véhicules pourraient provenir « d’un espace physique de dimension supérieure qui pourrait être co-localisé ici ».
- Que l’atterrissage extraterrestre de Roswell, au Nouveau-Mexique, était réel, et que sa démystification par l’armée de l’air était un « travail de piratage total ».
- Et que les États-Unis se sont engagés dans une « campagne de désinformation sophistiquée » de près d’un siècle (comprenant apparemment des meurtres pour réduire les gens au silence) pour cacher la vérité.
Qui peut croire de telles balivernes ? Peu importe. Mais alors quelle peut être la motivation et les objectifs des républicains en organisant ces auditions et transmettre de telles conjectures ? Peut-être promouvoir que le « gouvernement vous ment » et que le « Deep State est omniprésent ».
Certains échanges entre les membres de la Commission et du témoin peuvent laisser perplexe.
« Y a-t-il eu des activités de la technologie extraterrestre ou non humaine et / ou des êtres qui ont causé des dommages aux humains ? » demande le représentant Eric Burlison (R-Mo.).
David Grusch déclare que ce dont il avait « personnellement été témoin » était « très troublant ».
« Vous avez dit que les États-Unis avaient un vaisseau spatial intact », a poursuivi Burlison. « Vous avez dit que le gouvernement a des corps ou des espèces exotiques. Avez-vous vu le vaisseau spatial ? »
David Grusch a déclaré que le cadre non classifié l’empêchait de divulguer « ce que j’ai vu de première main ».
« Avons-nous les corps des pilotes ? » questionne la représentante Nancy Mace (R-S.C.)
« Les produits biologiques sont venus avec certaines de ces récupérations, oui », lui répond David Grusch, et les restes étaient « non humains ».
Le témoin pense que « notre gouvernement a pris contact avec des extraterrestres intelligents ».
Bref nous sommes désormais entrés de plein pied dans la théorie du complot, des faits alternatifs, des faits non vérifiables, du Deep State, des Fake News… De quoi dire tout et son contraire et changer d’avis en fonction des circonstances et des objectifs. Il vaut mieux attacher sa ceinture, ça va secouer.